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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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pourrions-nous fuir ? n’importe où ! – dans les marais, au milieu des serpents, partout ! Ne pourrions-nous nous sauver quelque part , hors d’ici ?
    – Nulle part que dans nos tombes, dit Cassy.
    – N’avez-vous jamais tenté ?
    – J’ai vu assez de tentatives, et ce qui en résulte, répliqua-t-elle.
    – Je préférerais vivre dans les marais, ronger l’écorce des arbres. Les serpents ne me font pas peur ! J’aimerais mieux en voir un auprès de moi que cet homme, dit Emmeline avec énergie.
    – Bien d’autres ici ont pensé de même ; mais vous ne pourriez rester dans le marais ; – vous y seriez traquée par les chiens et ramenée, et alors, – alors…
    – Que ferait-il ? demanda la jeune fille regardant Cassy en face, et perdant haleine d’anxiété.
    – Demandez plutôt ce qu’il ne ferait pas ! Il a bien appris son métier parmi les pirates des Indes occidentales. Vous ne dormiriez plus si je vous contais les choses que j’ai vues ; – les choses qu’il cite, parfois, comme de bons tours. J’ai entendu ici des cris tels que je ne pouvais les chasser de ma tête pendant des semaines et des mois. Là-bas, près des cases, il y a un endroit où vous pourriez voir un arbre calciné par le feu, au pied duquel sont amoncelées des cendres noires. Demandez-leur ce qui s’est passé là : vous verrez s’ils osent vous répondre !
    – Oh ! que voulez-vous dire ?
    – Rien ; je ne vous le dirai pas. J’en hais même la pensée ; mais je vous affirme que le Seigneur seul sait ce que nous pouvons voir demain, si ce pauvre garçon persiste comme il a commencé.
    – Horreur ! » s’écria Emmeline, tout son sang abandonnant ses joues. « Ô Cassy, dites-moi, que ferai-je ?
    – Ce que j’ai fait. Faites pour le mieux ; faites ce qu’on vous force à faire, et comblez la mesure en haine et en malédictions.
    – Il a voulu me faire boire de son exécrable eau-de-vie, dit Emmeline ; je la déteste !
    – Vous ferez mieux d’en boire, dit Cassy ; je la détestais aussi, moi ; maintenant, je ne saurais m’en passer. On a besoin de s’étourdir, et les choses apparaissent sous un jour moins affreux quand on a bu cela.
    – Ma mère m’a défendu d’y jamais toucher.
    –  Votre mère vous a défendu, dit Cassy, appuyant avec une emphase triste sur le mot mère. À quoi servent les défenses des mères ? Ne devez-vous pas toutes être vendues, payées ? et vos âmes n’appartiennent-elles pas à quiconque vous achète ? Ainsi va le monde. Je vous le répète : Buvez de l’eau-de-vie ; buvez tant que vous pourrez, cela rendra les choses plus faciles.
    – Ô Cassy ! prenez pitié de moi !
    – Pitié de vous ! n’ai-je pas pitié de vous ? n’avais-je pas une fille ? – Le Seigneur sait où elle est, et ce qu’elle est aujourd’hui ! Elle suit, je suppose, le chemin que sa mère a suivi avant elle, et que ses enfants suivront à leur tour ! Il n’y a pas de fin à cette malédiction éternelle !
    – Je souhaiterais n’être jamais née, dit Emmeline en se tordant les mains.
    – C’est un vieux souhait, dit Cassy ; je me suis lassée à le faire. Je me serais tuée, si je l’avais osé. »
    Elle s’arrêta ; son regard, perdu dans l’obscurité de la nuit, prit l’expression de désespoir fixe et morne qui lui était habituelle au repos.
    – Ce serait mal de se tuer, dit Emmeline.
    – Je n’en sais rien ; ce ne serait pas plus mal, en tous cas, que de faire ce que nous faisons tous les jours ; mais les religieuses m’ont dit, pendant que j’étais au couvent, des choses qui me font craindre de mourir. Si tout finissait là, oh ! alors… »
    Emmeline se détourna, et voila son visage de ses deux mains.
    Tandis que cette conversation se passait en haut dans la chambre, au-dessous, Legris, dominé par l’ivresse, succombait au sommeil. Cet état ne lui était pas habituel. Sa grossière et musculeuse nature avait besoin d’excès, et supportait à merveille ce qui eût épuisé une constitution plus faible. Mais un instinct invétéré de prudence soupçonneuse l’empêchait de se livrer à ses appétits brutaux au point de perdre conscience de lui-même.
    Cette nuit, cependant, ses efforts fébriles pour chasser de son esprit l’épouvante et le remords qui l’obsédaient, lui avaient fait dépasser les bornes ; et, dès qu’il eut congédié ses noirs serviteurs, il tomba pesamment sur un siège et

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