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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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métier et que je ne sois un objet d’épouvante et d’exécration. Que Violetta m’ait absous de mon passé, le pauvre cher ange au cœur d’or, cela ne me surprend pas… Oui, mais Violetta est un ange, et je suis le bourreau ! Je n’y puis rien. Et Violetta n’y peut rien non plus… Elle aime ce jeune homme. Qui est ce jeune homme ? Qu’importe ! Il l’aime lui aussi !…C’est sûr. Je l’ai bien regardé. C’est un noble cœur. L’amour déborde de ses yeux. Il est très doux… Elle sera duchesse d’Angoulême, fit-il tout à coup en riant. Il s’appelle Charles et il est duc d’Angoulême. C’est le fils du roi Charles IX… »
    L’espion lui vit faire un geste violent, puis remonter la berge et reprendre le chemin de la place de Grève.
    « Mais, rugissait Claude en lui-même, ce serait le dernier des débardeurs de Seine ! serait-il truand au lieu d’être duc ! serait-il fils de cabaretier au lieu d’être fils de roi ! qu’est-ce que j’y gagnerais ?… Où est le pauvre diable, si malheureux qu’il soit, qui consentira à vivre près du bourreau ? Où est l’amoureux, si épris qu’il soit, qui ne crierait à Violetta : C’est le bourreau qui t’a élevée ? Le bourreau t’a portée dans ses bras ? C’est le bourreau que tu appelles père ?… Tu portes des tâches sanglantes, fille du bourreau !… Et truand ou fils de roi, l’amoureux s’enfuirait avec une imprécation d’horreur… »
    Il atteignit la place de Grève et, à travers les groupes encore nombreux et agités, se dirigea vers le logis où il avait laissé Farnèse.
    — Le bourreau disparu… moi mort, tout change ! Il n’aura plus horreur de moi s’il sait que je me suis tué… Il n’aura plus que de la pitié… Oui, oui… il saura que je suis mort et qu’il peut aimer sans horreur… Un mot que je lui ferai parvenir à Orléans fera l’affaire… Et alors, Violetta pourra tout lui dire, si elle veut ! Elle sera heureuse malgré elle et c’est un bon tour que son papa Claude lui aura joué en se tuant… O ma fille bien-aimée, si tu savais avec quelles délices je vais mourir pour toi !… Sûrement, tu ne pleureras pas lorsque tu sauras la chose…
    Et il était vraiment radieux, sa monstrueuse figure noyée de larmes se nimbait d’une gloire de sacrifice, d’un rayonnement très doux, d’une sorte de majesté sereine… Il heurta le marteau du logis en se disant :
    « Farnèse !… En voilà un, par exemple, qui va être étonné de ce que je vais lui apprendre !… Que je déchire le pacte qui le lie à moi, que je lui pardonne, et que sa fille… sa fille !… oui, sa fille l’attend !… Il n’a qu’à aller rue des Barrés. A la bonne heure ! Voilà un père que Violetta peut avouer !… »
    Il n’y avait nullement dans ces derniers mots l’amère et sinistre ironie qu’on pourrait y voir. En toute humilité, le bourreau reconnaissait la qualité de père à l’homme qui, au pied du gibet où on traînait Léonore de Montaigues, n’avait pas eu le courage de prendre son enfant dans ses bras !…
    Farnèse n’avait été que la lâcheté… lui, il était l’horreur !…
    Le laquais noir vint ouvrir, le reconnut à l’instant et lui sourit.
    — Je veux voir monseigneur, dit Claude.
    — Montez, répondit le laquais.
    Claude passa et se mit à monter rapidement le large escalier. A ce moment l’espion qui l’avait suivi pas à pas entra à son tour dans la maison, et sans dire un mot au valet noir pénétra dans la loge, tandis que la porte du dehors était refermée. Là une troupe pareille à celle qui avait arrêté Farnèse attendait. Sans doute ces gens étaient là depuis le moment où Fausta avait écrit au cardinal. Ils étaient sept ou huit. L’espion leur fit un signe et ils le suivirent.
    Claude était arrivé à la porte de cette vaste salle où il avait attendu avec Farnèse. Il entra. A l’instant où, pensif, il franchissait cette porte, il se sentit brusquement saisi par les bras. Il eut à peine le temps de voir les gens qui l’entouraient ; dans le même instant, il se trouva dans une profonde obscurité : un sac d’épaisse toile venait d’être jeté sur sa tête.
    Claude était doué d’une force formidable. Il ne poussa pas un cri, ne dit pas un mot, mais d’un terrible roulis des épaules, pareil au sanglier coiffé qui secoue les chiens, il se débarrassa de l’étreinte ; en même temps, il étendait au hasard

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