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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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de masse avec la rage du désespoir. Les croisés refluèrent dans la ville. Les rues étroites ralentirent leur retraite. Des projectiles de toute nature, certains dérisoires, d’autres mortels, pleuvaient de toutes les fenêtres.
    Bloqués dans des ruelles au sol inégal, acculés dans les impasses, gênés par leur écu qu’ils devaient maintenir au-dessus de leur heaume, se bousculant en désordre, les croisés furent taillés en pièces les uns après les autres.
    Un seul chevalier réchappa du massacre. Il avait quitté l’ost du comte de Jaffa pour assurer la liaison entre la bataille des chevaliers templiers et l’armée du roi. Il avait chargé avec les Templiers, convaincu que le roi Louis l’avait ordonné. Il portait sur l’encolure de son destrier un jeune garçon d’une douzaine d’années, grièvement blessé…
     
     

     
     
    « Ce chevalier ne serait-il pas, par hasard, le comte Philippe de Montfort ? m’écriai-je.
    — Si, messire Bertrand. Et ce jeune garçon était un chrétien maronite.
    — Comment, messire Foulques, le chevalier de Montfort sut-il que ce jeune homme était de religion chrétienne ?
    — Il s’était agenouillé au passage de mon aïeul en présentant ostensiblement la croix en or qu’il portait autour du cou.
    Le comte de Montfort le prit en pitié et l’arracha du sol au moment où une flèche atteignit le jeune garçon à l’épaule.
    — Votre parent ne pensait-il pas plutôt enlever une jeune bagasse égyptienne pour la biscotter ou la forcer dans son lit ? Il paraît qu’elles sont chaudes et promptes à s’escambiller les drôlasses d’ici !
    — Cette fois, c’en est trop, à la parfin, messire de la Vigerie. Vous insultez la mémoire de nos ancêtres », rugit Foulques de Montfort.
    Le chevalier se leva brusquement. Arnaud avait bondi aussi. Mais Arnaud fut plus prompt. Il s’enfuit à toutes jambes au moment où le chevalier de Montfort s’apprêtait à lui administrer une paire de claques.
    « Hors de ma vue, hurla-t-il faute de mieux. Capitaine, mestre-capitaine, mettez ce vaunéant, ce coquardeau aux fers, en cale sèche. Au pain et à l’eau ! »
    Le chevalier n’avait pas sollicité l’accord du mestre-capitaine. Mais le ton de sa voix ne souffrait aucune discussion. Il ne badinait pas. Ses lèvres tremblaient. Son visage était rouge de colère.
    Sur un signe que lui confirma le mestre-capitaine, le mestre de manœuvre, qui se tenait non loin de là, ordonna à deux solides mariniers de se saisir du “vaurien” et de le conduire au purgatoire. C’est-à-dire là où il ne faisait pas bon naviguer.
    Décidément, Arnaud n’était qu’un animal lubrique. Il ne pensait qu’à mugueter et à mignonner. Et il s’en vantait. Cette fois, il était allé un peu trop loin et n’avait certainement pas pris la mesure de ses propos. Quand bien même c’eut été vrai.
    La suite du récit devait d’ailleurs nous prouver le contraire. Le comte Philippe de Montfort était non seulement un preux, c’était aussi un chevalier courtois, très respecté des gentilshommes, des dames et de ses gens.
    Sur ma requête pressante, sa colère apaisée, Foulques de Montfort accepta de narrer la suite des événements : ivres de carnage, les Mameluks se ruèrent sur l’ost royal. L’héroïsme du roi Louis permit de contenir le premier choc.
    Un jeune écuyer le sauva, paraît-il, du coup mortel que s’apprêtait à lui donner, de dos, un cavalier sarrasin. En s’interposant entre le roi et la lance.
    « Le nom de cet écuyer, messire Foulques, le connaissez-vous ?
    — Nenni, messire Bertrand. Ni les chroniques du sire de Joinville, ni les biographes de ma famille ne le citent.
    — Ah…
    — Moi, je sais ! intervint le frère dominicain, étonnamment bien instruit des affaires de ce pèlerinage.
    — Ah ? Ne vous faites point prier, frère Jean, parlez ! Si messire de Montfort permet cette interruption ? »
    Le chevalier hocha la tête et l’invita à répondre à ma question d’un geste de la main.
    « Nous avons déjà évoqué son nom, messires.
    — C’est bon, frère Jean. Ne nous faites point languir, intervint messire Foulques. »
    Frère Jean me fixa de ses yeux pénétrants :
    « Ce jeune écuyer était votre ancêtre, Hugues Brachet de Born, messire Bertrand. Il arborait sur son surcot des armes d’argent à deux chiens braques de sable passant et contrepassant l’un sur l’autre. Après avoir

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