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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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festoyer avec les plus mauvais de mes sujets. Pensez aux souffrances atroces que vous auriez pu endurer à la place de ces deux coquardeaux ? S’ils sont toutefois reconnus coupables de sodomie sur la personne de la princesse. Mais, ils le seront, croyez-moi   ! »
    Je ne pouvais oublier avoir déjà entendu ce son de cloche. De la bouche du roi Hugues. Une semaine plus tôt. Le dimanche des Rameaux. La justice passe. Des innocents trépassent parfois. Et il arrive que des coupables courent toujours.
     
    Le roi reprit à l’adresse de celui qui tentait à présent de l’amadouer de ses beaux yeux fendus en amandes :
    « Je vous conseille vivement d’aller de ce pas présenter quelque excuse au chevalier de Montfort. Il a risqué sa vie pour vous ! Reconnaissez votre faute ! Et sollicitez son pardon. »
    Ainsi Arnaud avait agi de son propre chef sans réfléchir aux conséquences mortelles que ses chatteries les plus stupides pouvaient entraîner.
    J’en eus un frisson glacé dans le dos. Il partait du cul et me saisissait la gorge. Je craignais que les malheureux écuyers ne finissent empalés. Sur les sièges de la potence. S’ils étaient déclarés coupables de sodomie. À tort ou à raison. Mais pour l’exemple.
    Car la justice a soif d’exemples. Et l’exemple, s’il sert les intérêts d’aucuns, ne se ferait-il pas trop souventes fois au détriment des innocents ? m’apparut-il ce jour-là, dans une sorte de fulgurance.
    Saisi d’une soudaine envie de raquer, je dus prier le roi de m’excuser. Ce qu’il fit, non sans m’avoir rappelé qu’après une bonne nuit en son hôtellerie, nous étions conviés au somptueux banquet qu’il offrait le lendemain.
    Et qu’il comptait sur la présence de tous ses invités. Nous en faisions bien évidemment partie. Enfin, si le chevalier de Montfort n’y voyait pas d’inconvénient, ajouta-t-il en lançant un regard appuyé à Arnaud qui baissa les yeux et prit une mine chaffouine.
    Je saluai, déglutis plusieurs fois une salive de plus en plus sèche, reculai poliment, puis me précipitai à l’écart. Mes yeux furent irrésistiblement attirés par les sièges du supplice, ces épouvantables sièges en forme de trône. À leur vue, je fus saisi d’un spasme violent et vomis de la bile.
     
     

     
     
    J’évitai de revoir Arnaud avant le lendemain, le dimanche de Pâques. Mais le lendemain, j’appris par le père d’Aigrefeuille que le chevalier de Montfort l’avait prié de ne point quitter sa cellule dans le monastère où les frères mineurs nous avaient offert l’hospitalité.
    Il serait dorénavant placé sous la garde du frère portier. Un homme solide qui, sous sa robe de bure, cachait un corps d’athlète. Et un esprit obtus : il ne s’en laisserait pas conter facilement. L’écuyer Arnaud de la Vigerie n’était autorisé à quitter sa cellule que pour assister aux offices. À tous les offices qui ponctuaient les jours et les nuits des moines : matines, laudes, vêpres, complies… Sans qu’il ne lui soit servi la moindre pinte de vin. De la commanderie hospitalière ou d’ailleurs.
     
    À la sortie de la messe pascale célébrée en la cathédrale par monseigneur l’évêque de Nicosie et le père Louis-Jean d’Aigrefeuille, je m’approchai de Foulques de Montfort. Il avait le bras soutenu par un linge.
    Je pris des nouvelles de ses navrures. Elles n’étaient que légères. Les mires du roi les avaient nettoyées et pansées. Elles n’étaient point purulentes. La blessure du chevalier de Sidon était plus grave, me dit-il. Il risquait bien de devenir borgne.
    Sur l’heure, il souffrait le martyre. Malgré les élixirs, breuvages, potions, baumes électuaires et cataplasmes à base de plantes et d’herbes médicinales que lui administraient plusieurs fois par jour les mires.
    Il me dit, en riant, que lorsqu’ils tentèrent de lui purger le sang avec une lancette, le chevalier de Sidon rua plus fort qu’une jument qui se refuse à un étalon, au point qu’ils durent s’y prendre à douze pour l’immobiliser !
    « Messire Foulques, nous vous devons la vie !
    — Vous ne me devez rien, messire Bertrand. Notre honneur est sauf.
    — Messire, pourquoi avoir combattu en simple cotte de mailles ? lui demandai-je.
    — Le harnois plain que le maître haubergier m’avait proposé était trop petit pour ma taille et mal ajusté. Et d’ailleurs, le roi Louis, à l’époque, ne combattait-il pas en simple

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