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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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religieux. Ils
débarquent par surprise dans les estuaires et ne s’attardent guère, si bien que
tout contact armé avec eux est impossible. Leur opposer une flotte serait
risqué ; outre que celle dont ils disposent est innombrable, leurs navires
sont de petites forteresses flottantes quasiment inexpugnables.
    Ces brigands ne
partent jamais dans leurs expéditions sans emporter des effigies de leurs
idoles : Odin, dieu de la guerre, de la sagesse et de la poésie, et Thor,
celui des orages et des pluies généreuses. Avant d’entreprendre la remontée des
cours d’eau, ils les jettent dans l’estuaire, en guise d’offrandes
propitiatoires. On m’a rapporté quelques-uns de ces objets qui ont à peine
forme humaine. Ils marquent le choix de leur campement par une hache fichée en
terre.
    Walla m’a raconté que ces navigateurs auraient
poussé leurs incursions vers des terres inhospitalières, jusqu’alors ignorées
des savants, qu’ils ont appelées Groenland. Plus loin encore, ils auraient
découvert un continent où pousse la vigne et baptisé Vinland.
    Vérité ? Légende ? Qu’en
croire ? Walla, tient ces navigateurs pour « aussi vantards que les
Provençaux » et doute de ces récits de navigateurs aventuriers, engeance
portée aux excès de l’imagination après des libations de bière.
    Ayant eu connaissance d’une épave de leurs
nefs appelées drakkars, Walla m’en a fait la description.
    Ces grandes barques sont dotées d’un faible
tirant d’eau pour faciliter la remontée des fleuves. Naviguant à la voile et
aux avirons, elles peuvent transporter jusqu’à une cinquantaine de guerriers
casqués de fer, des chevaux, des chiens, du matériel de camp et des vivres,
notamment des pommes, dont ils sont friands. Ils embarquent quelques femmes
pour préparer leurs repas et jouir d’elles. Ils ne négligent pas de festonner
les bordures de leurs embarcations de ciselures et de peintures de monstres
marins. La proue sculptée représente des êtres étranges sortis des mers et des
légendes Scandinaves.
    Alors qu’au cours de ses pérégrinations au
Danemark il approchait de la petite ville d’Osberg, sur la côte occidentale de
la péninsule, Walla avait assisté à la crémation d’un chef de tribu.
    Revêtu d’une longue cape bordée d’or et
d’argent, coiffé d’un bonnet de fourrure, le cadavre avait été allongé dans son
navire, avec autour de lui ses armes et de quoi pallier, pour un dernier
festin, sa faim et sa soif. Walla avait assisté au sacrifice d’un taureau, d’un
chien, de quelques volailles et de sa concubine favorite qui, ayant choisi
d’accompagner son maître dans son dernier voyage, avait été étranglée par une
vieille femme appelée l’« ange de la mort ».
    Durant tout ce rituel funèbre, quelques
guerriers et des gens du peuple avaient mêlé leurs chants de guerre et leurs
complaintes aux lamentations des femmes. Un enfant, fils du chef, avait été
chargé de mettre le feu au navire.
    — Sire, ajouta Walla, vous me connaissez
suffisamment pour savoir que je répugne aux cérémonies païennes quand elles
font injure à nos propres croyances. Et pourtant, dans ces circonstances,
j’avoue avoir été bouleversé. J’ai vu des larmes rouler dans les grosses
moustaches des guerriers…
    J’ai eu moi aussi l’occasion de voir, à moitié
enfoui dans la boue d’un estuaire – celui de la Seine, il me semble –, un
drakkar victime d’une tempête. Paysans, pêcheurs et naufrageurs l’avaient
presque entièrement dépouillé de sa coque pour alimenter leur foyer ou
rafistoler leurs masures, si bien qu’il ressemblait au squelette d’une baleine.
    Des victimes avaient été recueillies, encore
revêtues de leur tenue guerrière. C’étaient, me dit-on, des hommes d’une taille
peu commune, à peau claire, coiffés d’une abondante chevelure blonde ou rousse,
armés d’une épée à double tranchant, d’une hache et d’un coutelas. Certains
portaient des casques de cuir, d’autres de fer, tous réalisés de façon
grossière. Les bijoux dont ils ornaient leurs chevilles et leurs bras étaient
de bronze et finement ciselés.
    Ces Danois avaient un roi : Godfried ou
Godfred, qui a régné presque aussi longtemps que moi. Il vient de mourir
assassiné par un inconnu, et a été remplacé par le jeune Hemming, son neveu,
qui a dû disputer son trône aux fils du roi défunt. Que doit-on attendre de ce
nouveau souverain ? Dieu en

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