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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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n’étaient pas des amis ordinaires. La lune découpa leurs
silhouettes massives, leurs heaumes rivetés et bosselés. Hugon reconnut leurs
blasons et mit un nom sur chacun d’eux. Liénard d’Ouches, Conan de Montfort, Othe
d’Auxerre, Gilbert de Bouville, Etienne de Borron, Robert de Béthune, Bonneval
du Pont et Beraud le Lion formèrent un arc de cercle face au comte des Baux et
lui rendirent une sorte d’hommage en abaissant leurs lances.
    Hugon les contempla un à un, et un à un ils évitèrent le
regard terrible que la nuit ne parvenait pas à cacher.
    — Vous avez failli ! leur dit-il soudain en s’approchant
de leur chef, Liénard d’Ouches.
    Ce dernier gardait le silence. Hugon heurta l’écu à la rose
noire avec son gantelet.
    — Je vous avais pourtant largement payés, il me semble !
Vous avez soudoyé une troupe mal aguerrie pour exécuter le travail à votre
place. Tout ce temps perdu pour la mort d’une dame sans importance. Qu’as-tu à
dire pour ta défense ?
    — Que tu aurais dû tripler la prime ! répondit
Liénard. Avec beaucoup plus d’or, nous aurions engagé plus de mercenaires. Signes
est un fief bien défendu ; il compte plus de trente chevaliers et cinq
cents hommes d’armes et je n’y ajoute pas les soldats de Méounes, de Belgentier,
de Cuges, de Mazaugues et d’Evenos dont les châteaux sont à moins d’une
demi-journée de marche de la cour d’amour. On y a vu même des templiers ces
dernières semaines, quarante lances commandées par Othon d’Aups, le père d’Aubeline
d’Aups qui tient fermement la bastide fortifiée de Meynarguette.
    Hugon plissa les yeux. Les templiers étaient partout depuis
l’échec de la deuxième croisade. Ses espions lui avaient signalé dans le Razès
wisigoth au sud de Carcassonne la venue de deux cents lances menées par un
maître de l’Ordre. Il avait craint que les templiers ne s’allient avec le comte
de Barcelone, mais les chevaliers à la croix pattée s’étaient installés dans la
plaine de Couiza pendant dix jours avant de repartir pour Narbonne. Il tirerait
au clair ces histoires de templiers plus tard et écouta Liénard qui tentait de
se justifier :
    — … difficile de s’aventurer sur la Sainte-Baume sans être vu. La montagne et les collines alentour grouillent de manants, de
bergers, de charbonniers, de cadiers et de tailleurs de pierre à la solde de
Bertrand de Signes. La chance a été avec nous quand la dame de Posquières s’est
rendue à Auriol, nous… Je dis nous parce que nous y étions tous contrairement à
ce que tu crois ! Nous l’avons mise en pièces avec ses gens avant de nous
replier sur Aix. Certes, quelques-uns des imbéciles que nous avions recrutés se
sont fait surprendre vers Fuveau après s’être séparés de nous, mais ils
ignoraient tout de toi. À présent, les dames se déplacent avec moult gardes et
les seigneurs de la région ont fait vœu de défendre la cour d’amour. Ne t’en
déplaise, ta mère peut à tout moment lever une armée contre laquelle toutes tes
forces réunies ne pourraient rien.
    — Ma mère n’a aucune raison de marcher contre moi !
tempêta Hugon.
    Cette idée l’avait déjà traversé. Cependant, il n’avait rien
à redouter. Sa mère, cette truie acariâtre, ignorait tout des sombres desseins
qu’il nourrissait. Sur ce point, il était naïf. Il avait oublié que sa mère
avait été élevée dans une atmosphère de complots et de trahisons et qu’elle s’y
était adaptée, usant à son tour des méthodes tordues de ses ancêtres. La mort
de dame Hermissende, il s’en était réjoui, même si cette disparition n’affectait
guère les forces de Signes. Il l’avait fêtée jusqu’à l’ivresse. Il aurait donné
cent chevaux et mille deniers d’or aux braves capables de lui apporter les
têtes des huit autres dames. Il sonda Liénard jusqu’à l’âme. Le chevalier à la
rose noire n’avait peur de rien ; il descendait d’une lignée franque venue
des brumes du Nord. En lui coulait toujours le sang des Barbares qui avaient
franchi le Rhin, écrasé les derniers Romains, les Wisigoths et les Burgondes. Certes,
il se disait chrétien, mais son âme n’était qu’épines et noirceur.
    Hugon avait devant lui un ilote en armes. Tout être avait un
prix et il était prêt à payer pour s’enchaîner celui-ci jusqu’en enfer.
    — J’en conviens. J’ai mésestimé les dangers de votre
mission. La cour d’amour est bien

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