Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
naturelle et s’enroula sur lui-même. L’aumônier général s’en saisit :
    « Merci. Je détiens là un autre parchemin qui indique le lieu exact où vos biens ont été gérés depuis l’ anno Domine mil deux cent soixante-dix, dit-il en tapotant sa boîte à messages. Ils valent, ce jour, quatre-vingt mil besants d’or sarrasinois.
    « Avant de vous le montrer, je vous prie de bien vouloir apposer votre seing et votre sceau sur la minute, ainsi que messire Bertrand. Alors, messire Foulques, votre décision ?
    — Soit, mon Père, je vois là moult remuements, mais je m’incline.
    — Bien messire, bien. Vous avez recouvré la raison. »
     
    Le chevalier venait de se rendre, en effet, non sans feindre une grande fâcherie. Mais il n’était point sot. Au fond, il valait mieux recevoir dix-huit mil livres tournois, que d’être occis en terre d’Allah. Ou conduit sur le bûcher.
    D’un rapide calcul, il résultait que le gardien du trésor des Montfort estourbirait huit mil livres, l’Aumônerie des pauvres glisserait trente-six mil livres dans ses caisses, soit la moitié du solde. À parité de change entre les besants d’or et la livre tournois.
    Mais le plus grand gagnant dans ce partage serait le baron de Beynac. Il se verrait remettre par le chevalier une somme équivalente à celle que ce dernier recevrait, soit dix-huit mil livres tournois, alors qu’il n’en avait baillé que cinq mil… L’opération avait été finement et secrètement négociée. Et rondement menée.
     
    Le père d’Aigrefeuille sortit de sa boîte à messages un petit encrier de poche, une plume et un récipient en cuivre dont la circonférence était à peine plus large que celle d’une hostie. Je crus qu’il voulait nous administrer le sacrement de la communion. Le récipient contenait de la cire qu’il réchauffa sur la flamme de la lampe à huile.
    Nous saisîmes la plume que nous trempâmes à tour de rôle dans l’encrier pour apposer notre seing sur le parchemin. Le père aumônier versa ensuite deux cachets de cire molle, et de l’index invita le chevalier à sceller son accord à l’endroit qu’il lui indiqua.
    Je retirai de mon doigt l’anneau qui portait mon sceau pour faire de même. La cire s’écrasa. Le parchemin était de bonne qualité. Il frémit un peu mais ne grésilla point.
    « Voyez-vous, messire Bertrand, il n’est point nécessaire de retirer sa bague pour apposer son petit sceau, insinua-t-il en pliant sa main pour écraser ses armes sur le troisième cachet de cire. Cela peut éviter bien des malheurs si, par le plus grand des hasards, vous veniez à l’égarer. N’est-il pas ? » surenchérit-il en me lançant un regard appuyé et perçant.
    Je baissai les yeux et me signai. Quel diable de moine pouvait avoir connaissance de telles choses ?
    L’aumônier général plia la minute pontificale in octavo et la brandit en me disant :
    « C’est à vous, messire Bertrand, que revient le privilège de conserver ce document en sûreté. Il supporte d’être mis en plis. Comme vous avez pu le constater, le parchemin utilisé par la Chancellerie pontificale est de bonne qualité.
    « Prenez-en grand soin. Si vous veniez à le perdre, personne ne pourrait rentrer en possession de ce qui revient à chacun des bénéficiaires. Il en va d’ailleurs de même de l’acte dont messire Foulques est porteur, et du troisième document dont je vais vous donner lecture et que je conserverai dorénavant par-devers moi.
    « Or donc, aucun fonds ne pourra être baillé sans que soient présentés simultanément les trois parchemins. Cette clause particulière est précisée sur l’acte que je vais porter à votre connaissance à présent que les formalités requises ont été accomplies. Et ne regrettez rien, messire Foulques. Votre obole aidera l’Aumônerie des pauvres à financer son activité charitable.
    « Nous distribuons entre six mil et trente mil petits pains par jour aux plus démunis, plus de quatre cents repas complets aux plus miséreux : des bouillies de pois et de fèves, un quart de livre de fromage, du poisson ou une demi-livre de mouton ainsi qu’une mesure de vin, sans compter les trois cents tuniques dont nous revêtons, chaque mois, les plus misérables…
    — J’ignorai l’existence d’une Aumônerie des pauvres. À fortiori, qu’elle administrât une telle œuvre de charité. Veuillez pardonner, père Louis-Jean, mon incrédulité. Mais tout de

Weitere Kostenlose Bücher