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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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Nous
pourrons aussi vérifier s’il y a des infiltrations du ruisseau, de l’autre côté.
Il vaut mieux inspecter ce genre de fondations en plein jour.
    Athelstan, bien que surpris, n’y voyait pas de
véritable obstacle. Il claqua des mains.
    – Parfait. Je suis d’accord.
    Il s’interrompit quand Bladdersniff le dizainier entra
en trombe, le visage rouge et gercé boursouflé par la boisson, les yeux
chassieux.
    – Cette fichue truie rôde en liberté dans votre
jardin !
    Ursula, la porchère, poussa un cri perçant et bondit. Malgré
son âge avancé, elle détala à toutes jambes.
    – Un de ces jours, grommela Pike, je tuerai cette
bête. Je la couperai en morceaux !
    – Tu ne peux pas ! déclara Manyer le
bourreau. C’est du vol. Tu risquerais d’être pendu, Pike !
    – Il finira pendu, de toute façon, commenta la
femme de Watkin.
    – La guilde des tueurs de rats, se hâta d’intervenir
Athelstan, a demandé à célébrer son service céans la semaine prochaine. Nous
devons à présent débattre de ce sujet.
    Ranulf se leva alors en tenant les deux furets dans
son giron.
    – J’ai accepté, reprit Athelstan. Les tueurs de
rats de tout Southwark y assisteront. Je dirai une messe d’action de grâces, bénirai
les cages, les pièges et les furets…
    – Et les chats, ajouta Ranulf en jetant un regard
d’envie sur le célèbre Bonaventure borgne, couché, patient, aux pieds du
dominicain.
    Le tueur de rats s’humecta les lèvres. Il aurait payé
fort cher pour acheter Bonaventure, grand assassin de souris et vermines, superbe
chasseur. Il adorait en secret le sol que foulait le matou et, à l’insu du
prêtre, avait tenté de séduire l’animal à grand renfort d’écuelles de crème et
de harengs saurs. Bonaventure avait cédé à la tentation mais était retourné
derechef chez son maître.
    – Vous serez tous les bienvenus.
    Athelstan s’arrêta quand la porte de l’église s’ouvrit
à la volée et que Sir John Cranston fit une entrée majestueuse, la chape sur un
bras, l’épée cliquetant contre la jambe. Le coroner adressa un sourire
rayonnant au conseil paroissial.
    – Mis à part certaines notables exceptions, j’ai
vu de plus belles figures au pilori de Newgate ! lança-t-il avec un
sourire en direction de Benedicta.
    – Tenez votre langue ! s’exclama l’épouse de
Pike le fossier en bondissant. Ce n’est pas parce que vous êtes coroner…
    – Du calme, ma commère, je plaisantais. Je vous
aime tous.
    Il enfonça ses pouces dans son ceinturon.
    – Frère Athelstan, puis-je vous dire un mot ?
    Les membres du conseil se levèrent. À vrai dire, ils craignaient
un peu Sir John et son pouvoir. Un homme qui, malgré sa corpulence et ses rudes
manières, avait un œil d’aigle et un instinct de chasse aussi aiguisé que celui
des furets de Ranulf. Athelstan fit signe à Benedicta.
    – Je suppose que je ne tarderai pas à partir. Pouvez-vous
prendre garde à ce que Philomel ne manque de rien à l’écurie et donner un peu
de lait à Bonaventure ?
    Elle lui sourit et le cœur du dominicain battit la chamade.
Il était heureux de n’avoir pas quitté Southwark. Cette belle femme à la brune
chevelure et aux doux yeux en était l’une des causes. Athelstan avait fait un
examen de conscience : il ne la « convoitait pas dans son cœur »,
comme dit l’Évangile ; il aimait simplement être près d’elle, surtout
lorsqu’elle le taquinait.
    Une fois l’église vide, Sir John ferma la porte, tira
un banc et s’assit en face de son secrétaire. Il sourcilla, dégoûté, quand
Bonaventure, qui paraissait adorer le vigoureux magistrat, vint se frotter
contre sa grosse jambe, dos arqué de plaisir, queue dressée, paupières
mi-closes.
    – Je n’aime pas les chats.
    – Lui vous apprécie, Sir John.
    Athelstan se leva, posa les mains au creux de ses
reins et s’étira.
    – Et moi, je n’aime pas les conseils paroissiaux,
soupira-t-il. Êtes-vous céans pour des raisons officielles ?
    – Vous lisez dans mes pensées, mon frère. Monseigneur
Jean de Gand, duc de Lancastre, régent du royaume, oncle du roi, veut que nous
nous rendions sur-le-champ au Savoy.
    – Pourquoi ?
    – Je ne sais.
    – Bon.
    Athelstan se dirigea vers la porte puis recula quand
un Godbless échevelé entra en trottinant dans l’église, le petit bouc
sautillant derrière lui.
    – Par le Ciel… ?
    Godbless se baissa et passa le bras autour de

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