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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Fontaine » : il
savait que cela suffisait. Mais si Chrétien a jugé bon de l’appeler
« Laudine », c’est parce que ce nom devait avoir une signification,
ou que le modèle qu’il a utilisé (modèle en langue brittonique, mais pas forcément
le même que celui du récit gallois) donnait un nom qu’il a mal compris ou mal
transcrit. Que signifie Laudine ? C’est assez difficile à
déterminer : on peut y voir la déformation d’un nom gallois contenant Ileuad , lune, ou bien un ancien awd , rivage, grève (bret. arm. aod ou aud en
vannetais) muni de l’article français, ou encore la mauvaise transcription d’un
l’ ondine , traduisant un mot celtique. Ce
dernier sens aurait l’avantage de se rapporter directement à l’élément
symbolique de la fontaine et ferait de Laudine une divinité aquatique, ce
qu’elle est de toute façon. Quant au nom de Luned (Lunete chez Chrétien), il
est très clair : c’est le mot gallois Llun (aspect, image) avec un suffixe. Luned serait alors l’un des aspects de
Laudine, son image, son double en quelque sorte, ce qui convient d’ailleurs
avec le rôle qu’elle joue dans la légende d’Owein-Yvain, rôle de servante-fée,
substitut de la Maîtresse qui reste dans l’ombre, Laudine, autrement dit encore
une fois Notre-Dame de la Nuit.
    J’ai dit ailleurs [140] que la Dame de la
Fontaine représentait la Mère Universelle, et que cela expliquait le geste de
l’Audacieux qui verse de l’eau sur le perron, tentative d’inceste, tentative de
retour à la vie intra-utérine. D’autre part, la complicité qui unit Owein-Yvain
à Luned est assez énigmatique. Étant donné qu’Owein-Yvain peut en un certain
sens être considéré comme le Fils-Époux de la Déesse-Mère Laudine, et que Luned
est le double de Laudine, ne faut-il pas en conclure que Owein-Yvain est le
frère de Luned, qu’ils sont tous deux les enfants de Laudine ? Nous
retrouverions là des personnages équivalant à Apollon et à Artémis, les enfants
de Lêto (Latone). Alors, est-ce Laudine ou Latone ? Nous allons voir que
cette idée est loin d’être dénuée de fondement.
    C’est Owein qui est la clef de toute cette interprétation.
Ce héros épique, où se mêlent souvenirs historiques et éléments mythologiques,
est loin d’être simple. Owein, fils d’Uryen, roi de Rheged, chef des Bretons du
Nord en lutte contre les Pictes et les Saxons, semble en effet un personnage
historique. Il est célébré avec Uryen dans la saga galloise de Llywarch-Hen [141] ,
et l’un des poèmes que l’on peut considérer comme authentique de Taliesin est
le « Chant de Mort d’Owein [142]  ». Mais autour
d’Owein et d’Uryen personnages historiques, se sont greffés des éléments
disparates empruntés aux plus lointaines traditions mythologiques, et ce sont
celles-ci qui vont nous éclairer.
     
    Les Corbeaux d’Owein (Pays de Galles) : Le roi Arthur et Owein ab Uryen se livrent à une partie
d’échecs. Pendant ce temps les serviteurs d’Arthur s’amusent à poursuivre les corbeaux d’Owein et à les massacrer. Trois fois
de suite, Owein demande au roi d’ordonner à ses serviteurs d’arrêter le massacre.
Arthur refuse de quitter le jeu. Alors Owein dit à un des siens « de lever
l’étendard au plus fort de la mêlée et advienne ce que Dieu voudra ». La
chose est faite et les corbeaux d’Owein se précipitent sur les gens d’Arthur,
les massacrant les uns après les autres. Trois fois de suite, Arthur demande à
Owein de faire cesser le massacre. Owein refuse de quitter le jeu. Enfin, il
ordonne d’abaisser la bannière et la paix se rétablit ( Le Songe de Rhonabwy , J. Loth, Mabinogion , I, 365-371). « Owein ab Uryen a
frappé les trois tours dans le vieux Cattraeth ; Arthur a craint, comme la
flamme, Owein, ses corbeaux et sa lance aux couleurs variées » (Llewis
Glyn Cothi, Myvyrian Archaeology of Wales , I,
140). « Owein resta à la cour d’Arthur… jusqu’à ce qu’il retournât vers
ses vassaux, c’est-à-dire les trois cents épées de la tribu de Kynvarch et la
troupe des corbeaux. Partout où il allait avec eux, il était vainqueur » ( Owein et Luned , J. Loth, Mabinogion , II, 45).
     
    Telle qu’elle est, l’histoire n’est guère compréhensible.
Mais deux textes continentaux en donnent la clef, pourvu qu’on veuille bien
aller jusqu’au bout des rapprochements :
     
    Quête du Saint-Graal (roman courtois) : Perceval lutte contre

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