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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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Rends-moi à
mon destin à présent. Bénis-moi, mon frère.
    Jean s’agenouilla. Pierre en avait la gorge nouée. Il fit le
signe de croix.
    — Que Dieu te garde !
    Ce furent les dernières paroles qu’il prononça avant de
remonter à bord. Longtemps après la disparition de la voile latine sur l’horizon,
Jean sembla s’éveiller d’un interminable sommeil. Hercule lui léchait le visage.
Son cheval s’impatientait.
    — Tu as raison ! Quittons au plus vite ce pays de
brumes ! s’exclama Jean en l’entraînant vers le nord de la cité.
    Une heure plus tard, ils abordaient le continent. Le village
de huttes et de masures qu’était Mestre abritait des milliers de colons rêvant
de Venise. Au-delà du marécage qu’elle traversait, la route se séparait en deux
tronçons. À l’ouest, il y avait Padoue et plus loin encore la Provence ;à l’est Tri este marquait la frontière entre les empires. Pendant un
bref instant, il fut tenté par le levant ; puis il claqua la croupe d’Hercule.
    — Nous allons suivre le soleil dans sa course ! Allez !
Va ! Et arrête-toi lorsque l’odeur des thyms et des romarins te
chatouillera les naseaux. Le pays nous rappelle, il y a là-bas des belles à
conquérir !
    Le destrier emporta le chevalier. La vitesse les exaltait. La
vie était si extraordinaire, si pleine, si grisante ! L’amour de l’aventure
les guidait. Ardents, ils retrouvaient le chemin du Graal. Peu importait ce qui
les attendait au bout de la route poudreuse, ils étaient prêts à affronter
mille dangers.

25
    Othon d’Aups et sa troupe encadraient les onze lourds
chariots chargés de coffres. La Sainte-Baume se dressait fière devant eux. Ses
flancs bosselés étaient battus par la pluie violente. Les nuages drainés par le
vent d’est s’étaient accumulés à ses sommets, la couvrant d’une tiare noire et
maléfique. Il neigeait là-haut ; décembre s’annonçait froid. Cette
tourmente rassura le commandeur qui, dans sa grande prudence, avait attendu le
moment propice pour cacher le trésor dans les entrailles de la montagne sacrée.
Les trésors du Temple répartis dans des lieux secrets constitueraient des
réserves en prévoyance de temps plus difficiles. Les endroits avaient été
judicieusement choisis par le Grand Maître du Temple et les maîtres des
Provinces. On avait juré sur la croix de ne point révéler l’existence de ces
cachettes, fût-ce sous la torture. Othon observa ses hommes : il était
confiant. Leur loyauté et leur attachement à l’Ordre n’avaient d’égaux que leur
foi et leur amour en Jésus-Christ.
    Othon poussa son cheval à grimper sur un tertre. De cette position,
il pouvait voir les cabanes des bergers de Riboux, mais pas au-delà, le rideau
oblique de la pluie était trop dense. Le paysage noyé sous les eaux s’était
dilué dans la tempête. Il essaya d’apercevoir la tour de Meynarguette où il
avait laissé sa fille et la géante. Il sentit son cœur battre plus fort, son
sentiments pour Aubeline s’étaient révélés quand il l’avait retrouvée après
toutes ces années. Elle s’était épanouie, elle était d’une beauté sauvage et
farouche ; elle avait beaucoup pleuré entre ses bras avant de lui adresser
des regards de reproche. Un jour, elle l’avait défié à l’épée et il avait
répondu à son attente en acceptant le duel. Le combat avait duré longtemps. Il
avait fini par l’emporter, mais il se doutait qu’elle l’avait laissé gagner
pour qu’il ne perdît pas la face devant ses hommes.
    Une larme se forma au coin de son œil. Ce n’était pas digne
d’un templier. Il offrit son visage basané à la pluie qui lava ses remords. Derrière
lui, les chariots peinaient sur le chemin pentu et caillouteux. Bientôt, on
allait devoir les abandonner et continuer à pied en portant les coffres. Il
estima qu’il leur faudrait deux heures pour atteindre la minuscule entrée de la
grotte située à droite du col menant à la chapelle des Saints-Anges. La grotte
communiquait avec le dédale souterrain qui étendait ses ramifications jusqu’à
la mer entre Cassis et La Ciotat. À l’adolescence, il avait découvert ce
passage, puis exploré une infime partie des souterrains de la Sainte-Baume où grondaient des torrents furieux. Il se remémora, non sans effroi, cette
descente aux enfers. Il s’était muni d’une croix, d’un talisman des sorcières
de Signes la Noire et de la médaille de la Vierge ayant

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