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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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encore.
Impossible de bouger un seul doigt. Il ne put retenir un cri de
terreur. Mais personne ne pourrait l'e n tendre.
Il s'apprêtait pourtant à crier
plus fort encore et à appeler au secours quand il entendît
un crissement. Il dressa l'oreille, quelqu'un marchait. C'est là
qu'il vit des pieds s'arrêter à ha u teur
de son visage. Ne pouvant faire aucun mouvement, il se contenta de
tourner son r e gard
vers le haut, et il découvrit une femme qui le regardait avec
des yeux ahuris.
    — Vous
êtes vivant ? questionna Marie, incrédule, en se
penchant sur lui.
    — Oui
    Il
pouvait parler, nota-t - il
en son for intérieur. C'était déjà ça.
Et une femme était près de lui. Il ne se demanda même
pas qui elle était ni ce qu'elle faisait là. Il serait
temps de voir après. Mais lui, comment était-il arrivé
là ? La mémoire lui r e vint,
il avait vu deux hommes en train d'enterrer quelque chose, il s'était
approché pour comprendre ce qu'ils faisaient et avait pris un
coup derrière la nuque. Et il se retrouvait seul, allongé
en pleine jungle au cœur de la nuit... Romain savait ét a blir
un diagnostic. Les cervicales avaient été touchées,
mais il ne pouvait s a voir
jusqu'à quel point Suffisamment pour le p a ralyser,
mais pas assez pour qu'il ait perdu toutes ses capacités. Il
pouvait réfléchir, et pa r ler
normalement. En forçant, il sentit même qu'il pouvait
faire de tout p e tits
mouvements. Mais il ne fallait surtout pas bouger, c'était sa
seule chance
de ne pas aggraver les choses. En atte n dant
il devait tenir et il fallait que cette femme aille chercher des
secours. Le médecin-chef viendrait II serait peut-être
opérable, Romain réfléchissait à toute
v i tesse
en essayant de garder son sang-froid. Il ne se faisait pas d'ill u sion
sur les possibilités qui lui restaient de retrouver l'usage de
ses membres mais il ne voulait pas y penser. Il voulait d'abord
so r tir
de là le plus vite possible.
    — Écoutez,
dit-il calmement, je ne peux plus bouger... vous allez m'aider. Vous
devez aller... à Saint-Laurent... avertir le médecin-chef...
à l'h ô pital..
    Elle
hésita.
    — Vous
m'entendez ? Vous devez aller à Saint-Laurent...
    — Non.
    Il
n'en crut pas ses oreilles. Elle refusait, pas une seconde il n'avait
envisagé cette réponse.
    — Je
ne vais pas à Saint-Laurent, je vais de l'autre côté,
précisa-t-elle alors comme si elle était dans une
situation no r male
où quelqu'un lui aurait demandé un simple service. Il
avait du mal à comprendre. Que d i sait-elle
?
    — De
l'autre côté ? fit-il. Mais... où ?
    — Vers
l'autre ville.
    Il
tombait des nues. De quelle ville parlait-elle ? Il devina qu'elle
était la femme qu'il recherchait. Il n'y avait pas de femmes
blanches en pleine jungle. C'était donc pour elle qu'il se
retrouvait là, et elle, elle refusait de l'aider. Il comprit
que ça n'allait pas être aussi simple qu'il l'avait cru.
Il allait pou r tant
la décider. Après tout, ici, personne n'avait l'air
tout à fait normal. Il rassembla tout ce que son métier
lui avait a p pris
de calme et de psychologie.
    — Mais
de quelle ville parlez-vous ? demanda-t-il.
    — De
celle qui est de l'autre côté. Je sais que cette allée
des ba m bous
va quelque part, vers une autre ville, et c'est là que je
vais. Je ne peux pas retourner à Saint-Laurent.
    Romain
ne put retenir une affreuse grimace de douleur. Maintenant il devait
aller vite. Il ne s a vait
pas qui avait pu lui dire qu'il y avait une ville au bout de cette
allée, mais il était urgent de la détromper. Il
sou f frait atrocement
et ne pouvait
se permettre le
moindre faux mouv e ment.
Il essaya de ne pas paniquer et respira le plus lentement po s sible.
    — Il
n'y a pas de ville au bout de ces rails, expliqua-t-il d'une voix
épuisée. Il y a juste... un camp de bagnards... Le plus
affreux qui soit. Un camp de mort... C'est la jungle h u maine
là-bas... N'y allez pas...
    Une
jungle humaine ! Marie écoutait cette révélation,
anéantie et dubitative. Ainsi, à l'autre bout des
rails, il n'y avait pas la ville active et le port salvateur qu'elle
avait imaginé, mais un camp de mort et de boue ? Il mentait.
    — Vous
dites ça pour que j'aille à Saint-Laurent pour vous.
Mais je n'irai pas, je n'y retournerai pas, je vous l'ai dit. Ils
sont fous...
    — Je
vous jure qu'ils sont bien plus fous là-bas ! Je vous le jure
sur ma tête, sur ceux que j'aime, je vous en conjure,
croyez-moi... n'y allez

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