La Chute Des Géants: Le Siècle
Billy dirigea le jet vers le plafond de la galerie
pour que l'eau ruisselle sur les parois. Il s'aperçut rapidement que le système
de ventilation de la mine, qui envoyait de l'air par Thisbé et l'expulsait par
Pyrame, dirigeait les flammes et la fumée vers lui. Dès qu'il le pourrait, il
demanderait aux gars de la surface d'inverser les ventilateurs. Les
ventilateurs réversibles étaient désormais obligatoires – une autre
disposition de la loi de 1911.
Malgré la difficulté, le feu
commença à faiblir, permettant à Billy de progresser. Une minute plus tard,
l'atelier le plus proche de lui était à l'abri des flammes. Deux mineurs en
sortirent précipitamment, haletants, aspirant goulûment l'air relativement pur
de la galerie. Billy reconnut les frères Ponti, Giuseppe et Giovanni, surnommés
Joey et Johnny.
Quelques hommes se précipitèrent
à l'intérieur de l'atelier. John Jones ressortit, portant le corps inerte de
Dai Cheval, le palefrenier. Billy ignorait s'il était mort ou seulement
inconscient. « Emmenez-le à Pyrame, pas à Thisbé », conseilla-t-il.
Price intervint : « Pour
qui tu te prends, Billy Jésus-y-était, pour donner des ordres comme ça ? »
Billy n'avait pas envie de perdre
son temps à discuter avec Price. Il se tourna vers Jones : « J'ai eu
la surface au téléphone. Thisbé est gravement endommagé, mais la cage de Pyrame
devrait bientôt fonctionner. On m'a dit d'y envoyer tout le monde.
— Entendu. Je vais
transmettre », fit Jones qui s'éloigna.
Billy et Tommy continuèrent à
combattre le feu, dégageant de nouveaux ateliers, libérant d'autres mineurs
prisonniers. Certains étaient en sang, beaucoup étaient légèrement brûlés et
quelques-uns avaient été blessés par la chute de rochers. Ceux qui pouvaient marcher
portaient les morts et leurs camarades grièvement blessés en un sinistre
cortège.
Trop vite, la réserve d'eau fut
épuisée. « On va ramener la berline et la remplir à la mare, au fond du
puits », suggéra Billy.
Ensemble, ils rebroussèrent
chemin. La cage ne fonctionnait toujours pas et il y avait à présent une bonne
dizaine de mineurs qui attendaient ; plusieurs corps étaient allongés par
terre, la plupart poussant des gémissements de souffrance, d'autres lugubrement
silencieux. Pendant que Tommy remplissait la berline d'eau boueuse, Billy
décrocha le téléphone. Cette fois encore, ce fut son père qui lui répondit.
« Le chevalement fonctionnera dans cinq minutes, dit-il. Comment ça se
passe, en bas ?
— On a sorti des morts et
des blessés des ateliers. Envoie des berlines pleines d'eau dès que tu pourras.
— Et toi ?
— Ça va. Écoute, Da, il
faudrait inverser la ventilation. Faire entrer l'air par Pyrame et l'extraire
par Thisbé. Ça éloignera la fumée et le grisou de l'équipe de secours.
— Impossible.
— Mais c'est la loi :
la ventilation des puits doit être réversible !
— Perceval Jones a raconté
aux inspecteurs une histoire à leur tirer des larmes et il leur a extorqué un
délai supplémentaire d'un an pour modifier les souffleries. »
Billy aurait poussé un juron s'il
n'avait pas eu son père en ligne. « Et les arroseuses, tu peux les mettre
en marche ?
— Ça, oui, on peut le faire,
confirma Da. J'aurais dû y penser. »
Billy reposa le combiné puis aida
Tommy à remplir la berline, le relayant à la pompe à main. Il leur fallut
autant de temps pour la remplir qu'il leur en avait fallu pour la vider. Le
flot d'hommes venant du secteur touché commença à ralentir parce que le feu y
refaisait rage librement. Enfin, la benne fut pleine et les garçons
repartirent.
Les arroseuses se mirent en
marche, mais quand Billy et Tommy arrivèrent sur les lieux de l'incendie, ils
constatèrent que le mince tuyau du plafond laissait échapper une quantité d'eau
insuffisante pour éteindre les flammes. Heureusement, Jones l'Épicerie avait pris
les choses en main. Les rescapés indemnes restaient à ses côtés pour participer
au sauvetage, tandis que les blessés qui pouvaient encore marcher étaient
envoyés en direction du puits. Dès que Billy et Tommy eurent branché le tuyau,
il s'en empara et ordonna à un autre mineur de pomper.
« Vous deux, retournez
chercher une nouvelle berline d'eau ! Comme ça, on pourra continuer à
arroser.
— Entendu », dit Billy,
mais avant qu'il ait pu faire demi-tour, un mouvement retint son regard :
une silhouette
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