Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
pouvait aussi
inviter Marga à aller danser, ou encore s’acheter un costume neuf.
    Non, il fallait mettre cet argent
de côté pour payer le passage de Grigori en Amérique. Mais Lev savait qu’il ne
le ferait pas et il en éprouva un peu de honte. Après tout, trois dollars, ce n’était
qu’une goutte d’eau dans la mer. Ce qu’il fallait, c’était frapper un grand
coup. Il pourrait alors envoyer à son frère toute la somme en une fois, avant d’avoir
été tenté de la dépenser.
    Une petite tape sur l’épaule l’arracha
à ses pensées.
    Il sursauta, le cœur battant, se
retourna, s’attendant à se retrouver nez à nez avec un policier en uniforme. Ce
n’était pas un flic. C’était un costaud, en salopette, avec un nez cassé et l’air
mauvais. Lev se crispa : il connaissait ce genre de gars.
    « Qui t’a dit d’aller vendre
tes cibiches à l’Irish Rover ?» lui demanda le type.
    Lev sourit.
    « J’essayais de me faire un
peu de ronds, c’est tout, j’espère que je n’ai pas marché sur les plates-bandes
de quelqu’un.
    — C’est Nicky Forman ?
À ce qu’on dit, il a fait main basse sur un camion de cigarettes. »
    Ce n’était pas le genre d’information
qu’on révélait à un inconnu. « Je ne connais personne de ce nom, répondit
Lev sans se départir de son amabilité.
    — Tu sais pas que l’Irish Rover
appartient à Mr V. ? »
    Lev sentit la moutarde lui monter
au nez : ce Mr V. était sûrement Josef Vialov. Il abandonna son ton
conciliant.
    « Il a qu’à mettre un
panneau.
    — Pour vendre ta camelote
dans les bars de Mr V., il faut sa permission.
    — Je ne savais pas !
fit Lev en haussant les épaules.
    — Tiens, prends ça ! Ça
t’aidera à t’en souvenir ! »
    L’homme brandit son poing. Lev,
qui s’y attendait, recula d’un bond. Emportée par son élan, la brute perdit l’équilibre
et chancela. Lev s’avança d’un pas et lui envoya un coup de pied dans le tibia.
Un coup d’autant plus redoutable que Lev était chaussé de bottes. Il frappa de
toutes ses forces, sans réusSir à casser la jambe de son adversaire, qui
poussa un hurlement furieux et repartit à l’assaut. Mais une fois de plus, son
poing ne rencontra que le vide.
    Il était inutile de frapper un
type pareil au visage : cette partie de son corps avait certainement perdu
toute sensibilité. Lev visa donc sous la ceinture. L’autre, les mains crispées
sur l’entrejambe, se plia en deux, haletant. Lev lui balança un coup de pied
dans le ventre. Le souffle coupé, l’autre ouvrit et referma la bouche comme un
poisson hors de l’eau. Lev se dégagea sur le côté et lui fit un croche-pied. L’homme
tomba sur le dos. Lev lui donna un dernier coup dans le genou pour qu’il ne
soit plus capable de courir quand il se relèverait.
    « Dis à Mr V. d’être plus
poli », lâcha-t-il, tout essoufflé, puis il s’éloigna en essayant de
reprendre haleine.
    Derrière lui, il entendit quelqu’un
s’exclamer : « Merde alors, Ilia, qu’est-ce qui t’est arrivé ? »
    Deux rues plus loin, sa
respiration s’apaisa et ses battements de cœur ralentirent. Au diable, Josef
Vialov ! se dit-il. Ce salaud-là m’a roulé, je ne vais pas me laisser
intimider.
    De toute façon, Vialov ne saurait
pas qui avait rossé son homme de main. À l’Irish Rover, personne ne connaissait
Lev. Vialov aurait beau être fou de rage, il ne pourrait rien faire.
    Lev était très content de lui. J’ai
flanqué Ilia par terre sans même écoper d’un bleu ! songea-t-il.
    Et il avait toujours son argent
en poche. De quoi acheter deux biftecks et une bouteille de gin.
    Il vivait dans une rue bordée d’immeubles
en brique délabrés, divisés en petits appartements. Marga était assise sur le
perron de la maison voisine de la sienne, en train de se faire les ongles. C’était
une jolie Russe d’environ dix-neuf ans, aux cheveux noirs et au sourire
charmeur. Elle était serveuse, mais rêvait de devenir chanteuse. Il lui avait
déjà offert à boire deux ou trois fois et, un jour, il l’avait même embrassée.
Elle avait répondu à son baiser avec fougue.
    « Salut, la môme ! lui
lança-t-il en arrivant à sa hauteur.
    — C’est moi que tu appelles
la môme ?
    — T’es libre ce soir ?
    — J’ai rendez-vous. »
    Lev ne la crut qu’à moitié. Ce n’était
pas le genre de fille à admettre n’avoir rien de prévu pour la soirée.
    « Laisse-le tomber, il

Weitere Kostenlose Bücher