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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sa baguette. Finn en conclut que le
jeune garçon est le fils de Sadv et de lui-même, et il lui donne le nom d’Oisin
(Ossian), c’est-à-dire « le Faon » (R. Chauviré, Contes ossianiques , p. 102-106).
     
    La trame de ce récit comporte d’étranges analogies avec
l’histoire de Rhiannon et de Pryderi, avec celle de Goleuddydd et de Kulhwch.
En somme, Oisin est le Faon comme Kulwch était le marcassin, comme Pryderi
était le Poulain. Et de même que Goleuddydd était la déesse-truie, de même que
Rhiannon était la déesse-jument, Sadv sera la déesse-biche. Toute l’histoire
d’Oisin reste marquée par l’événement de sa naissance et par le fait qu’il a eu
une mère transformée en biche, une mère appartenant de ce fait à l’autre-monde.
Oisin sera poète, l’Inspiré par la divinité, et quand il mourra, ce ne sera pas
une mort véritable : le curieux assemblage fait au XII e  siècle des différentes légendes ossianiques,
l’ Acallam na Senorach (Colloque des Anciens),
raconte en effet comment Oisin est allé rejoindre sa mère dans l’univers
merveilleux des Tuatha Dé Danann.
    Cette déesse-biche, telle qu’elle apparaît dans le cycle de
Leinster, n’est pas inconnue de l’iconographie gauloise ou gallo-romaine. Nous
connaissons plusieurs statuettes représentant une femme portant des cornes de
cervidés, notamment celle conservée au British Museum de Londres : c’est
une déesse assise, portant sur ses genoux une corne d’abondance et sur son
épaule gauche une tête de bélier ; son visage est tout à fait humain,
seules des cornes de cerf jaillissent de sa chevelure [125] .
N’est-ce pas là le même personnage que la pauvre Sadv, épouse du dieu-chasseur
Finn, victime de la répression du druide Fîr Doirche, dont le nom signifie
« Homme Sombre », et mère d’Oisin, le jeune Faon ? On connaît
d’ailleurs une représentation d’un dieu gaulois sous l’aspect d’un jeune homme
dont l’une des oreilles est une oreille de cervidé [126] .
Il est possible que ce soit le même personnage que le fameux Ossian. Etant
donné que la religion des Celtes était répandue sur tout l’ensemble du
territoire occupé par eux, il n’est pas interdit de le penser, d’autant plus
qu’on a pu établir des rapports certains entre des divinités irlandaises
devenues des héros d’épopées littéraires et des divinité gauloises ou
gallo-romaines dont l’image est restée gravée dans la pierre, tel le dieu Lug,
héros des Tuatha Dé Danann et divinité tutélaire de Lyon ( Lugdunum ), ainsi que de Laon, Loudun et Leyde.
    Une autre mention littéraire de la déesse-biche se trouve
dans un texte français du Moyen Âge : il s’agit d’un des Lais de Marie de
France, qui, on le sait, brode sur des modèles bretons, et particulièrement
armoricains :
     
    Lai de Guigemar (roman courtois) : Le jeune Guigemar, fils du comte de Léon, est à la chasse.
« Dans l’épaisseur des grands buissons, il voit une biche et son faon que
l’aboi des chiens avait débusqués. C’était une bête
toute blanche, ayant sur sa tête les bois d’un cerf.  » Guigemar
lance une flèche qui blesse la biche, mais la flèche vient sur lui et lui
traverse la cuisse. La biche lui dit alors en gémissant : « Toi,
vassal qui m’as blessée, tu n’auras remède de ta blessure ! Ni par herbe,
ni par racine, ni par médecin, ni par poison, jusqu’à ce que celle-là te
guérisse, qui souffrira pour l’amour de toi plus grande peine que jamais femme
ne souffrit » (P. Truffau, Les Lais de
Marie de France , p. 9-10).
     
    Cette biche blessée qui parle et qui lance une malédiction,
c’est un être féerique, qui remplace, dans l’univers courtois et chrétien de
Marie de France, un être divin issu de la légende païenne primitive. On notera
que cette biche est blanche, qu’elle est accompagnée d’un faon, et surtout
qu’elle porte des bois de cerf. Ce n’est certainement pas par hasard que Marie
de France la décrit ainsi : comme dans tous les Lais, elle se réfère
toujours étroitement à un modèle déjà existant et si elle transpose ce qui
pourrait choquer des oreilles chrétiennes, elle transcrit fidèlement des
détails qu’elle juge de peu d’importance. Et il y a un autre détail qui est
essentiel pour nous : celui de la flèche qui revient et qui blesse
Guigemar à la cuisse. Or dans tous les textes courtois du XII e et du XIII e  siècles,
la blessure à la

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