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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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autre.
    – Je n’ai bu que quatre pintes de bière ! brailla
un coquin.
    Sir John les ignora et attrapa le caracolant Godbless.
    – Tu as déjà travaillé avec des animaux, n’est-ce
pas, Godbless ?
    L’homme s’immobilisa et acquiesça.
    – Bon ! Tu as été relâché pour aider la
Couronne.
    Le coroner lui passa la corde.
    – Voici Judas, le bien nommé. Je le conduis à St
Erconwald. Tu vas me suivre à au moins dix pieds.
    Il tendit une pièce dont Godbless s’empara en un clin d’œil.
Le magistrat se pencha et, saisissant le vagabond par son justaucorps, le
souleva jusqu’à ce qu’ils se trouvent nez à nez.
    – Ce n’est même pas la peine d’y penser, Godbless !
    – À quoi, Sir John ? demanda ce dernier, les
yeux brillants.
    – À te sauver ! précisa le coroner. À
prendre mon bouc et à t’enfuir.
    Il secoua Godbless.
    – Compris ?
    – À la lettre, Sir John. Je serai votre ombre.
    Il reposa le bonhomme sur le sol et, mendiant et petit bouc trottinant sur
ses talons, Sir John Cranston, coroner de la ville, se dirigea à grands pas
vers le Pont de Londres.

CHAPITRE III
             Frère
Athelstan se rencogna dans la chaise du chœur et jeta un coup d’œil circulaire
sur les membres du conseil paroissial. Il prit une profonde inspiration et
lança un regard de mise en garde à Watkin, le ramasseur de crottin, le chef du
conseil, l’un des premiers à jouer un rôle dans tout ce qui se produisait à St
Erconwald.
    – Pourrais-tu répéter, Watkin ?
    Le ramasseur de crottin se leva de son banc et avança
au milieu du cercle de sièges installés sous le porche de l’église paroissiale.
    – Le cimetière est l’arpent du Bon Dieu, n’est-ce
pas, mon père ?
    Le dominicain l’admit.
    – Et, selon la loi canon…
    Watkin sourit à la ronde, fier d’étaler son savoir.
    Athelstan ferma les yeux. Il regretta, pour la
millième fois, d’avoir un jour parlé à ses ouailles de la loi canon et de leurs
droits.
    – Selon la loi canon, continua Watkin, triomphant,
et les dires de saint Judas…
    – De Pierre, l’interrompit le prêtre. Judas était
le félon. C’est Pierre qui était le chef des apôtres.
    – Ça revient au même, intervint Hig le porcher
qui s’enorgueillissait de connaître les Évangiles.
    – Je te demande pardon ! As-tu lu le même
texte que moi ?
    – Judas a trahi Jésus, insista le porcher. Et
Pierre aussi.
    – C’est vrai, mais Pierre a imploré le pardon et
pas Judas.
    Hig gratta son crâne aux cheveux roux et gras. Avec
son nez épaté et sa lèvre inférieure saillante, il ressemblait aux pourceaux
dont il s’occupait. Athelstan se pinça la cuisse : il ne devait pas oublier
la charité mais il commençait à se sentir las. Il observa les autres
participants. Pernel la Flamande examinait avec grande attention les mèches de
ses cheveux teints en orange. Cecily la ribaude ne cessait de se pencher pour
rattacher la lanière de sa sandale. À chaque fois, son corselet bien garni se
tendait, ce qui attirait immédiatement tous les regards masculins. Pourtant, Ranulf
le tueur de rats, s’impatientait et semblait plus intéressé par les deux furets
apprivoisés      – Audax et Ferrox, fléaux de la gent
trotte-menu au sud du fleuve – qui se blottissaient contre sa poitrine. Crim, l’enfant
de chœur, tirait la langue à l’épouse de Pike le fossier, une véritable mégère.
Athelstan se demandait combien de temps elle garderait son calme. Huddle l’imagier,
perdu dans ses songes, fixait d’un air rêveur le mur nu sur lequel il brûlait
de peindre un Jugement dernier. Les autres, y compris Mugwort le carillonneur
et Amisias le fouleur, contemplaient, les yeux ronds, Watkin qui attendait l’autorisation
de reprendre.
    – Continue, Watkin, dit Athelstan d’un ton las.
    – C’est fort simple. L’arpent du Bon Dieu
appartient à la paroisse. D’après la loi canon et les dires de Judas…
    Athelstan se contenta d’échanger un regard avec
Benedicta qui, riant sous cape, leva les yeux au ciel.
    – Nous voulons seulement, mon père, nous assurer
que le mur du fond est solide. Nous ne gênerons personne. Le soleil se couche
tard. Pike et moi-même pouvons creuser le fossé et le combler le lendemain.
    – Pourquoi le laisser ouvert toute la nuit ?
    – Oh, c’est pour être sûrs que… hum…
    Watkin tourna les yeux vers Pike, en quête de secours.
    – Nous ne voulons point en faire trop.

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