Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
devenu fou ou n’agissait-il que par esprit de vengeance et méchanceté ? Son nom soulevait toutes sortes de questions : quelles étaient ses véritables intentions ? Mener l’enquête sur les pastoureaux, se venger ou poursuivre un autre but, cacher celui-là ? Qui avait tué son serviteur, Cerdic Lickspittle ? Et que manigançait ce dernier sur la lande ? Pourquoi l’avait-on supprimé de façon si atroce – tête tranchée et fichée sur un piquet – sur une grève envahie par un brouillard glacial ? Comment le tueur avait-il réussi à ne laisser aucune trace, aucun indice ?
    Ensuite, les pastoureaux. Étaient-ce des fanatiques, des simples d’esprit ou des saints ? Devrait-il signaler leurs faits et gestes à la Chancellerie ou à l’Échiquier ? Il rédigea une seconde liste de noms. D’abord, Maître Joseph : qui était-il ? Pourquoi Ranulf l’avait-il reconnu ? Ensuite Marina, la fille du tanneur : pourquoi avait-elle quitté l’Ermitage et pourquoi errait-elle sur la lande ?
    La liste lui semblait maintenant sans fin. Il y ajouta Amelia Fourbour, la boulangère. Pourquoi s’était-elle rendue au gibet ? Pourquoi n’avait-elle opposé aucune résistance ? Pourquoi cette absence de traces de cheval, autre que le sien ? Qui avait ramené sa monture aux abords du village ?
    Il se frotta les yeux, terrassé par la fatigue, et resta un moment le regard perdu dans le vide. Puis, avec un soupir, il but une gorgée de posset et se mit à écrire.
    Le père Augustin : un étranger, pas encore accepté de ses paroissiens. Mère Cecily : une fine mouche, mais un peu trop attachée aux douceurs d’ici-bas. Robert le bailli : d’où provenait sa richesse soudaine ? Corbett reposa sa plume. Les bras croisés sur la table, il étudia sa liste. D’autres questions se bousculaient dans sa tête. Qui profanait les vieilles tombes du cimetière ? Quelles étaient les circonstances exactes de la mort de soeur Agnes ? Il se leva et contempla le fond de la pièce, peuplé d’ombres. Un détail, en particulier, l’intriguait. Pourquoi les avait-on envoyés ici, Monck et lui ? Qu’est-ce qui valait la peine que le roi envoie son homme de confiance aider le lieutenant du comte de Surrey à mener ostensiblement l’enquête sur des meurtres bizarres, certes, mais peu nombreux ?
    Corbett revint à son bureau et repensa au dernier entretien que lui avait accordé le monarque. Le regard fuyant, Édouard n’avait cessé de se balancer d’un pied sur l’autre, accordant toute son attention à un faucon pèlerin qui, sur sa perche, faisait cliqueter ses jets {17} . John de Warenne, comte de Surrey, assistait à leur entrevue. Impassible, il n’avait cessé de se caresser les lèvres comme pour dissimuler un sourire ou une plaisanterie secrète.
    Cela se passait à Swaffham. Le roi et sa jeune reine française {18} devaient être arrivés à Walsingham.
    « Je vais attendre, se dit Corbett. Je vais attendre un peu. Si Monck me cache la vérité, je me rendrai à Walsingham et exigerai de l’entendre de la bouche même de notre souverain ! »
    Il s’étendit sur le lit et sombra dans le sommeil. La nuit tomba et la complainte de plus en plus insistante de l’Ange Noir couvrit bientôt le grondement du ressac.

 
    CHAPITRE V
    — Messire !
    Corbett ouvrit les yeux. Ranulf se penchait sur lui.
    — Messire, l’intendant nous prie de descendre dîner.
    Corbett s’assit lestement sur son lit, étonné de voir ses serviteurs encore emmitouflés dans leurs capes, les gouttes de pluie étincelant dans la lumière tremblotante des bougies.
    — Nous revenons de l’Ermitage, annonça Ranulf. Maître Joseph s’est montré d’une amabilité surprenante. Il nous a permis d’entrer. Lui aussi pense qu’il m’a déjà vu, mais il ne se rappelle pas où.
    Corbett se frictionna les joues.
    — Avez-vous parlé à des membres de la communauté ?
    — Oui, mais toujours en présence de Nettler et de Maître Joseph. Tous ceux que nous avons vus nous ont affirmé que Marina était heureuse, bien que les jours précédant sa mort elle ait été plus réservée qu’à l’ordinaire.
    — C’est tout ?
    — Non. Elle souffrait de cauchemars. Les femmes – elles dorment dans un dortoir et les hommes dans un autre – l’ont entendue crier le nom d’une certaine Blanche dans son sommeil.
    — Blanche ?
    — Une de ses amies d’enfance. La fille du bailli, l’une des premières à

Weitere Kostenlose Bücher