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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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hâte de r e partir,
le jeune responsable de la pénitentiaire lui annonça
qu'il allait devoir p a tienter.
    — Je
vais voir ce qu'il en est auprès de ma hiérarchie
et je reviens. A t tendez-moi.
Ne faites rien, je reviens au plus vite.
    — Comment
ça, attendre ? hurla le commandant, exaspéré par
ces lenteurs. Je dois repartir, moi, et les hommes dans les cales,
vous croyez que je vais pouvoir les tenir longtemps comme ça ?
    — Oui,
trancha froidement le jeune représentant qui en avait assez de
se faire rabrouer et comptait bien asseoir désormais toute son
aut o rité.
Vous attendrez parce que je ne vous donne pas le choix. Cette fois
nous sommes à terre et c'est moi qui donne les ordres.
    Pris
de court par ce ton cinglant, le commandant poussa un énorme
soupir qui en disait long sur son bouillonnement intérieur,
mais il lai s sa
le jeune homme s'éloigner sans intervenir.

11
    Accompagné
de l'officier local, sanglé dans son uniforme colonial blanc
qui lui donnait un air encore plus altier que c e lui
qu'il affichait déjà, très droit, le jeune
responsable de la p é nitentiaire
avançait d'un pas qui se voulait déterminé mais
il ne pouvait s'empêcher de regarder autour de lui avec
stupeur. Le long d'une bande de terre poussiéreuse
s'alignaient quelques b a raques
de bois recouvertes de tôles rouillées. Mais où
était-il tombé ? Machinalement il jeta un coup d'œil
rapide à ses pieds. Il avait à peine fait une dizaine
de mètres, et ses chau s sures,
qu'il avait pris soin de cirer, étaient déjà
toutes grises,
recouvertes d'une
couche de poussière terreuse. Il esquissa une grimace et
éprouva pour la deuxième fois une désagréable
i n quiétude
qui vint barrer son front clair.
    Louis
Dimez avait été élevé à Paris dans
la pure discipline d'une famille de militaires et de hauts
fonctionnaires, elle-même issue d'un m i lieu
bourgeois de propriétaires terriens de province. Ordre,
rigueur et discipline, il avait acquis les qualités que son
père jugeait esse n tielles
pour mener, au sein de l'administration pénitentiaire, une vie dévouée an service de la
France et de la morale. Marié à une jeune fille de la
bonne société, il venait d'être père pour
la deuxième fois et, à sa d e mande,
il avait été envoyé à
Saint-Laurent-du-Maroni. Louis Dimez souhaitait conforter par
l'expérience du terrain une formation qui devait le mener aux
plus hautes fonctions de l'administration pén i tentiaire.
Des supérieurs amis de sa famille avaient bien tenté de
le d é courager
de cette in i tiative,
l'avertissant des difficultés, mais il avait tenu bon,
estimant que chacun en ce monde devait accomplir sa part de labeur
difficile. Après des études exigeantes, qu'il avait
réussies brillamment, des années de sport pratiqué
assidûment à un haut n i veau,
Louis Dimez tenait à f i nir
ce parcours d'excellence en acquérant par la pratique une
totale et entière légitimité. Connu pour être
l'un des endroits les plus
durs et les plus violents ps y chologiquement,
le bagne la lui fournirait
    Aussi
en cet instant même, alors qu'il foulait le sol poussiéreux
et que mille questions se pressaient déjà dans sa tête,
il se retint de toute remarque déplacée sur les
défaillances de l'a d ministration
et continua à marcher comme si de rien n'était. Une
centaine de mètres plus loin, il arriva sur une autre bande de
terre tout aussi poussiéreuse que la première mais
pompe u sement
présentée cette fois par le gardien qui le conduisait
comme étant la « rue principale ».
    — Nous
y sommes, dit le gardien en désignant à l'extrémité
de la rue un ensemble de bâtiments. Et, ajouta-t-il en se
tournant pour dés i gner
l'autre extrémité, voici à l'autre bout de la
rue la maison de Dieu.
    La
mairie, le tribunal, la banque et l'église, rien ne manquait.
Louis Dimez, qui s'attendait au pire, fut rassuré. Solidement construite, la ma i rie,
tout comme le palais de justice et la banque, affichait un style à
la fois officiel et c o lonial
    «
Un étrange mélange, pensa-t-il Un peu trop original à
mon goût mais élégant. »
    Et
c'est d'un pas réconforté par la solidité des
murs officiels de la bâtisse, qui par de petits détails,
bien que très approximatifs, lui rapp e lait
celle de son administration parisienne, qu'il entra dans le bureau du
d i recteur
de Saint-Laurent-du-Maroni.
    Il
se présenta au gros homme qui se tenait assis derrière
un énorme bureau aux

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