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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Sainte-Croix avait été lâchement occis le jour même où le baron de Beynac nous avait chargés, Arnaud et moi, d’une mission.
    Son meurtre avait été commis à Cénac, dans la maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
    D’après le témoignage de ses serviteurs, il était encore une heure après none, soit quatre heures de l’après-midi. Il avait été découvert occis dans la chapelle de la maison forte, environ une heure plus tard, soit vers cinq heures. Selon les indications relevées sur l’horloge à bougie qui éclairait la chapelle. Elle indiquait les heures de la journée avec une grande précision.
    Ayant quitté la taverne de Castelnaud-la-Chapelle au moment où une cloche sonnait none, j’avais pris le chemin des Mirandes par les bords de rive pour rendre visite au tanneur. Puis je m’étais dirigé vers le village des Mirandes selon les instructions du baron. Compte tenu de la distance qui séparait Castelnaud-la-Chapelle et les Mirandes, soit deux lieues ou deux lieues et demi, j’avais dû chevaucher pendant plus d’une heure.
    J’avais quitté le forgeron un peu moins d’une heure après, lorsque le soleil approchait de la ligne de crête des pechs, à l’ouest : il devait être à peu près une heure avant vêpres, vers cinq heures de l’après-midi. Si je parvenais à en établir la preuve, j’étais sauf. Oui, mais comment ?
     
    J’envisageai ensuite les coupables possibles.
    Arnaud : impossible, je le connaissais trop bien pour envisager, ne serait-ce que le temps d’un éclair, qu’il fût capable de commettre une telle félonie.
    À la réflexion, eu égard à la façon cruelle dont il se moquait de mes sentiments pour Isabeau et à la façon dont il avait tourné bride, je n’excluais pas l’idée qu’Arnaud ne fût pas passé à la maison des Hospitaliers, mais qu’il ait préféré se rendre directement au Mont-de-Domme pour y mugueter plus longtemps sa mie, Blanche. Les yeux en amande.
    En outre, même si l’ombre d’un soupçon avait pu m’effleurer, en sa qualité de fille de l’un des consuls, Blanche pouvait lui avoir fourni un alibi parfait. Ne m’avait-il pas avoué, à rebelute, avoir mignardé, ce soir-là, plus longtemps qu’il ne l’avait prévu ? De sorte qu’il n’avait franchi la porte Veuve qu’à la tombée de la nuit, bien après vêpres. Bien après l’heure du rendez-vous dont nous avions été convenus.
    D’ailleurs, à aucun moment le baron n’avait évoqué la supposition, inimaginable, de la culpabilité possible d’Arnaud. À quel titre, en vertu de quelle raison aurait-il pu, en outre, commettre un tel crime de sang ?
    Étienne, le maître des arbalétriers : très improbable. Bien qu’il ait semblé s’intéresser vivement à notre discussion, il n’avait aucune raison de commettre un acte d’une telle ignominie. Ne devait-il pas, bien au contraire, être reconnaissant au chevalier de Sainte-Croix de soigner les lépreux alors qu’il avait lui-même un parent atteint de cette maladie ? Non, cette supposition était également à exclure.
    Le cavalier inconnu qui était sorti au galop du château de Castelnaud lorsque nous nous apprêtions, Arnaud et moi, à quitter ce village pour nous rendre à la taverne ?
    J’y mettais un peu trop de parti pris cependant en raison de la répulsion (le mot est faible) que m’inspirait le sire de Castelnaud. Mais à la réflexion, plus j’y pensais, plus cette idée me plaisait lorsque je me remémorai le fil de notre conversation. N’avait-elle pas failli dégénérer en duel à la suite des propos insolents qu’il m’avait lancés à la figure ? Mes oreilles en bourdonnaient encore.
    Cette supposition n’était donc pas à exclure : était-ce lui, le cavalier inconnu ? Ou l’un de ses gardes ? Le mantel qu’il portait ne m’avait pas permis de l’identifier. Étienne, notre maître des arbalétriers, ne portait-il pas d’ailleurs un mantel très semblable ?
    Autre possibilité : l’assassinat du chevalier de Sainte-Croix aurait été commis par l’un de ses serviteurs. Lequel ? Pour quelle raison ? Peu probable.
    Il restait une ultime explication : un meurtrier inconnu, un manant ou plus vraisemblablement, un routier de passage en quête de quelque pillage qui aurait été surpris par le chevalier ?
     
    L’arme du crime appelait quelques précisions.
    Elle n’avait pas été retrouvée sur les lieux où il avait été commis : dans la

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