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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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et
avait fait frapper des monnaies à son effigie et à la mienne. Ces égards,
auxquels je fus sensible, scellaient une alliance spirituelle et temporelle
qu’aucune querelle entre nous ne semblait devoir compromettre.

5
    Avec ma candeur, un des traits de ma nature
dont j’ai le moins à me flatter, j’avais fait confiance aux bons sentiments que
m’avait témoignés le nouvel empereur d’Orient, Nicéphore I er .
    Il avait agréé avec complaisance mon expansion
vers l’est, menée au nom de la Croix, bien que ces conquêtes eussent créé entre
nous des frontières communes. Il ne s’offusqua pas de mes relations amicales
avec le calife Haroun al-Rachid, son redoutable voisin. Il semblait voir, dans
l’équilibre que j’avais instauré entre l’Occident et l’Orient, une promesse de
paix, dans la mesure où cela créait un front commun chrétien contre l’hégémonie
musulmane.
    Néanmoins les cérémonies de mon couronnement à
Rome, en confirmant mon titre de patrice des Romains et de soldat du Christ,
lui étaient restées en travers de la gorge.
    L’annexion de la Péninsule italienne, bien que
ces territoires eussent, depuis des temps lointains, échappé à l’autorité de
Byzance, lui fit froncer les sourcils. Il avait le droit pour lui, j’avais la
logique pour moi : je n’avais fait que profiter d’une vacance de pouvoir
pour annexer ces provinces qui étaient à prendre. En revanche, je n’avais pas
poussé mon souci d’hégémonie jusqu’à mettre la main sur Naples, Otrente, la
Calabre, la Sicile et surtout l’Istrie où Byzance entretenait des comptoirs, ce
qui eût entraîné un conflit auquel je répugnais.
    Il m’aurait été
agréable et utile de rencontrer ce personnage dont mes missi louaient
l’esprit de justice et de conciliation. J’aurais aimé le persuader que je ne
devais ma dignité impériale qu’au piège tendu par le pape Léon, auquel je
n’avais cédé qu’à contrecœur, quitte à ne pas le regretter par la suite.
J’aurais pu, en l’hébergeant dans mon palais d’Aix, au cours de promenades dans
mes jardins, tenter de le convaincre que nos intérêts étaient liés et que Dieu
s’offenserait d’une discorde.
    Nicéphore aurait-il été sensible à mes avances
et y aurait-il répondu ? J’en doute. Ne dit-on pas couramment en parlant
d’un imbroglio oiseux : une querelle byzantine ? De simples
désaccords peuvent mal tourner. J’en avais fait l’expérience…
    Ah ! si j’avais écouté mon entourage…
    Mes officiers et quelques-uns de mes vassaux
me suggéraient de profiter des ennuis du basileus au sein de sa cour de
Constantinople pour lui déclarer la guerre et tenter de s’emparer de l’Empire
d’Orient. Rien de moins ! Je les écoutais d’une oreille distraite. Outre
que cette entreprise était risquée, elle ne s’imposait pas. Ce n’est pas
quelques comptoirs accrochés aux côtes de l’Italie qui pouvaient me contrarier
au point de prendre les armes. D’une part, ils mésestimaient la puissance
maritime de Byzance et la faiblesse de notre flotte. D’autre part, quel intérêt
aurait pu justifier la mainmise sur cet immense empire aux marches de l’Asie,
ce continent qui pouvait à tout moment faire souffler ses tempêtes sur
l’Occident ?
    Alors que je
séjournais à Salz, en Thuringe, je reçus la visite de deux émissaires de
Nicéphore, venus m’entretenir de la situation créée par mon couronnement. Je
les persuadai que mes intentions envers le basileus étaient dénuées de toute
velléité d’agression, au point que j’aurais envisagé favorablement un mariage
pour sceller notre entente.
    Je les fis raccompagner à nos frontières par
une escorte, chargée de présents, à laquelle j’avais confié une missive
destinée au basileus pour lui exprimer mon refus de renoncer à mon titre de
patrice des Romains ; je me disais successeur de l’empereur Constantin,
aussi fidèle à la religion et protecteur de la paix qu’il l’avait été. Je ne
lui ménageai pas le miel et lui proposai un mariage avec l’une de mes filles.
    J’adressai une copie de cette lettre au pape
Léon ; il se montra d’accord avec mes arguments.
    J’attendis la réponse du basileus durant un
mois ; il me fit remettre un courrier fort sec, me menaçant d’une réplique
sévère en cas d’agression et repoussant l’idée d’un mariage.
    Un conflit avec
Byzance allait éclater, mais sur un terrain – la théologie – où les

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