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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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fait exceptionnel, un simple surcot aux armes des Montfort.
    Le roi avait de sa dame Alix d’ibelin, une fille Échive et trois fils : Pierre, Jean et Jacques. Arnaud s’intéressa vivement à la princesse Échive, une beauté brune, à la poitrine voluptueuse et aux yeux de jais.
    Pierre et Jean avaient à peu près le même âge que nous. Ils nous accueillirent fort aimablement. Nous ne savions pas qu’ils projetaient, en grand secret, une fugue pour visiter les pays d’Occident, au grand dam de leur père. Notre arrivée sur l’île et notre embarquement prochain présentaient pour eux une occasion à saisir.
     
    En fait de goûter, un somptueux buffet avait été dressé sur des tréteaux dans la grande salle du château royal. D’innombrables gâteaux, des tartes aux amandes, au miel et aux raisins secs, des dattes goûteuses à souhait, des galettes de riz et de froment, des confitures variées parfumées à la rose, à la cannelle, au gingembre, plusieurs livres de dragées que servaient des pages de courtoisie.
    Pour étancher la soif, des échansons apportaient des vins liquoreux et épicés dans des pichets en étain qu’ils versaient dans nos coupes a volo.
    Des jongleurs et des troubadours vinrent égayer ce véritable festin. Dans la joie qui régnait, nous dégustâmes un peu de tout, jusqu’à satiété. Nous gouttâmes trop de ces bonnes choses pour notre digestion.
    Arnaud en fut incommodé le soir même. Il m’avoua avoir visité les cuisines en compagnie de Pierre et de Jean. Et y avoir découvert de ravissantes créatures parmi les filles de cuisine :
    Claire, Béatrice, Éléonore, Axelle et surtout une certaine Raïssa, aux yeux de braise, me confia-t-il.
    Je l’invitai expressément, à cette occasion, à éviter la fréquentation de la princesse Échive. Le roi pourrait en prendre ombrage et cela risquait de lui coûter fort cher. Je ne croyais pas si bien dire. Nous l’apprîmes à notre détriment. Quelques mois plus tard.
    Le chevalier de Montfort et le père d’Aigrefeuille dépêchèrent un messager pour préparer notre visite à la commanderie hospitalière de Châtel-Rouge. Il devait nous porter la réponse avant huitaine.
     
     

     
     
    Au cours des jours qui s’ensuivirent, nous en profitâmes pour parcourir la campagne à cheval et nous détendre après ces longues semaines pendant lesquelles nous n’avions pu faire que les cent pas sur le pont de la nef.
    Nous longeâmes au galop des champs d’oliviers et de grenadiers, de citronniers, d’orangers, des vignobles et d’âpres lopins parsemés de caillasse sur lesquels poussaient quelques cyprès.
    Lorsque nous approchions du cœur montagneux de l’île, nous mettions nos montures au pas pour escalader les raidillons qui sillonnaient à travers les forêts de pins d’Alep.
    Le paysage était d’une beauté époustouflante et silencieuse. Nous savourions avec délices ces rares moments de détente, de paix et de bonheur. À l’abri des corvées et des servitudes du château de Beynac. Nous étions loin de la guerre qui sévissait en notre pays d’Aquitaine et je pensai être encore plus loin de la damoiselle de mon cœur, la belle et fragile Isabeau de Guirande.
    L’air était doux et portait le parfum sucré de ces essences d’arbres dont l’odeur, nouvelle pour nous, flattait nos sens.
     
    La semaine suivante, le père d’Aigrefeuille et le chevalier de Montfort nous parurent bien soucieux. Interrogés sur les raisons, ils nous apprirent que le trésorier de la commanderie hospitalière ne serait pas de retour d’un voyage qu’il faisait avec le maître de l’Ordre avant deux mois.
    Le questeur ne pourrait bailler de fonds plus tôt. Il était tout au plus autorisé à effectuer les dépenses courantes pour le service de bouche de la commanderie. La commanderie comportait une forte garnison. Mais elle devait, à l’en accroire, se contenter des becquées qu’une mère donne à ses oisillons.
    Pour faire contre mauvaise fortune, bon cœur, l’aumônier de la Pignotte nous proposa une visite guidée de Nicosie et de plusieurs édifices religieux.
    Arnaud ne se fit pas prier. Pour des raisons différentes des miennes : il ne manifestait pour les monuments qu’un intérêt poli. Il avait hâte de connaître les bonnes échoppes où il pourrait toucher du doigt quelques anneaux sertis de diamants et d’émeraudes, et quelques soieries.
    Je lui fis remarquer discrètement que nos bourses étaient

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