La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
très endommagé et certains points restent obscurs. Nous en avions trouvé la plus grande partie dans la boîte n° 54. D’autres morceaux se trouvaient dans le petit naos d’or et dans les boîtes 110 et 115. Nous en avions aussi retrouvé par terre, dans l’antichambre, le couloir et l’escalier.
La partie provenant de la boîte 54 nous donna grâce aux bordures supérieure et inférieure la forme du corselet, ainsi que sa hauteur. Cette dernière n’était d’ailleurs pas la même partout. Nous vîmes également que le rang supérieur de la collerette s’attachait aux bretelles, et que la collerette elle-même s’ajustait sur les épaules à l’aide de deux barrettes d’or. L’ordre exact des perles qui formaient la décoration de la collerette nous fut fourni par les morceaux découverts dans le naos en or, où se trouvaient également le pectoral et le contrepoids. Ils étaient tous deux incurvés à leur partie supérieure, pour leur permettre de s’adapter au collier. Outre celles des épaules, il y avait encore d’autres barrettes d’or, et les perforations qu’on y voyait, correspondant à celles des écailles, montraient qu’elles appartenaient au corselet proprement dit. Ces barrettes, creuses, se fermaient à l’aide de fines tiges d’or qu’on introduisait dedans, et servaient à fixer l’ornement en place. Notre reconstitution actuelle est purement expérimentale ; nous voulions simplement photographier l’ornement. En fait, le seul point douteux concerne la position des barrettes d’or. Se placent-elles sur le devant et le derrière du corselet, comme sur la photo, ou bien sur les côtés ? La raison pour laquelle nous avons choisi la première solution est que les barrettes sont de différentes longueurs, alors que les côtés du corselet sont égaux. Nous savons, par contre, que le devant et le derrière du corselet ne sont pas de la même taille. Il nous manque encore de nombreux morceaux que nous trouverons peut-être dans la chambre funéraire ou dans l’annexe.
Nous passâmes la plus grande partie de l’hiver à répertorier le contenu des boîtes et des coffres. Les objets importants étaient, en effet, plus faciles à traiter. Certains étaient en très bon état et n’exigeaient qu’un bon nettoyage. D’autres nécessitaient quelques petites réparations, ne serait-ce que pour leur permettre de voyager sans dommage. Au cours de notre travail, nous avions constamment recours à la boîte renfermant les balayures que nous avions ramassées sur le sol de l’antichambre et du couloir, après avoir retiré les objets. Il arrivait souvent que nous y trouvions tel fragment qui nous manquait. Nous n’avons pas touché aux chars, car nous n’avions pas assez de place pour nous en occuper. Il faudra attendre d’être au Caire pour les traiter et les remonter. La restauration et l’étude complète du mobilier de la tombe demanderont encore de longues années.
La saison finie, vint le moment d’emballer le matériel. Il fallait le protéger de la poussière aussi bien que des chocs qu’il pourrait subir. Chaque objet fut enveloppé de laine ou de tissu, ou des deux, avant d’être placé dans sa boîte. Les parties les plus délicates, comme le dossier du trône, les pieds des chaises et des lits, les arcs et les cannes, furent étroitement bandées. Les objets très fragiles, comme les bouquets funéraires ou les sandales, qui ne supportaient pas un emballage ordinaire, furent déposés dans des boîtes remplies de son. Nous prîmes grand soin de grouper les objets par catégorie, les tissus dans une caisse, les bijoux dans une autre, etc. Il peut s’écouler, en effet, une année ou deux avant qu’on ne déballe les caisses ; et nous nous épargnions de cette façon beaucoup de travail. Il y avait au total quatre-vingt-neuf boîtes, que nous distribuâmes, pour plus de sécurité, dans trente-quatre solides caisses de bois.
Restait à résoudre la question du transport. Un bateau à vapeur, envoyé par le Service des Antiquités, nous attendait sur le fleuve. Mais, entre le laboratoire et le Nil, il y avait près de neuf kilomètres de piste caillouteuse, semés de tournants raides et de déclivités dangereuses. Trois possibilités s’offraient à nous : faire voyager les caisses à dos de chameaux, à dos d’homme ou par le petit chemin de fer de Decauville. Nous décidâmes d’adopter cette dernière solution, qui nous semblait la plus sûre. Les
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