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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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pour
l’ensemble de l’Empire, Pépin régnait sagement en Italie et Louis mieux encore,
dans le sud de la Francie. J’ai la fierté de n’avoir jamais eu à les morigéner
et le plaisir de constater qu’ils s’entendaient bien, ce qui me rassurait quant
à ma succession. Ils étaient ma fierté et tous avaient une envergure et des
capacités aptes à leur faire tenir ferme les rênes de l’Empire.
    Je dois pourtant
avouer que les conséquences du partage que j’envisageais, fondé sur d’anciennes
coutumes franques, troublaient mon sommeil. Je me souvenais des partages du
même ordre qui avaient eu lieu en Gaule, dans les siècles passés, et, plus
récemment, des querelles avec mon frère Carloman à la mort du roi Pépin. Je
repoussais l’envie qui me pressait de faire appel à une de ces pythies
crasseuses et échevelées qui se présentaient parfois au palais et que Fastrade
hébergeait pour se concilier les puissances occultes.
    Le pire que j’eusse à redouter venant de mes
fils était la jalousie. De Louis, bonne pâte, qui respirait plus volontiers
l’encens que les fumées d’herbes empoisonnées des sorcières, je ne craignais
rien. Pour Charles et Pépin, c’était une autre affaire. Rien n’aurait pu
laisser supposer une mauvaise entente, mais ils étaient de même nature, ardents
et querelleurs. Une étincelle jaillie d’un simple heurt pouvait embraser à tout
moment leurs ambitions.
    De mon vivant, je faillis décréter que
Charles, en vertu de ses qualités et de son droit d’aînesse, était mon
successeur préféré. Éginhard, Walla et quelques proches m’en
dissuadèrent : c’eût été susciter la rancœur de ses frères et peut-être
des guerres intestines.
    Bref : il
fallait en finir et procéder au dépeçage. Opération délicate : on ne
partage pas un empire comme un gâteau d’anniversaire.
    Je tenais à cette condition draconienne :
« S’il naît à l’un ou l’autre de mes fils un enfant mâle que le peuple
souhaite voir succéder à son père décédé, il faudra que ses frères
s’inclinent… » Suivait une multitude de conseils relevant de
l’administration de l’ensemble des apanages et de détails manifestant ma
volonté. J’étais rassuré quant à l’avenir de la Francie.
    Je confiai à Charles l’Austrasie, la Neustrie,
la Saxe, la Thuringe et une partie de la Bavière : le Nordgau. Pépin
héritait de l’Italie, de l’autre partie de la Bavière, de la Rhétie, de la
Thurgovie et du sud de l’Alamanie. Louis allait régner sur la Gaule
méridionale : l’immense Aquitaine, avec Toulouse comme capitale, la
Gascogne, la Septimanie, la Provence avec les provinces alpines et une partie
de la Burgondie.
    Je ressentis une forte émotion lorsque, ayant
réuni mes trois héritiers, je leur fis part de mes choix. Je leur fis jurer sur
les saintes Écritures de ne pas se livrer une guerre fratricide et de se porter
mutuellement secours au besoin. En cas de décès de l’un d’eux, les deux autres,
si sa succession n’était pas assurée par un enfant mâle, se partageraient ses
possessions.
    Soulagé, je quittai
Thionville à la fin de l’hiver.
    Mes fils n’avaient rien trouvé à redire à ce
partage et avaient même rendu hommage à mon équité. Je fis prendre copie de
leur serment et la leur présentai « scellée de l’or le plus pur »
pour reprendre l’expression d’Éginhard. Aucun murmure de réprobation ne monta
de l’assemblée de mes vassaux.
    Fidèle, pour mes filles, légitimes ou non, à
la coutume franque du partage, je décrétai qu’elles seraient sous la protection
de leurs frères et pourraient choisir entre le célibat, le mariage ou le
couvent, sans que l’on pût rien leur imposer.
    Le sort de mes petits-fils ne m’avait pas
laissé indifférent. J’interdis qu’ils fussent, sans leur consentement, tonsurés
et envoyés dans un monastère, sauf en cas de faute grave laissée à
l’appréciation d’un tribunal.
    Walla se chargea de faire tenir au pape Léon
un exemplaire de ces décrets. Malgré les soupçons qu’il m’inspirait, je tenais
ce pontife pour le représentant de Dieu sur cette terre. Il m’avait manifesté
sa confiance en s’invitant, l’année précédente, à fêter Noël en présence de la
famille impériale ; il était resté mon hôte jusqu’à l’Épiphanie.
    Depuis mon couronnement, Léon datait ses actes
et ses courriers de la première année de son pontificat et de mon règne,

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