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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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veille.
    Les investigations menées par le juge-procureur avaient été rondement menées et avaient très vite permis de me reconnaître, et peu de temps après, de me situer.
    J’en fus abasourdi, mais ne pus m’empêcher de penser in petto que les inquisiteurs de Sarlat étaient moult fois plus efficaces et plus rapides que moi. Cela faisait près de trois mois que je tentais de me renseigner sur la famille d’Isabeau de Guirande, sans aucun succès. Peut-être devrais-je envisager de m’adresser à eux ? Le moment était-il bien choisi pour autant ? Pas sûr !
    En vérité, cette nouvelle m’inquiétait terriblement et soulevait de nombreuses questions auxquelles j’étais incapable de répondre.
    « Messire, si vous n’avez foi en moi, questionnez Arnaud : nous avons fait route ensemble et ne nous sommes point quittés jusqu’au repas. Lorsque nous nous sommes séparés, je me suis rendu par le chemin le plus court près le forgeron des Mirandes. Ils pourront en témoigner l’un et l’autre !
    — Arnaud, c’est déjà fait. Il m’a confirmé tes dires. À quelques nuances près toutefois… Mais nous en reparlerons. En ce qui concerne le forgeron, en revanche, à supposer que tu m’aies dit la vérité, tu sais bien que sa parole ne sera pas reçue par le juge, en la circonstance. Au mieux, il sera entendu mais son témoignage ne sera pas recevable ; sauf à être un homme libre, ce dont je doute.
    — Le sien peut-être pas, mais le vôtre suffirait à clamer mon innocence, messire, si vous le questionniez à mon sujet pour vous en convaincre, proposai-je avec désespoir.
    — Tu oublies une chose, Bertrand : le meurtre du chevalier de Sainte-Croix a été commis environ une heure après none l’après-midi, d’après les témoignages de ses serviteurs et les indications qu’ils ont relevées sur l’horloge à bougie de la chapelle. Comment peux-tu me prouver que tu ne fus pas sur les lieux du crime en ce temps ? »
    Je restai coi. Comment le prouver en effet ? L’interrogatoire était suspendu à mes lèvres. Mes lèvres étaient muettes.
    « Nous nous reverrons plus tard. Tantôt. Réfléchis bien. J’ai confiance en toi. Bon sang ne saurait mentir ! Bien que tu me caches quelque chose… », susurra-t-il en prenant congé.
    Il ouvrit la porte qui donnait sur le logis seigneurial, la referma, la loqua à double tour et me laissa seul. Tout seul. Face à moult questions qui se bousculaient dans ma tête.
    Mais il venait d’éclairer d’une lumière noire le chemin blanc de ma vie. Il avait aussi entrebâillé une lueur d’espoir sur la voie de mon honneur. D’un honneur injustement bafoué. Il m’avait ouvert une lucarne. La porte de son cœur. Et cette porte n’était pas froide comme la pierre. Dorénavant, je sentis que nous étions deux. Trois. Avec Isabeau de Guirande.
    Doutes et interrogations dansaient une folle farandole dans mon crâne. Pour avoir les idées claires et chasser la douleur qui enserrait ma tête comme dans un pilori, je saisis le broc et versai de l’eau sur ma nuque et sur mon visage. L’eau était glaciale. Les ablutions matinales en resteraient là.
    Après m’être énergiquement frotté les cheveux, je déplaçai le banc adossé au mur ouest de la pièce et fis les cent pas pour me préparer à la réflexion et dégourdir mes jambes. Tôt le matin, un peu d’exercice ne fait jamais de mal. À défaut de jouter contre un poteau de quintaine. Je comptai quatre pas dans le sens de la largeur et cinq pas dans le sens de la longueur, en longeant les murs. En dix-huit pas, j’avais bouclé le périmètre de la prison dans laquelle j’étais retenu.
    À chaque tour, je récitai un “Je vous salue Marie” à voix basse au début. À voix de plus en plus haute à mesure que le nombre de pas que je fis augmentait. Pour la deuxième fois en moins de trois mois, je suppliai la Vierge de Roc-Amadour de venir à mon secours. Et d’éclairer mon esprit.
    Après avoir imploré la Vierge cinquante fois, j’étais suffisamment concentré pour réfléchir aux circonstances qui m’avaient conduit à être séquestré dans l’antichambre de la librairie. Le lieu le plus secret du château. Sauf les oubliettes.
    Je me devais de faire un point complet sur l’affaire. Je le fis. Sur les faits, sur les coupables possibles, sur l’arme du crime. Et sur la preuve de ma culpabilité présumée.
     
    Je résumai tout d’abord les faits.
    Le chevalier de

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