Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
met pas en doute la réalité des
faits. Mais déjà, à travers un événement que l’on peut admettre comme
authentique, la présence de Marie-Madeleine est étrange. Serait-elle la seule,
parmi les apôtres, à croire à ce qu’affirmait Jésus, à savoir qu’il
ressusciterait le troisième jour ? Tous les apôtres, hormis Jean, sont
scandaleusement absents du Golgotha : pour eux, tout était perdu et il ne
leur venait même pas à l’esprit que Jésus pût ressusciter. Ils sont absents au
tombeau. Mais il y a Marie de Magdala – et si l’on en croit les synoptiques,
accompagnée d’autres femmes, ce qui ne modifie en rien le sens de la scène.
D’un point de vue strictement historicisant, tout cela est bien surprenant, et
le rôle de la femme comme premier témoin du corps glorieux de Jésus est singulièrement magnifié, à plus forte raison s’il s’agit d’une pécheresse
repentie. Et si la scène n’était que symbolique ?
    Entendons-nous : il ne s’agit ici aucunement d’affirmer
ou de nier la réalité d’une résurrection de Jésus, il s’agit seulement d’une donnée dont les composantes méritent réflexion. Or
cette réflexion est à la fois mythologique, alchimique, métaphysique et bien
entendu proprement religieuse, même si on peut y faire intervenir des éléments
psychologiques, ceux-ci étant inhérents au reste. Le Tombeau est le ventre de
la Terre, de la Terre-Mère, pourrait-on dire. On y a placé Jésus pour qu’il y
soit maturé, recréé, régénéré comme la Matière
première des philosophes. Corps inerte, soumis à la mort et à la décomposition
– mais de ce fait à la purification –, il va,
au terme d’une gestation symbolique de trois jours (en fait de quarante-huit
heures), surgir de l’athanor (ou de l’utérus de la Terre-Mère). C’est une naissance , un véritable accouchement .
Mais qui préside à cet accouchement ? une femme. Et ce n’est pas sa mère,
mais une autre .
    En somme, dans cette version symboliste du récit de la résurrection de Jésus, ce dernier est l’équivalent du dieu-lune
(qu’était à l’origine, d’ailleurs, le Yaveh hébraïque), autrement dit
l’Homme-Lune qui, dans son tombeau, est encore en proie à la nuit de
l’inconscience, dans les ténèbres de la non-réalisation de son sacerdoce royal . Si l’on admet cette identification,
que faire de Marie-Madeleine, sinon la Femme-Soleil, incarnation de la conscience
pleine et entière, qui fait surgir cette conscience dans l’inconscient de
Jésus-Lune sortant du tombeau, c’est-à-dire de la nuit indifférenciée ?
Marie-Madeleine, qui tient ici le rôle de la Nouvelle Mère, autre visage de la
Vierge Marie, porte sur elle des caractéristiques bien solaires. Et n’oublions
pas que nous sommes à l’aube du troisième jour. Dès lors, le parallélisme entre
cette scène évangélique et l’histoire de Tristan et Yseult (ainsi que de toutes
les femmes celtes) apparaît comme une évidence qui pourrait se passer de tout
commentaire.
    Cela risque de choquer terriblement. Mais qu’y faire ?
Yseult et Grainné, Guenièvre et Keridwen sont les aspects que prend parfois la
Déesse des Commencements, la Femme-Soleil sans laquelle aucun Homme-Lune ne
peut prendre conscience de son existence et de son sacerdoce
royal . Marie de Magdala, la mystérieuse Madeleine, comme la Vierge Marie
dont elle n’est que la nouvelle image, rajeunie et rajeunissante, est la
Femme-Soleil dans toute son intensité, sa splendeur et sa brûlure , qui permet au Christ d’accomplir les
Écritures, d’instaurer sur cette terre une ère où l’Esprit domine la matière
qui n’en est d’ailleurs que l’émanation (mais on l’avait oublié !). Marie
de Magdala, comme Yseult et toutes les héroïnes de la tradition celtique, est
celle qu’André Breton, sous couvert de la beauté, décrivait comme
« convulsive, érotique-voilée, magique circonstancielle » sous peine
de non-existence. Et d’insister : « Amour, seul amour qui sois, amour
charnel, j’adore, je n’ai jamais cessé d’adorer ton ombre vénéneuse, ton ombre
mortelle. Un jour viendra où l’homme saura te reconnaître pour son seul maître
et t’honorer jusque dans les mystérieuses perversions dont tu t’entoures [491] . » Ombre vénéneuse … N’est-elle pas l’ombre
d’Yseult, de Grainné, de Guenièvre, de Keridwen, et aussi de Marie de
Magdala ? N’est-ce pas pour cela qu’on a cru bon

Weitere Kostenlose Bücher