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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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proféré pour qu’Oriabel désespérée, se fut décidée à mourir ?
    – Dès que je pourrai quitter Avignon, j’irai à Castelreng. Tu pourras m’y accompagner… Où vis-tu en ce moment ? Où puis-je te trouver ?
    Un rire désagréable. Aussitôt Tristan retrouva le Tiercelet des premiers jours de leur accointance : l’ancien Jacques, le malandrin qui cachait son cœur sous des moqueries et des acerbités sans fin.
    – Non… Oriabel nous unissait. Tu l’aimais, je l’aimais différemment de toi… Elle n’est plus. Notre amitié subsiste…
    – J’aime que tu en conviennes !
    – … mais nous n’avons plus cette espèce de parenté qu’elle avait… forgée entre nous… Ne crains rien : je ne vais pas retomber dans ce que tu appelais mes errements… J’étais redevenu honnête et vais le demeurer… Mais si nous étions ensemble, nous ne ces serions de penser à elle, de parler d’elle. Cela ne serait point bon ni pour toi ni pour moi… Si tu passes un jour par Galamus, tu verras à dextre, dans un champ, en entrant dans les gorges, une espèce de montjoie 48 sous laquelle je l’ai mise… J’ajoute que j’ai restitué les chevaux à ton père mais que je ne lui ai rien dit… Quant à cette Aliénor dont le visage ne quitte plus ma mémoire, si Dieu ou Satan la met un jour à portée de cette lame…
    Une lueur d’acier passa devant la face de Tristan.
    – … eh bien, je l’occirai !
    Tiercelet tourna les talons et s’enfuit en courant. Tandis que son ombre trapue se fondait dans les ténèbres, Tristan crut entendre un sanglot.
    – Reviens !… Je ne t’ai pas retrouvé pour te perdre !
    Déjà, il ne discernait plus rien, sinon le bruit de l’eau fripée par le courant et qui se lacérait contre l’éperon d’un pilier de pierre.

VI
     
     
     
    Quatre jours sans quitter Villeneuve. Tristan ne cessait de tisonner son ressentiment contre Aliénor et de cultiver sa rage envers cette Jeanne effectivement première dans sa vie et première dans un royaume convoité tout autant que sa personne. Il comprenait qu’elle eût voulu sa mort et qu’elle la désirât sans doute encore : aucune femme de cette espèce n’eût aimé savoir en vie le témoin de sa lubricité. Elle avait, disait-on, fait étouffer André de Hongrie, son premier mari. Louis de Tarente, le second, avait péri par le poison. Comment, dans ces conditions, lui eût-elle accordé la plus mince indulgence ?
    A ce constant courroux envers deux femmes si différentes d’aspect et de naissance – une roturière et une reine – s’ajoutait, chez Tristan, la déception d’avoir perdu Tiercelet et la douleur de savoir Oriabel décédée. Il avait toujours espéré la revoir pour vivre enfin, auprès d’elle, l’existence qu’ils avaient imaginée lors de leur captivité à Brignais. Elle disparaissait de la seule façon qu’il n’avait point prévue. Il fallait qu’Aliénor eût poussé la cruauté à un très haut niveau de turpitude pour contraindre la jouvencelle à se donner la mort.
    – Venez en Avignon, messire. Allons-nous y chan ger les idées. Vous vous amollissez bêtement ! Nous n’allons tout de même pas passer tout notre séjour à Villeneuve et ce n’est pas en demeurant dans cette maison que vous pourrez observer le roi pour énarrer ses mouvements et ses dires au prince Charles !
    – Cette tâche me déplaît.
    – Il ne fallait point l’accepter !
    Au fait de tout ce qui s’était passé, Paindorge s’exprimait sans circonlocutions ; sans révéler, pourtant, ses convictions intimes.
    – Vous saurez tout quand nous irons à Castelreng.
    – Je ne sais si je dois y aller. L’envie pourrait me prendre d’occire Aliénor.
    – Ce serait une faute : vous vous aliéneriez votre père. Lui, au moins, vous aime.
    Une bourrade. L’écuyer devenait bien familier.
    – Quatre jours dans Villeneuve !… Errer, dormir…
    – Je me sens bien… Je me sens mieux. Je ne me suis jamais senti aussi apte à tenir une épée, une lance…
    – Vous feriez mieux, si je puis me permettre, de tenir votre rang !… Arnoul d’Audrehem revient dans la soirée. Il était à Béziers. Le Pape doit le recevoir car il a contribué, paraît-il, à la quiétude d’Avignon. Ensuite, le roi lui offrira un régal. Vous vous devez d’être présent… Vous vous devez de vous joindre aux prud’hommes, même si cela vous ennuie !
    – Crois-tu qu’ils se sont aperçus de mon

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