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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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séparait des contreforts talutés de la forteresse. De chaque archère béait une fente mortelle.
    Tous les hommes étaient sur les créneaux, parés à repousser un assaut. C’est tout juste si je ne sentais pas la morsure épouvantable des cuves de poix fumante se déverser sur nous si nous tentions une approche.
    Inspiré par un geste insensé, j’ôtai, avec l’aide de René, mon surcot d’armes, ma cotte de mailles et ma chainse de caslin blanc. Je dégainai mon épée, la piquai dans le col et, torse nu, je brandis cette étonnante bannière en hurlant :
    « Nous sommes au roi de France et au baron de Beynac ! »
    Une nouvelle volée de flèches siffla autour de moi et transperça ma chemise. Ils étaient bons tireurs. Je sautai derrière le talus et m’aplatis comme une crêpe. Le stratagème n’opérait pas.
    Je me glissai contre René, lui confiai mon ceinturon, mon épée, ma chainse blanche un peu trop voyante, mes bottes et tout mon harnais de guerre pour ne garder que mes chausses noires.
    Dans le creux de l’oreille, je lui exposai mes intentions. Il hocha de la tête, m’administra une claque sur l’épaule et se plaqua au sol. Le moment était venu de mettre à profit la science que la jolie Marguerite, ma petite lingère, m’avait enseignée. Question de vie ou de mort.
     
    Je rampai le long du talus, en me dirigeant vers la falaise du côté de la rivière Dourdonne qui s’étendait en contrebas à plus de soixante-dix toises. Je me glissai derrière un muret, parvins au bord du précipice et avisai une poterne à deux toises de hauteur. Elle ressemblait, à s’y méprendre, à la porte qui donnait sur la planche de salut du château de Beynac. Un frisson glacé me parcourut le corps. Dix pieds, des ronces et de hautes herbes m’en séparaient. Aucune archère, aucun mâchicoulis ou échauguette ne dominait le rempart. Et pour cause. Surplombant la falaise à pic, la citadelle était jugée inaccessible d’icelui côté.
    Ah ! Si Marguerite avait été là ! À défaut de craie et de résine de pin, je saisis un peu de terre sèche et sablonneuse que je frottai dans mes mains et passai sous mes pieds.
    Je m’approchai à pas de loup de l’enceinte, évitai les arêtes tranchantes du rocher taluté et pris appui sur les moellons de la base, le corps plaqué contre le mur. De nombreuses touffes de mousse profilaient de l’exposition au nord pour gripper les jointures des pierres, et facilitaient mes prises.
    Après un temps qui me parut une éternité, je parvins sous la poterne de la fortification et continuai ma progression vers l’une des deux tours rondes qui défendaient la porte principale, j’évitai de lever les yeux vers le haut ou de les baisser vers le bas, par crainte de la vertigine à laquelle je savais être sensible.
    Les créneaux étaient à présent défendus par des mâchicoulis menaçants. Si un guetteur m’apercevait, c’en était fait de moi : quelques pierres ou un peu d’eau bouillante, et j’aurai juste le temps de recommander mon âme à Dieu pendant ma descente aux enfers avant de m’écraser soixante-dix toises plus bas, le corps disloqué après avoir rebondi sur le roc au cours de ma chute.
    Mais si personne n’avait suivi mon approche, je courrais désormais peu de risques d’être vu à présent. Les mâchicoulis en encorbellement, aussi curieux que cela puisse paraître, me cachaient un peu de la vue des gardes sur le chemin de ronde.
    En me rapprochant de la tour, je parvins à proximité d’une archère dont la base était en forme de bêche. Pour l’atteindre, je dus me hisser deux coudées plus haut et sur le côté, tel un crabe, en prenant garde de ne pas rentrer dans la fenêtre de tir.
    Je hélai un garde en priant le ciel qu’il y en eut un de faction et de n’être entendu que de lui seul. Personne ne réagit à mon appel. Je huchai derechef, un peu plus fort :
    « Holà, Garde, à moi ! Je suis écuyer du baron de Beynac et en grand péril ! » Une forte agitation, suivie par un cliquetis d’armes, me parvint par l’archère.
    « Qui êtes-vous ? m’interpella une voix inquiète, un instant plus tard.
    — Bertrand Brachet de Born, premier écuyer du baron de Beynac ! J’implore secours !
    — Qui me prouve que vous êtes au baron de Beynac ? ricana mon interlocuteur.
    — J’ai, passé dans mes chausses, un ordre de mission et un sauf alant et venant !
    — Vous parlez bien notre langue pour un

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