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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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parcourait son royaume à bride abattue, même le bouffon royal aurait pu le lui prédire avec autant d’exactitude.
    Il se détourna et regarda par la fenêtre.
    — Puisque vous êtes venu de si loin, Hugh, je voudrais vous emmener demain rendre visite au Peuple peint, au petit peuple, fées, lutins, Pictes, appelez-les comme vous voulez !
    Thomas regarda Corbett.
    — Vous viendrez ?
    Corbett fît signe que oui.
    — Bien ! s’exclama Thomas en se frottant les mains. Allons dîner à présent.
    Le lendemain, en fin de matinée, Corbett et Thomas quittaient Earlston et se dirigeaient vers le sud-ouest, vers la grande forêt d’Ettrick. Ils laissaient Ranulf et le frère lai car, comme l’expliqua Thomas, les Pictes étaient des gens attachés à leur vie mystérieuse, hostiles aux races qui les avaient chassés de leur terre et extrêmement méfiants envers les étrangers. Tout en chevauchant, Thomas lui parla des Pictes : ils avaient autrefois régné en Ecosse, lançant même des raids dans le Sud, par-delà le grand mur romain {12} , pour aller piller et ravager les colonies de Rome.
    — Leur civilisation, expliqua Thomas, est fort ancienne. Ils vénéraient les ténèbres d’où ils étaient issus et appelaient la terre leur Déesse-Mère. Ils bâtissaient, sur des hauteurs, leurs grandes forteresses, des cercles de grosses pierres entourant une cour et des petites cahutes en bois.
    Corbett et Thomas traversaient à présent des pâturages, et le poète désigna trois collines qui se détachaient, noires et sinistres, sur le ciel bleu d’été.
    — Les collines d’Eldon, précisa-t-il. C’est là que les Pictes avaient construit leur fort. C’est là que je les ai rencontrés pour la première fois. Un petit groupe de chasseurs. J’ai soigné les blessures de l’un d’eux et ils m’ont conduit jusqu’à la grande forêt d’Ettrick.
    Thomas sourit :
    — C’est pour cela que les gens superstitieux disent que j’ai rencontré les lutins et ai vécu avec eux pendant neuf ans. Rares sont ceux qui ont vu les Pictes, dit-il en conclusion, et, à cause de leur taille, de leurs coutumes secrètes et de la couleur de leur peau, il est facile de comprendre pourquoi on les appelle farfadets, lutins ou elfes.
    Corbett écoutait, fasciné par les légendes sur ce peuple mystérieux. Il avait entendu de semblables récits chez les Gallois et les raconta à Thomas. Leur conversation tourna alors autour des légendes du roi Arthur. Puis Thomas discourut sur le poème épique qu’il écrivait, Sir Tristram, et pria Corbett de lui narrer tout ce qu’il savait sur le pays de Galles.

CHAPITRE XI
    Ils passèrent la fin de cette journée au monastère cistercien de Melrose et poursuivirent leur route le lendemain. Plus ils approchaient de la masse des arbres visibles à l’horizon que Corbett savait devoir être la grande forêt d’Ettrick, plus la campagne était déserte et plus les fermes et les villages se faisaient rares. Lorsqu’ils dépassèrent la lisière, Corbett sentit qu’il pénétrait dans un tout autre monde : au début, ce ne fut guère qu’agréable fraîcheur et beauté lorsque les rayons du soleil traversaient les feuillages et scintillaient sur l’ajonc et la bruyère comme la lumière sur les vitraux d’une cathédrale, mais ensuite, tandis que Thomas guidait les chevaux sur un sentier secret connu de lui seul, la forêt s’obscurcit, les arbres se firent plus denses, plus épais, plus oppressants. Les oiseaux, si bruyants en lisière, s’étaient tus à présent. Le froid silence de la forêt rendait plus sinistre encore le moindre craquement de brindille ou le moindre bruissement étrange causé par les petits animaux qui se déplaçaient ou remuaient dans le sous-bois. Défenses en avant, un sanglier aux yeux rouges surgit soudain du couvert et fonça lourdement entre les arbres. Corbett sursauta de frayeur. Mais ils continuèrent leur chemin. Même Thomas était devenu silencieux. La tension, rompue seulement de temps en temps par le cri moqueur d’un oiseau, se fit insoutenable.
    Corbett se rapprocha de Thomas.
    — Suivons-nous le bon chemin ? s’inquiéta-t-il à voix basse.
    Thomas fit signe que oui.
    — Attendez ! chuchota-t-il. Je vais vous montrer quelque chose.
    En effet, un peu plus loin, il désigna un hêtre pourpre. Corbett regarda le tronc attentivement et y vit une marque en V et un croissant.
    — Nous sommes sur le bon chemin et nous serons

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