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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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combattre ;
et ainsi te délivrer ? – Je vais te le dire : l’un est Gauvain, le neveu
du roi Arthur, l’autre est Yvain, fils du roi Uryen. C’est d’ailleurs à cause
de ce dernier que je suis condamnée à mourir. – À cause de qui, dis-tu ? –
À cause du fils du roi Uryen, seigneur, aussi vrai que je prie Dieu de me
secourir.
    — Mais qui es-tu donc ? demanda Yvain. – Je suis
Luned, la suivante de la Dame de la Fontaine. – Et moi, je suis Yvain, fils du
roi Uryen, et je te garantis que tu ne mourras pas. J’ai trop d’obligations
envers toi et, de toute façon, je ne laisserais jamais une jeune fille en
danger sans la secourir. Mais pourquoi te trouves-tu prisonnière ici et quels
sont ceux qui t’accusent ? – Je ne te le cacherai pas, seigneur. Il est
vrai que je n’ai pas épargné mes peines quand tu étais dans le besoin et en
grand danger d’être tué. J’ai fait aussi l’impossible pour te réconcilier avec
ma dame. C’est sur ma prière qu’elle a consenti à te prendre pour époux. Mais
quand il arriva que tu dépassas le délai qu’elle t’avait fixé, ma dame
ressentit beaucoup de colère à mon égard, car elle me rendait responsable de ta
forfaiture. Elle a cru de bonne foi que je l’avais trompée. De plus, le
sénéchal, un larron déloyal, rongé de jalousie et d’envie parce que ma dame m’accordait
sa confiance en maintes occasions, en profita pour mettre la brouille entre
nous. En pleine cour, il m’accusa de l’avoir trahie pour ton compte, Yvain. Je
n’avais d’autre soutien que moi seule, et je savais bien que je n’étais pas
coupable d’un tel crime. Alors, comme j’étais effrayée, et sans prendre conseil
de personne, je répondis que je me ferais défendre par un chevalier contre
trois. Et le félon se garda bien de repousser une telle épreuve. Quant à moi, je
ne pouvais plus me dérober et retirer mon offre. Je dus alors m’engager à
trouver, dans un délai de quarante jours, un chevalier qui soutiendrait ma
cause. – Et tu n’en as pas trouvé ? demanda Yvain. – Je suis allée à la
cour du roi Arthur, mais Gauvain était engagé dans une lointaine expédition. Et
personne n’avait de nouvelles de toi, Yvain, depuis que tu t’étais enfui le
jour où tu reçus le message de la Dame de la Fontaine. Et, après-demain, par ta
faute, je mourrai de mort honteuse et serai brûlée sans recours.
    — Certes, non ! s’écria Yvain. À Dieu ne plaise qu’on
te fasse du mal à cause de moi ! Tant que je vivrai, je te protégerai. Après-demain,
tu me verras ici, en ce même endroit, au moment où l’on viendra te tirer de
cette chapelle, et je serai prêt à combattre pour toi. Mais je te demande une
chose, Luned : ne révèle à personne qui je suis. De quelque manière que
tourne la bataille, fais en sorte qu’on ne me reconnaisse pas ! – Je
mourrais plutôt que de révéler ton nom, seigneur. Mais je te supplie de ne pas
revenir pour moi. Je ne veux pas que tu entreprennes une bataille si cruelle. C’est
ma faute, puisque je me suis vantée de pouvoir être défendue par un seul
chevalier contre trois. Je te remercie de ta promesse et de ton engagement, mais
je t’en tiens quitte. Il vaut mieux que je meure seule plutôt que de les voir
se réjouir de ta mort et de la mienne ! Car si tu étais tué dans ce combat,
je ne serais pas sauvée pour autant. Mieux vaut donc que tu restes vivant. – Je
ne reviendrai pas sur ma parole, répondit Yvain. Je combattrai tes accusateurs
et je serai vainqueur. »
    Cette nuit-là, Yvain ne voulut pas laisser Luned seule, abandonnée
à son angoisse. Il fit cuire de la venaison sur un feu qu’il avait allumé près
de la chapelle, et quand les tranches furent suffisamment rôties, il en passa
quelques-unes par la lucarne afin que Luned pût se restaurer elle aussi. Ils
mangèrent et s’entretinrent pendant de longues heures, tandis que le lion s’était
couché non loin de là et semblait monter la garde afin de prévenir son maître
de tout danger qui pourrait survenir. Mais, le lendemain, Yvain se sentit un
peu las. Il demanda à Luned si elle connaissait, aux environs, un lieu où il
pourrait trouver une nourriture abondante et un bon accueil pour la nuit
précédant le combat.
    « Oui, seigneur, répondit-elle. Tu n’as qu’à suivre la
vallée, le long de la rivière. Au bout de peu de temps, tu verras une très
belle forteresse, surmontée de hautes tours. Le comte à qui

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