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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Widukind campait sur la rive droite du Rhin.
    Un chef rallié de Westphalie me fournit des
détails sur ce chef barbare qui avait pris l’envergure d’un héros national. Né
en Saxe, il avait de la parenté et des accointances au Danemark où il faisait
de fréquents séjours. Il avait acquis une sorte de charisme. À chacune de ses
apparitions, des milliers d’hommes se levaient pour le suivre.
    C’était désormais un adversaire avec lequel il
faudrait compter.
    Cette retraite – je me dois d’appeler les choses par leur nom – me fut pénible. Les Maures ne
nous laissaient pas en repos. Surgissant par surprise, ils s’abattaient sur nos
colonnes, s’en prenaient surtout à nos arrières commandés par mon neveu,
Roland, puis se dispersaient dans la montagne ou le désert.
    Je m’accusais de m’être engagé trop légèrement
dans cette aventure dont l’issue m’accablait de honte, et qui, me disais-je, me
servirait de leçon. De plus, je n’avais pas attaché suffisamment d’importance
au comportement des Basques dans la traversée de leurs terres. Ils allaient me
faire payer mon imprudence.
    Dans les déboires
qui m’accablaient, j’éprouvai une maigre consolation. Soliman, de nouveau maître
de Saragosse après je ne sais quelles tractations mystérieuses, avait capturé
un officier de l’émir, Thalabah et, peut-être pour se repentir de sa trahison,
me l’avait fait livrer. Je ne voyais pas le but de ce cadeau embarrassant. Que
faire de ce prisonnier ? Lui trancher la tête ou le libérer ?
    Je décidai de le
garder et n’eus pas à le regretter. C’était une sorte de poète. Il possédait
quelques rudiments de notre langue, dont il usait dans un charabia étourdissant
pour nous raconter des histoires insensées sur les mœurs andalouses et, ce qui
m’était plus utile, me donner des informations sur le conflit religieux qui
opposait Omeyyades et Abbassides d’un bout à l’autre de la Méditerranée.
    La traversée des
Pyrénées par le Camino Francés, au cœur de l’été, par des chaleurs
écrasantes, nous fut aussi pénible que le chemin menant aux enfers. Ce
n’étaient que montagnes, vallées étroites et désertes.
    Nous ne manquions pas d’eau. Nous la puisions
aux torrents qui, malgré la saison, se montraient généreux, pas non plus de
farine que nous vendaient les paysans. Pour nous procurer de la venaison,
j’organisai des parties de chasse dans les forêts riches en cervidés et en
sangliers.
    Sur un plateau calciné, traversé par des
marchands, nous nous accordâmes quelque repos avant de reprendre notre route à
travers la montagne.
    L’armée s’étirait en colonne interminable dans
d’étroites vallées aux flancs abrupts. Certains passages difficiles nous
obligèrent à abandonner quelques chariots et nous privèrent de quelques autres,
qui s’étaient fracassés en dévalant au fond des ravins.
    En débouchant dans
la majestueuse vallée de Saint-Jean, j’ordonnai une halte pour la nuit et
réglai l’ordonnancement du camp. Relativement satisfait de ce que cette
traversée eût été exempte de déboires, hormis les pertes occasionnées à notre
convoi, je me promis un sommeil réparateur.
    Alors que nous dressions nos tentes, j’avais
entendu, venant de nos arrières, des sons de trompe répercutés par des échos et
m’en inquiétai auprès d’un de mes officiers. Ganelon, qui m’aidait à organiser
le camp, ne m’avait rassuré qu’à demi, disant que ce n’était rien d’autre qu’un
pastoureau donnant du cor pour rameuter son troupeau et le ramener au bercail.
    Décidé à en avoir le cœur net, j’envoyai une
reconnaissance en amont de la Nive et fis dresser ma table. La soirée était
belle et fraîche, avec, survolant les cimes de l’Altobiscar, de belles volées
de nuages roses.
    J’avais achevé mon repas quand je vis surgir
dans le camp ma reconnaissance accompagnée d’un cavalier couvert de sang des
pieds à la tête, qui peinait à se tenir sur sa selle. Blessée au garrot et aux
flancs, sa monture hennit avant de s’abattre, plus morte que vive. Je confiai à
un de mes écuyers le soin de l’achever et interrogeai le blessé, Geoffroy, un de
mes vassaux d’Aquitaine, après l’avoir réconforté d’un gobelet de vin.
    Il parvint à bredouiller :
    — Ah ! sire… sire… Votre
arrière-garde… un désastre… elle a été… anéantie…
    Fou de douleur et de colère, je le pressai de
m’en dire plus long. Il

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