Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
des pastoureaux ?
    — Larrons et compagnie !
    Ranulf fit la moue.
    — Ma mère m’a conseillé de me méfier des communautés. Elles attirent peu de saints, mais beaucoup de scélérats.
    — Tu crois que les pastoureaux ne sont pas d’honnêtes chrétiens ?
    — Je crois plutôt que nous devrions interroger les jeunes de la communauté.
    Corbett approuva.
    — Quand nous en aurons fini ici, Maltote et toi transmettrez mon salut et mes condoléances à Maître Joseph et essaierez de lier connaissance avec les différents membres de la communauté.
    Ranulf ferma les paupières.
    — Je suis gelé jusqu’aux os, Messire, et j’ai l’estomac dans les talons.
    — J’entends bien ! À votre retour, vous aurez droit à un repas bien chaud et à un bon lit ! Et Maltote et toi pourrez faire une partie de dés, mais, ajouta-t-il avec un geste d’avertissement, pas avec les serviteurs de Sir Simon.
    Ranulf joua les innocents.
    — Je ne plaisante pas, insista Corbett. Et il n’est pas question que – comme chaque fois que nous allons en province – tu abuses de leur crédulité pour leur fourguer tes poisons et les prétendus élixirs dont tu tiendrais les secrets des anciens Égyptiens !
    Le jeune homme déglutit nerveusement et, l’air penaud, échangea un regard avec Maltote. Comment diable son « Maître Longue Figure » connaissait-il l’existence de son petit sac de cuir et des drogues qu’il était toujours prêt à vendre aux benêts ?
    — Maintenant, décréta Corbett en éperonnant sa monture, allons jeter un coup d’oeil à cette potence.
    Ils longèrent le sentier de la falaise jusqu’au gibet à trois branches qui se découpait sur le ciel assombri, à sept pas à peine du précipice. Corbett serra les rênes, s’efforçant de calmer son cheval inquiet. Il examina les grands crochets de fer au bout des poutres.
    — Je suppose, dit-il plus pour lui-même que pour ses compagnons, que lorsqu’on doit exécuter un malheureux, on l’amène ici, puis on le fait monter à l’échelle qu’on retire ensuite, et le tour est joué. Mais cela ne s’est pas passé ainsi pour la boulangère.
    Il fixa le sol où l’herbe ne poussait plus depuis longtemps. Son cheval montrait une telle nervosité qu’il se demanda si on n’avait pas enfoui un cadavre à cet endroit – la coutume voulait, en effet, que l’on enterrât suicidés et excommuniés sous le gibet. Pourquoi, mon Dieu, la boulangère était-elle venue ici ? Pourquoi s’était-elle laissé passer la corde au cou ? Comment l’assassin avait-il pu ne se trahir par aucune trace ? Et qui avait ramené son cheval au bourg ?
    Un martèlement de sabots lui fit faire volte-face, l’esprit en alerte. Monck surgit de la brume au galop, semblable à un corbeau maléfique avec sa cape noire flottant autour de lui. Corbett renvoya ses serviteurs d’un signe de tête.
    — Allez à l’Ermitage, leur ordonna-t-il, je vous retrouverai au manoir.
    Tandis qu’ils s’éloignaient à bride abattue, Monck ralentit son allure et rejoignit Corbett au petit trot. Il abaissa son capuchon et Corbett vit que ses cheveux et son visage étaient ruisselants. Était-il donc resté sur la grève, la face fouettée par les embruns ? Monck désigna le gibet :
    — Quel mystère, hein, Corbett !
    — Vous aviez examiné le cadavre ?
    — Oui, et n’ai rien décelé, à part la marque du noeud coulant. Ce n’est pas comme cette pauvre fille découverte ce matin.
    Il se rapprocha de Corbett.
    — Je savais que vous seriez ici ou au village. Je voulais vous rencontrer.
    Corbett le dévisagea.
    — Pourquoi ?
    Monck s’essuya les lèvres du revers de sa main gantée de noir.
    — Pour m’excuser.
    Pendant quelques instants, ses traits se relâchèrent, laissant entrevoir une personnalité plus jeune et plus aimable. Scrutant la mer envahie par le brouillard, il parla d’une voix douce :
    — Vous avez eu vent de certaines rumeurs, n’est-ce pas ?
    — Oui. Votre fille, si je me rappelle bien.
    — Elle avait seize ans, poursuivit Monck en contemplant les vagues. Jolie comme un coeur. Toutes les fois que je la regardais, elle me faisait penser à sa mère, morte en couches. Cela s’est passé si vite. Le comte de Surrey avait organisé un petit banquet. C’était une journée splendide. Caterina, ma fille, exprima le désir d’aller se promener dans les bois voisins. J’eus la stupidité d’accepter. Nous étions sur les

Weitere Kostenlose Bücher