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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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clef dans la serrure. Verrouillée à double tour. Nous descendîmes les premières marches qui étaient supposées nous guider sur le chemin de la liberté et déboucher sur…
    Je pris soudain conscience de ce que je n’avais pas ouï sur le coup de l’émoi : nous devions déboucher dans une crypte, sous la chapelle de la maison forte des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ! Là où le chevalier de Sainte-Croix avait été occis ! Incroyable coïncidence !
    Je n’étais pas plus avancé pour autant : la fille du savetier avait probablement péri dans l’incendie des Archives de la maison des Consuls (que Dieu accueille son âme frivole). Je ne saurai pas à qui elle avait accordé ses faveurs autrefois, et notamment le jour où le chevalier hospitalier avait été occis. Et les codes héraldiques étaient partis en fumée ! Pourquoi le Bon Dieu mettait-il tant d’embûches sur ma quête du Graal ?
    René ahanait, pestait, jurait comme un charretier. Après une descente sur des marches humides et gluantes, moi devant, René dans mon dos, nous glissâmes sur la dernière marche et chutâmes sur le cul, les quatre fers en l’air, sur plusieurs dizaines de pas.
    René décida de passer devant moi. Il me déclara avoir plus confiance dans mes talents pour crocher des murailles remparées que pour descendre les sentes qui menaient aux portes des Enfers.
    Nous contournâmes un éboulement, dégageâmes un passage à la pointe de nos dagues, glissâmes encore sur le roc gluant et heurtâmes une pierre en saillie. René y laissa une dent. Les entrailles de la Terre se refermaient sur nous à mesure que nous progressions vers le salut. Le souterrain devint bientôt plus étroit qu’un boyau de boudin.
    C’est alors que je perçus un chuchotement. Je tendis la main pourtoucher la botte de René et lui intimai silence. Un doux murmure nous parvint. Nous dûmes ramper le plus silencieusement possible sur une vingtaine de coudées avant de déboucher tout aussi soudainement sur une cavité basse et glacée. Entre coulées et montées de glace à l’extrémité aiguë, une petite rivière bruissait de pierre en pierre avec un son cristallin dans une splendide grotte.
    Nous pénétrâmes prudemment dans l’eau pour atteindre, face à nous, l’entrée d’un autre conduit que nous espérions le dernier avant la crypte. René me précédait à dix pas. Il venait à peine de disparaître dans le souterrain que je crus entendre un bruit de lutte. René hurla à gueule bec :
    « À moi, Brachet ! » suivi d’un râle. Je me jetai en avant, glissai sur le sol visqueux, m’étalai de tout mon long. Le temps de me relever, René ressortait en se tenant un bras. Du sang maculait sa chemise.
    « L’traître ! À tenté de m’occire !
    — Qui, mais qui ? Parle !
    — Sais pas, messire Brachet. L’animal portait une capuche qui masquait son visage. Juste eu le temps d’dévier le coup qu’il m’portait au ventre. La dague m’a ouvert l’bras. Lorsqu’il a compris qu’il avait raté son coup, il a détalé à toutes jambes ! J’ai perdu ma torche.
    — Le chien ! Lançons-nous à sa poursuite incontinent !
    — Inutile, messire, vot’torche est presque éteinte et j’ai perdu la mienne. Le temps d’rallumer, d’rassembler notre attirail, sera loin, l’cochon ! Y a trois sorties possibles. Sais pas laquelle il a empruntée !
    — Coquin de sort ! Qui peut bien vous vouloir du mal au point de tenter de t’assassiner, René ?
    — J’crains, messire, qu’le meurtrier se soit trompé d’cible ! dit-il avec une grimace de douleur, la barbe frémissante.
    –…… » Je restai muet.
    René n’avait peut-être pas tort. En temps normal, j’aurai dû marcher en tête. René m’avait peut-être sauvé la vie.
    Sa blessure saignait abondamment. Je priai le Ciel que la dague n’ait pas touché une veine-artère, déchirai ma chemise et lui fis un bandage de fortune. Nous saisîmes notre paquetage et reprîmes notre chemin dans la direction que le seigneur de Melun m’avait indiquée. Le souterrain de dextre.
    Parvenu enfin à une porte en chêne massif, je fis jouer la mécanique secrète que le maître de Campréal m’avait indiquée. La porte s’ouvrit immédiatement et se referma, toute seule, sur notre passage.
    Nous avions pénétré dans la crypte de la chapelle hospitalière de Cénac. Parmi plusieurs gisants de membres de l’Ordre de l’Hôpital de

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