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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Thil-en-Auxois.
    L’Archiprêtre conduisit ses bandes sous les murs de Vitteaux. Le siège commença. Afin d’être à son aise et de ne point subir d’attaque par-derrière, il envoya une partie de ses gens battre la campagne. Lors de leurs reconnaissances, Gascons et Bretons ne firent que semer la terreur. Le lundi et le mardi avant Noël 1362, ils découvrirent que les vins de Bourgogne destinés à la Cour avaient été réunis à Villaines-en-Duemsis et que la cave était située hors du château où le seigneur et ses gens n’avaient eu que le temps de s’enfermer.
    Pendant des jours, les hommes burent les vins du roi de France. Lorsque, repus, ils décidèrent de partir, ils enlevèrent les fûts qu’ils n’avaient pas encore vidés «  malgré le chastellain et les aultres qui estoient audit chastel, qui défendaient ce qu’ils pouvaient ladite cave de pierres et de traits ».
    Après ce haut fait d’armes de ses gens, l’Archiprêtre disparut un temps. On le retrouve en février 1363 au service de Jean, duc de Berry et recevant pour ses « services » une rente de 500 tournois et le château de Concressault-en-Berry. Il réapparaît en juillet de la même année et reçoit du trésor royal la somme de 3 700 francs or pour aller « vider » les forteresses d’Arcy, Dannemarie-en-Puisaie et Vésigneux-en-Morvan dont les garnisons étaient commandées par Gilles Trousse-Vache.
    L’Archiprêtre ne combattit pas Trousse-Vache. Comme Arnoul d’Audrehem, il négocia. Le chef de bande au nom singulier évacua Arcy et Dannemarie. Comme on raclait alors les fonds des tiroirs, voici, décomposée, la somme que le roi Jean destinait à Arnaud de Cervole :
    C’est assavoir en XII XIV frans or, pièce XXs. tournois ; en V e IIII florins de Florance. pièce pour XVI s. VIII deniers tournois ; en VI" et XLIU escus de Philippe, pièce XVIII s. MI deniers tournois ; en VIII" et XV que chaières que motons dou roy, pièce XX VI deniers ; en LX roiaulx d’or. pièce pour XVlt. III d. t., et en XXVII escuz de Jehan, pièce XVs. t. Pour ce partout par lesdites lettres de mandement et par lettres de réception dudit seigneur de Chastelvillain. sohz son seel. rendu à court, avaluez lesdits paiements à tournois, et les autres monnayes en or au pris que dit est : III m VIII e XXV I. Vis. IX den tourn.

 
ANNEXE IV
     
L’HIVER 1362-1364 ET LE SIÈGE DE ROLLEBOISE
     
     
     
    L’hiver 1361-1362 avait été d’une rudesse peu commune. Les séquelles de cette calamité sévissaient encore au printemps, qui permirent à l’armée française de passer sur l’eau pétrifiée des étangs voisins de Brignais pour subir, le 6 avril, une des défaites les plus humiliantes et les plus meurtrières de cette Guerre de Cent Ans qui, sans cesser d’opposer la France à l’Angleterre, avait engendré les Grandes Compagnies (438) .
    L’hiver 1363-1364 s’annonça dès le commencement de l’automne. Le froid devint peu à peu inquiétant, inhabituel et, dans la France exsangue, les moyens de se prémunir contre lui semblent avoir été assez rares. Froissart ne mentionne ni son apparition ni son aggravation ni ses conséquences. Les Grandes Chroniques sont discrètes. En revanche, l’auteur anonyme de la Chronique des IV premiers Valois écrit qu’à «  la date mil trois cens soixante trois, furent les plus grans gelées et le gregnieur (majeur) ver que l’on eust oncquez veu ne ouy parler de plus de cent ans devant  ». La météo – qui parfois se trompe – n’existait pas, mais l’on savait par ouï-dire que, cent ans plus tôt, il avait fait un froid exceptionnel.
    Si le mois de décembre 1363 fut d’une froidure polaire, les deux premiers mois de 1364 furent terrifiants. Selon un moine de Malmesbury, l’Angleterre n’échappa pas à cette forme particulière de tourmente : il gela sans discontinuer du 7 décembre au 11 mars. En France, d’après un chroniqueur de Montpellier, il gela du 30 novembre jusqu’au 7 mars. Servait-on du vin sur une table qu’il était solidifié avant qu’on l’eût porté à ses lèvres (439) . Un commerçant qui s’était déplacé vers Carcassonne fut refroidi à mort sur son cheval, lequel continua de marcher vers l’hôtellerie où son maître avait coutume de se rendre (440) . On allait à pied de l’étang de Thau depuis Sète jusqu’à Mèze. Le cours du Rhône était « pris » sur toute son étendue. La couche de glace atteignit parfois

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