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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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l'autre direction. Le minu s cule
halo était là aussi, toujours au loin devant elle, et
il l'app e lait
de la même manière. Elle tourna vivement la tête à
gauche puis à droite. Il y avait deux halos de lumière,
chacun à sa place au fond des deux perspectives de l'allée.
Dans sa précipit a tion
elle n'y avait pas pensé. Bien évidemment, à
Saint-Laurent, elle ne voyait qu'une d i rection.
Il ne pouvait y avoir qu'un sens. Mais ici, elle était en
plein milieu de n'importe où. Quelle était la bonne dire c tion
? Il se pourrait qu 'elle
soit en train de faire marche arrière. Au lieu
de se diriger vers cette ville inconnue, elle était peut-être
tout bonn e ment
en train de revenir à Saint-Laurent. Cette découverte
la laissa sonnée, h a garde.
L'épuisement revint peser sur ses épaules comme du
plomb. Ne sachant que décider, n'ayant plus que très
peu de forces, elle se laissa tomber sur le talus au bord des rails,
silencieuse et i m mobile,
les yeux perdus dans le vide comme dans une immense cath é drale.
    Elle
y serait sans doute restée très longtemps s'il n'y
avait eu un bruit pour la sortir de sa torpeur. Un bruit qui lui
rappelait quelque chose. Mais quoi ? Elle tendit l'oreille. C'était
un roulement. Ou un frottement Impossible de dissocier l'un de
l'autre. C'était un frottement et un roulement, ensemble,
accompagnés de sons sourds. Quelque m a chine
sur les rails ? Mais il n'y avait pas de train à
Saint-Laurent. Et ces coups sourds ? Qu'est-ce que cela pouvait bien
être ? Elle chercha dans sa mémoire, rien ne lui vint.
Son cerveau manquait de nourriture et de sommeil, il ne répondait
plus. Elle vacilla, tenta de se retenir mais, sans qu'elle pût
rien faire pour les en empêcher, ses yeux se fe r mèrent
et elle s'écroula. Elle roula contre le talus et disp a rut
dans un bouquet de hautes fougères d'où s'enfuit un
animal inconnu, rampant et
effrayé. Après quoi elle plongea instantanément
dans un lourd sommeil.
    Sous
la voûte de verdure, juste avant que ne tombe la nuit, le
peuple de la forêt s'agitait, bruissant au-dessus de Marie qui
dormait profo n dément,
écrasée de fatigue, sous les fougères. Des
martins-pêcheurs passaient à vive allure, ainsi que des
h i rondelles
noir et blanc qui se dépêchaient d'attraper au vol
quelque sauterelle imprudente ou quelque insecte maladroit. D'étranges
coléoptères faisaient un bruit affreux, ils étaient
si lourds qu'on ne pouvait comprendre co m ment
ils parvenaient à se maintenir en l'air. Le sol aussi
bruissait d'activités i n tenses.
Des poux, des fourmis, d'invraisemblables insectes microsc o piques
de toutes sortes, plus surprenants les uns que les autres,
pull u laient
et partaient en chasse. De temps à autre un an i mal
apparaissait, surpris de se retrouver à découvert au
cœur de l'allée. Il ne s'attardait pas et disparaissait
à toute v i tesse
dans les épaisses broussailles. La pluie se mit à
to m ber.
Une pluie fine et pénétrante. Marie se réveilla,
trempée. Le temps qu'elle se rappelle oh elle se trouvait,
elle s'appr ê tait
à se lever quand elle entendit des voix d'hommes. Ils étaient
à deux pas. Ils ne pouvaient pas la voir, cachée dans
le talus en contr e bas.
Ils avaient tiré un corps d'une curieuse charrette posée
sur les rails et, de ce qu'elle en comprenait, ils se disputaient au
sujet de cet homme.
    — Il
ne faut pas le ramener, je te dis, expliquait l'un. Il va tout
r a conter.
    — Et
alors, on s'en fout .Tout le monde sait d é jà.
    — Oui,
mais celui-ci ne va pas en rester là, c'est un jeune, il va
vo u loir
remettre de l'ordre et les autres se croiront obliger de suivre. Je
les co n nais
    — Si
on le liquide, c'est pire. Faut pas oublier, c'est un toubib. Et les
toubibs ils sont sacrés pour la pén i tentiaire.
Ils ne vont pas aimer qu'on leur en supprime un.
    — Personne
ne saura que c'est nous.
    — Tu
parles !
    — Ils
ne pourront rien prouver.
    — Tu
crois qu'ils ont besoin de prouver quoi que ce soit ? On pa s sera
au billot, je te dis. Ça ne fera ni une ni deux, et le Chacal
se fera un plaisir de nous couper la tête.
    — Pourquoi
nous ? Ça pourrait être n'importe lequel d'entre nous.
    — Peut-être
mais nous sommes de corvée de chariot a u jourd'hui.
Et le toubib, c'est aujourd'hui qu'il est parti en forêt. T'as
compris ?
    — Qu'est-ce
qui 'a pris de le frapper ?
    — Il
m'a surpris. Je ne m'attendais pas à le voir surgir comme ça.
Et puis, qu'est-ce que tu

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