La danse du loup
chauffait la main et la joue, mais se refroidissait de jour en jour. J’étais fortement troublé, sans savoir comment y remédier. Une longue traversée nous attendait encore.
J’espérais profiter de cette occasion pour provoquer une explication et une réconciliation avec celui qui demeurait bien naturellement mon meilleur ami. Pour tenter de retrouver le chemin d’une amitié que je savais forte et inaltérable, quelle qu’ait été la violence de certains de nos propos. Quels que soient les accidents du parcours.
Le soir même, je regagnai la forteresse de Saint-Hilarion à brides avalées, jusqu’à ce que je fusse parvenu à l’approche des contreforts montagneux.
Durant tout l’été, la princesse Échive et moi parcourûmes au pas, au trot ou au galop, d’immenses champs où, après les fenaisons, le blé venait d’être moissonné. Nous ne nous quittâmes plus. Parfois nous attachions nos chevaux pour nous promener à pied à travers les champs d’oliviers, la main dans la main.
Un beau jour, elle décida de m’apprendre à nager ! Je n’en crus pas mes oreilles : elle savait se mouvoir sur l’eau, sans couler à pic !
Nous nous rendîmes dans la baie de Kyrenia où le sable était chaud et doré. Nous étions seuls, à l’abri de regards indiscrets. Elle se dévêtit sans aucune pudeur, et m’invita à en faire de même. Alors que j’hésitai, fort gêné, elle me rappela que tous les hommes et toutes les femmes étaient faits de la même manière par le Bon Dieu.
De la même manière, oui, enfin à quelques différences près tout de même… pensais-je in petto , en contemplant ses mamelles lourdes et charnues, ses fortes hanches, ses fesses callipyges, sa taille fine. Isabeau de Guirande serait-elle aussi belle ?
Ses cheveux, lorsqu’elle les dénoua, lui tombèrent jusqu’au bas du dos. Ses jambes, ses bras, ses poignets et ses chevilles, sans être d’une fragile finesse, étaient en parfaites proportions avec l’ensemble de son corps.
Mon regard découvrit avec fascination un discret triangle noir et soyeux qui fleurissait sous son nombril, au pli de ses cuisses.
J’avais déjà soupçonné l’existence d’une pilosité étonnante à cet endroit lorsque je m’apprêtais à m’emmistoyer avec ma jolie Marguerite, ma petite lingère, sans avoir pu jouir pour autant par la vue de cette particularité-là. Je découvris ce jour qu’elle était d’un attrait terriblement charnel et excitant.
En constatant la spectaculaire montée en puissance de l’instrument que je portais naturellement entre mes jambes, je tentai incontinent de cacher cette vigueur juvénile et monstrueuse de mes mains. Je n’y parvins pas complètement.
Elle y jeta un coup d’œil distrait, puis s’esbouffa en disant que l’eau me rafraîchirait les esprits. Joignant le geste à la parole, elle me prit le bras, puis la main, m’obligeant à découvrir ainsi ce que je tentais désespérément de cacher. Et elle m’entraîna dans l’eau en courant.
Emporté par son élan, je trébuchai et m’étalais tout du long avec un “plouf !” magistral, en l’éclaboussant de toutes parts. Elle rit, battit des mains, rugit comme une lionne et m’entraîna plus avant jusqu’au moment où l’eau me parvint à la hauteur du torse.
La mer était agréablement tiède comparée à mon corps en ébullition. Mais trop chaude pour dégonfler une ardeur incontrôlable et honteuse. Je bus la tasse. Six fois de suite. L’eau salée m’étouffa et me fit violemment toussir. Mon instrument se recroquevilla dès lors rapidement. Je tentais de me maintenir à la surface. Je battis des mains, des jambes, des bras, me débattis dans l’eau, coulai, toussis, crachai, retoussis, recrachai, récidivai. Elle riait à geule bec.
Avec un cri de joie, je réussis enfin à faire quelques brasses sans couler. Elle m’apazima et me conseilla des mouvements plus lents. L’eau salée de la mer portait mieux le corps que l’eau de rivière, me dit-elle. Elle était non seulement belle. Elle était savante.
Elle m’apprit, à partir de ce jour, moult façons de se déplacer dans l’eau que j’ignorais : sur le ventre, sur le côté et sur le dos. Elle m’avoua se livrer à cet exercice pendant les six mois de l’année. Lorsque la mer était calme et suffisamment chaude. Bien réchauffée par le sable et le soleil. L’eau purifiait le corps et l’esprit, me dit-elle non sans
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