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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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réalisées par mon père,
ainsi que les miennes.
    Je partis pour une nouvelle expédition, moins
pour affronter ces Barbares que pour inspecter les garnisons établies sur les
grands fleuves, en des points névralgiques de la confédération saxonne :
Eresbourg, Sigisburg, Paderborn, et quelques autres. La situation tendue en
permanence les obligeait à intervenir fréquemment contre des bandes armées
venues clamer leurs chants guerriers devant les palissades, piller les
monastères et faire des dégâts dans les parages.
    En dépit de ces conditions dangereuses, les
missionnaires poursuivaient avec acharnement leur œuvre d’évangélisation. Ils
baptisaient des villages entiers mais, à peine avaient-ils le dos tourné, les
mœurs païennes renaissaient et tout était à reprendre.
    Aux sources de la Lippe, en Westphalie, je fis
édifier une forteresse à l’image de celles des Romains. À Paderborn, j’avais à
peine établi mon camp lorsque j’eus l’heureuse surprise de voir les populations
des parages venir spontanément me rendre hommage et réclamer le sacrement du
baptême. J’en fus si ému que je me promis de créer en ces lieux une chaîne
d’établissements religieux et un évêché.
    Que fallait-il penser de ce ralliement
insolite ? Allais-je me nourrir d’illusions ? Informé du caractère
versatile de ces peuplades, je m’en gardai bien.
    Parmi les chefs de tribus venus faire leur
soumission, l’un d’eux attira mon attention par sa carrure athlétique, le soin
qu’il portait à sa tenue et à ses armes, l’obstination qu’il mettait à obtenir
l’audience que je lui refusai. Peut-être ai-je eu tort. Ce personnage allait,
au cours des années à venir, me causer bien du souci.
    Il s’appelait Widukind.

2
Les larmes de Roncevaux

1
    Les événements d’Italie et de Saxe avaient
distrait mon esprit de ceux qui avaient pour théâtre les marches d’Espagne et
m’obligeaient à maintenir des garnisons importantes, souvent débordées.
    J’aurais eu tort de considérer la chaîne des
Pyrénées comme un obstacle inviolable contre les cavaliers d’Allah, qui occupaient
la quasi-totalité de la péninsule ibérique. Les événements des siècles passés
me tenaient lieu de leçon. Je ne redoutais pas une invasion massive et une
guerre ouverte, mais je supportais mal les incursions permanentes des guerriers
maures dans les terres heureuses de la Septimanie, jusque sous les murs de
Narbonne.
    J’avais négligé de m’intéresser à la situation
intérieure de l’émirat. J’avais appris qu’une vingtaine d’années auparavant,
sous le règne du roi Pépin, le survivant des princes omeyyades, Abd al-Rahman,
avait, en s’attribuant le pouvoir à Cordoue, suscité une vive réaction des
chefs arabes déjà dans la place, fidèles aux princes abbassides qui venaient de
s’installer sur le trône de Bagdad.
    L’année 777, alors que je me trouvais encore à
Paderborn, j’eus la surprise de voir se présenter à moi une ambassade du wali (gouverneur) de Saragosse, Soliman. Il était accompagné d’une escorte
éclatante de cavaliers en grande tenue qui firent forte impression sur la
population, comme s’ils tombaient d’une autre planète.
    Soliman me combla de présents et, à ma grande
surprise, requit mon soutien contre l’émir de Cordoue qui menaçait sa province.
    Mon premier réflexe fut de lui donner congé
sans suite, mais, au cours d’un repas, après qu’il m’eut fait part de sa
situation, je me dis que cette proposition pourrait me faire sans trop de
risques un allié de ce personnage puissant et fastueux. Une alliance avec lui
pourrait me permettre d’assurer la sécurité du royaume chrétien des Asturies et
de la Navarre, soumise en partie seulement à l’émirat.
    Soliman finit de me convaincre en s’engageant
à me céder quelques villes frontalières. J’écartai les objections de
quelques-uns de mes officiers qui se méfiaient des promesses des Maures,
lesquelles, disaient-ils, ne valaient pas plus que celles des Italiens et des
Saxons. D’autres trouvaient que ces tractations avec des non-chrétiens étaient
indécentes.
    Je les fis changer d’avis en leur montrant le
profit que nous pourrions tirer de cette alliance. Ils bougonnèrent mais finirent
par en convenir, déjà grisés par les perspectives du butin.
    Pour les fêtes de
Pâques de l’année 778, je me trouvais en famille dans la ville de Chasseneuil,
au nord du Poitou, lorsque ma

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