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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Il réussit à manœuvrer pour se rapprocher du camp gardé par le duc de Bourgogne. Ce dernier fit établir en toute hâte un pont de bateaux.
    Lorsque les arbalétriers, qui n’avaient pas encore donné, apparurent, les Mameluks abandonnèrent le champ de bataille. C’était une victoire durement acquise et non décisive puisque cette fois encore, l’armée adverse n’était pas anéantie.
     
    Le surlendemain, à deux jours des ides de février, le 11 février 1250, les Mameluks appuyés par la piétaille égyptienne lancèrent un assaut général contre le camp des croisés. Par son sang-froid, le roi évita le pire. Les vagues successives d’assaillants vinrent se briser contre les lances. Les Mameluks renoncèrent à rompre cette muraille de fer.
    En réalité, ce furent la disette et la dissenterie qui détruisirent l’armée. En effet, les Égyptiens avaient saisi et détourné plus de cent navires qui transportaient des vivres vers le camp royal. Il n’était plus question de prendre Mansourah et encore moins Le Caire. La mort dans l’âme, le roi Louis se résigna à ordonner le repli. Son conseil lui suggéra de négocier avec le sultan Turanshah, le nouveau maître de l’Égypte. Dernier descendant de Salah-ed-Din, il avait succédé au sultan Aiyyub.
    Fils d’une esclave sarrasine, le sultan mulâtre était étrangement morne, cruel et taciturne. Il ne pouvait être abordé que s’il avait lui-même pris l’initiative d’interroger. Il dictait ses ordres par écrit, et au moindre prétexte exigeait, paraît-il, des massacres sanguinaires.
     
     

     
     
    « Qu’advint-il du comte de Montfort et de son protégé ?
    — Le roi avait accepté que son jeune protégé, comme vous dites, messire Bertrand, fut soigné par sa miresse elle-même, une dame très savante ès médecine, du nom de Hersent, qui avait accompagné la famille royale dans ce pèlerinage de la Croix.
    — La miresse du roi !
    — Oui, par Saint-Damien ! Louis, qui avait pleuré la mort de son frère Robert d’Artois, était reconnaissant à mon ancêtre d’avoir sauvé la vie de ce jeune orphelin dont la famille avait été égorgée par les Mameluks, apprit-il par la suite, lorsque les chevaliers avaient pénétré dans la cité de Mansourah.
    « Étaient-ils ivres de carnage ? Suspectaient-ils quelque trahison de la part de ces chrétiens maronites qu’ils toléraient mais considéraient comme des sujets infidèles et de basses conditions ?
    — Dame Hersent réussit-elle à le sauver ?
    — Joseph, tel était son nom, lutta entre la vie et la mort plusieurs jours. La miresse avait réussi à extraire la flèche qui l’avait atteint au moment où le comte de Montfort le hissait en selle.
    « Mais il en était résulté une forte fièvre d’Acre qui l’avait considérablement affaibli. Sans parler des risques de purulence, de scorbut et de dissenterie que connaissait l’armée franque menacée en outre de famine. Les gens manquaient de subsistances et les chevaux de fourrage {xi} .
    « Grâce aux soins attentifs que la miresse du roi lui prodigua jour et nuit, il se remit lentement de sa blessure.
    — Pardonnez-moi, messire Foulques, mais je ne vois toujours pas quel rapport le rétablissement de ce jeune chrétien maronite peut avoir avec notre voyage outre-mer ? » osai-je demander.
    — Soyez patient, messire, la patience est la fille…
    — Oui, messire, je sais, la patience est la fille de la sagesse, m’a-t-on dit récemment. Euh… veuillez me pardonner, messire Foulques. N’y voyez point offense. »
     
     

     
     
    Turan-shah amusa le roi avec des palabres qui n’en finissaient pas. Il savait que l’armée croisée était atteinte de maladies qui réduisaient considérablement sa force combative. Les vivres faisaient défaut, les hommes étaient exténués. De fortes chaleurs le jour, des nuits glaciales.
    Grelottant, le roi ne put bientôt plus tenir en selle. On l’emporta mourant dans l’humble demeure d’une bourgade âprement défendue par ses chevaliers les plus proches. Les barons syriens voyaient l’armée fondre de jour en jour, comme neige au soleil. Philippe de Montfort avait l’expérience des Sarrasins. Ils le dépêchèrent pour conduire les pourparlers.
    La retraite se poursuivait et l’on approchait déjà du port lorsque surgit un sergent d’armes du nom de Marcel qui cria aux barons : “Le roi ordonne de vous rendre avec toute l’armée, sans

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