La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
mystère du poids, qui jusqu’ici nous avait troublés, était enfin éclairci. Cela expliquait également pourquoi il avait si peu diminué quand le premier cercueil et le couvercle du second avaient été retirés ; il fallait encore huit hommes vigoureux pour le soulever.
Le visage d’or était toujours celui du pharaon, mais ses traits étaient encore plus jeunes. Le décor rappelait celui du cercueil extérieur. Il était rishi avec les silhouettes d’Isis et de Nephtis, accompagnées de celles de Nekhebet et de Bruto, qui venaient en surimpression sur le décor du cercueil lui-même. Les incrustations étaient en pierres naturelles. Sur la collerette conventionnelle du « Faucon », également en cloisonné, il y avait un large collier double, amovible, composé de disques d’or rouge et jaune, et de faïence bleue, qui en rehaussait l’éclat. Mais les détails de la décoration disparaissaient sous une couche noire et luisante formée par les onguents liquides déversés à profusion sur le cercueil. C’est pourquoi cette pièce incomparable était endommagée – ce qui se révéla par la suite provisoire. De plus, elle était collée à l’intérieur du second cercueil, le liquide solidifié occupant tout l’espace compris entre le second et le troisième cercueil, et cela presque jusqu’à la hauteur du couvercle du troisième.
Cet onguent, dont on avait certainement utilisé une très grande quantité, était sans doute la cause des détériorations que nous avions remarquées en dégageant le cercueil extérieur. Car l’intérieur d’un sarcophage de quartzite pratiquement hermétique ne pouvait avoir été atteint par des influences extérieures. Le linceul et la collerette de fleurs et de faïence bleue étaient également détériorés. Ils avaient paru d’abord en bon état, mais ils se désagrégèrent au premier contact.
Le troisième cercueil et le corps du second furent alors transportés dans l’antichambre, où il était plus facile de les manipuler et de les examiner. C’est là que l’importance et la beauté de notre découverte nous apparurent réellement, quand cette pièce unique et merveilleuse, ce cercueil d’un mètre quatre-vingt-cinq de long, masse fabuleuse d’or sculpté, de deux centimètres et demi à trois centimètres et demi d’épaisseur, resplendit devant nous.
Notre premier objectif fut alors d’éviter toute détérioration et de protéger les incrustations du second cercueil. C’est pourquoi il fut décidé d’utiliser un procédé dont nous connaissions l’efficacité. Après l’avoir brossé légèrement pour retirer la poussière et nettoyé à l’eau chaude coupée d’ammoniaque, on le recouvrit, une fois sec, d’une épaisse couche de cire chaude appliquée au pinceau. La cire, en refroidissant, maintenait les incrustations solidement en place, ce qui nous permettait de manipuler le cercueil sans risques.
Ce problème résolu, il nous fallut encore découvrir le meilleur moyen de se débarrasser des onguents solidifiés qui non seulement recouvraient le corps du cercueil mais qui occupaient aussi l’espace compris entre les deux parois, les maintenant solidement collés l’un à l’autre et nous empêchant de poursuivre notre examen. M. Lucas analysa cette substance. Elle était noire et ressemblait à de la poix. Aux endroits où la couche était fine, comme sur le couvercle du cercueil, la matière était dure et cassante, mais là où la couche était plus épaisse (c’était le cas entre les deux cercueils), elle était molle et pâteuse. Son odeur chaude et pénétrante, parfumée et assez agréable, rappelait celle de la résine quand on la chauffe. Elle était d’ailleurs composée de matières graisseuses et de résine, mais on n’y décelait ni poix minérale ni bitume. Enfin le fait que cette substance eût coulé sur les bords du cercueil et se fût accumulée au-dessous prouvait bien qu’elle était semi-liquide au moment de son utilisation première.
Elle pouvait donc être liquéfiée de nouveau à la chaleur ou dissoute par certains dissolvants, mais, dans les circonstances où nous nous trouvions, aucune des deux méthodes n’était applicable. Nous décidâmes donc de soulever le couvercle et d’examiner le contenu avant de poursuivre nos travaux. Heureusement, la jonction entre le couvercle et le corps du cercueil était visible et malgré tout accessible, sauf aux pieds où les second et troisième
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