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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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à l’ennemi, au nom de Dieu et de saint Georges…
    – Saint Denis, Bâle !… Saint Denis ! Laissons saint Georges aux Goddons !
    – Soit : saint Denis, sire… Car je suis certain qu’ils ne fuiront pas… Ils nous attendent.
    Le souverain, sans se détourner, demanda :
    – Qu’en pensez-vous, Richard ?
    – Cela me paraît sage, dit Blainville.
    – Et toi, Charles ?
    – Mon frère, plus vite nous occirons ces démons, plus vite nous serons de retour au palais… Tu es le roi : je t’obéirai…
    Philippe VI avisa devant lui un bicoquet dont le porte-plumail arborait une bottelée de plumes d’aigle :
    – Noyers !
    « Celui-là », songea Ogier, « déteste les Normands. »
    Miles de Noyers avait souvent essayé de rendre caduque la Charte garantissant leurs franchises. Si Godefroy d’Harcourt avait trahi, c’était en partie à cause de cet homme.
    – Sire ? demanda le Grand Bouteiller de France.
    Et menant son cheval vers le roi, il clignait ses gros yeux comme au sortir d’un cellier.
    – Que voulez-vous de moi ?
    Philippe VI réserva sa réponse ; il regardait les dos de fer, les bassinets, les pennons et les bannières. Il cria :
    – Beaujeu et Aubigny !
    – Sire ?
    – Vous deux avec Noyers et le Moyne de Bâle allez vous approcher des Anglais afin d’examiner leur convenant (385) … Nous déciderons, à votre retour, de ce qu’il convient de faire.
    Ogier se tourna vers Charles d’Alençon :
    – Puis-je me joindre à eux, monseigneur ?
    Il avait hâte d’observer cet ennemi qui par deux fois lui avait fait un accueil sans reproche.
    – Non, Fenouillet. Vous êtes à mon entier service. J’ai failli vous perdre à la Blanche-Tache… Vous demeurerez ainsi que votre écuyer… Sachez, puisque je parle de ce gué, qu’on n’a pas revu Godemar du Fay… Il doit être mort ou en captivité…
    « Occis ou prisonnier, peu me chaut ! »
    Les chevaliers galopaient déjà. Ogier, résigné, sentit le malheur prendre, au-dessus d’eux et de lui-même, une densité menaçante. D’où lui venait cette crainte confuse ? Si quelqu’un, ce samedi, avait à s’émouvoir, c’était bien le roi d’Angleterre.
    Il vit des clercs s’insinuer parmi les piétons ; tous tenaient le même langage :
    – Que chacun de vous se confesse et ne cache aucun péché !
    Les hommes s’agenouillaient, avalaient trois brins d’herbe, trois petites feuilles ou une pincée de terre tandis que du haut de leur roncin, certains chevaliers fulminaient :
    – Avancez, coquins !… Il n’est plus temps de penser à Dieu !
    Chevauchant lentement et s’arrêtant parfois, les rois, princes et grands barons attendirent le retour des quatre hommes. Philippe VI et son puîné s’entretenaient gaiement ; Blainville et Vertaing échangeaient des propos à voix basse.
    – Merdaille ! dit Thierry en désignant le ciel dans lequel un gros nuage cendreux commençait à se vider.
    – La terre va s’alourdir, compagnons, lança quelque part Jean IV d’Harcourt. Cela retiendra nos bêtes…
    Nul ne lui répondit, et comme l’ondée cessait, Aubigny, Beaujeu et le vieux Noyers réapparurent, suivis du Moyne de Bâle.
    – Messires, dites-moi tout !
    Voyant approcher le roi, les trois chevaliers de France s’arrêtèrent sur un même rang. Le Moyne de Bâle se tint en retrait ; Ogier lui trouva le visage changé : un pli dur scellait sa bouche et ses paupières battaient fort, comme s’il s’était brillé la vue à quelque spectacle effrayant.
    – À vous, Noyers, dit Beaujeu.
    – Mais non !… À vous.
    – À vous donc, Aubigny ! demanda Beaujeu.
    Ces hésitations mirent Philippe VI en fureur. Menaçant ses trois vassaux de son marteau d’armes, il hurla :
    – Trêve de courtoisies, messires !… Miles, parlez !
    Le Grand Bouteiller, les jambes tendues sur ses étriers afin, semblait-il, de dominer ses compagnons, sourit sous le cintre de sa coiffe emplumée :
    – Sire, ils nous ont laissé les approcher à moins de cent toises…
    Le vieillard calculait son effet ; le roi, lui, ne voulait plus attendre :
    – Beaujeu !… Merdaille, le temps nous presse !… Parlez !… Avez-vous de si mauvaises choses à me rapporter que vous n’osiez ouvrir la bouche ?… Soit !… Soit !… Je pressens qu’elles sont… euh… difficiles… Alors, à vous, Bâle… Vous êtes vaillant et ouvert : prenez la parole !
    L’homme lige du roi de

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