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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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bien ? le pressa le coroner d’un ton
rude. Répondez donc, Sir Maurice !
    – Il y avait une femme, avoua-t-il, une
jouvencelle. L’une de celles qui rôdaient autour de notre camp, près du port. Elle
était plutôt séduisante.
    – Son nom ?
    – Anna. C’est tout ce dont je me souviens.
    Athelstan prit une profonde inspiration et ferma les yeux.
    – Et, remarqua-t-il d’une voix calme, nous avons
à présent une jeune femme qui s’est suicidée et qui vous a laissé ce message.
    – Par les dents du Diable ! jura Cranston. Moi
qui vous faisais confiance, Sir Maurice !
    – Et vous le pouvez encore ! rétorqua le
chevalier. Je suis un soldat, Sir John. Comme tant d’autres jeunes hommes, je
bois de la bière et lorgne les damoiselles, mais tout ça, c’était avant
Angelica !
    – Alors pourquoi une jeune fille s’est-elle tuée
dans une taverne de Londres ?
    – Je l’ignore, Sir John ! Je n’en ai aucune
idée !
    Ils remontèrent Cheapside et traversèrent Carfax.
    Les rues étaient à présent plus animées. La cage en
haut du grand aqueduc était pleine de tous les vauriens appréhendés la veille
par le guet. Certains, couchés dans le vaste enclos, cuvaient leur vin. D’autres
saluaient des amis. Quelques-uns jurèrent en apercevant Cranston et Athelstan.
    Ils finirent par atteindre La Lampe d’or. Le
tavernier, entouré de ses torche-pots et servantes, pâles et tendus, les
attendait dans la grand-salle.
    – Où est le corps ? s’enquit le magistrat.
    Athelstan s’aperçut que son ami était fort courroucé :
il ne se soucia même pas de chercher à se restaurer.
    – Vous n’avez touché à rien, n’est-ce pas ? questionna-t-il
quand l’aubergiste s’avança.
    L’homme, vêtu de ses habits du dimanche, secoua la
tête. Il semblait gêné et mal à l’aise dans ses bottes cirées trop grandes.
    – Avez-vous assisté à la messe ? demanda le
dominicain d’une voix douce.
    – Oh oui, mon père. Comment vous appelez-vous ?
    – Frère Athelstan. Je suis le prêtre de la
paroisse de St Erconwald. Et je suis aussi le secrétaire de messire le coroner
ici présent.
    – Nous sommes allés à la messe mais j’ai laissé
Tobias, le valet. Il a surveillé la chambre. Je ne voulais pas de ces bons à
rien de dizainiers céans…
    – Conduisez-nous là-haut ! ordonna Sir John.
    Ils montèrent l’escalier qui donnait sur la galerie. Le
jeune garçon qui était adossé à la porte appuya sur le loquet et ouvrit l’huis.
    – Ô mon Dieu ! haleta Sir Maurice.
    – Je vous connais !
    Athelstan se retourna. Une jeune femme, debout sur le
seuil, montrait du doigt Sir Maurice.
    – Vous étiez ici hier soir, dans la salle commune !
    Le chevalier s’affala sur un tabouret et se cacha le visage dans les mains.

CHAPITRE VIII
               – Allons ! commanda le magistrat. Aidez-nous
à décrocher cette malheureuse !
    Pendant que Sir Maurice soutenait le cadavre, Sir John
coupait la corde. On étendit la dépouille sur le lit. Athelstan se pencha et
nota que la figure était enflée et violacée, la langue protubérante, les yeux
voilés, et que les affres de cette mort violente avaient effacé toute beauté, toute
grâce. Le cœur lourd, il murmura à l’oreille de la pauvre jouvencelle l’acte de
contrition suivi par l’absolution. Il ouït couiner dans un coin et, sans
réfléchir, s’empara du pot placé sur la table que, furieux, il lança sur un rat
qui détala. Quand il desserra le nœud coulant, le corps, qui commençait à se
rigidifier, trembla un peu. Il rabattit les cheveux en arrière et tenta de
clore les yeux mais ils demeurèrent entrouverts, regardant le plafond sans le
voir. Saisissant un chiffon dans la cuvette, il essuya avec soin la bouche et
le menton de la morte avant de jeter un regard autour de lui. Le tavernier et
sa fille, braves gens, se tenaient sur le seuil.
    – Vous n’êtes pas responsables, dit-il. Où sont
les bagages de cette femme ?
    Le propriétaire ouvrit un coffre au pied du lit et en
sortit une paire de sacoches. Elles ne renfermaient que des vêtements de
rechange, des souliers et une petite bourse contenant quelques pièces d’argent.
Le prêtre en tendit deux à l’aubergiste.
    – Pour votre peine, offrit-il. Sir John, où
doit-on emporter le corps ?
    – Puisque c’est l’été, répliqua le coroner d’un
ton lugubre, il faut, quand nous l’aurons examiné, l’enterrer sans tarder.

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