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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dégoût. D’ailleurs ils faisaient cela machinalement. Ils n’avaient aucun soupçon.
    – Qu’est-ce que c’est que cette affreuse piquette ? dirent-ils.
    – Sans doute un fond de bouteille qui s’est aigri, expliqua Fausta le plus naturellement du monde.
    Elle prit une autre bouteille, remplit de nouveau les gobelets, en disant :
    – Voyons s’il en est de même de celle-ci.
    Ils se méfiaient maintenant, non pas d’elle, mais du vin. Au lieu de vider le verre d’un trait, selon leur habitude, ils goûtèrent avec circonspection. Ils se rassérénèrent.
    – Va bien ! sourit Escargasse qui reprit les cartes.
    – A la bonne heure ! dit Gringaille. Et, prudent :
    – Evitons les fonds de bouteille, désormais.
    L’incident n’eut pas d’autre suite. Ils reprirent la partie. Au bout d’une dizaine de minutes, Fausta, qui les observait à la dérobée, eut la satisfaction de constater que la drogue qu’elle leur avait fait prendre commençait à produire ses effets : ils vacillaient comme s’ils avaient été ivres, ils dodelinaient de la tête, bâillaient à se démonter la mâchoire, ils faisaient des efforts désespérés pour maintenir ouvertes les paupières qui s’obstinaient à vouloir se fermer comme si elles étaient devenues soudain de plomb.
    Ils sentaient bien qu’ils n’étaient pas à leur aise. Ils n’eurent pas le temps de se rendre un compte exact de la nature du malaise qu’ils éprouvaient. L’effet final se produisit avec une rapidité presque foudroyante, sur Escargasse d’abord : brusquement, son buste fléchit. Il essaya de se raccrocher à la table, n’y réussit pas, glissa de l’escabeau sur lequel il était assis, roula sur les dalles et y demeura immobile.
    Il n’était pas mort cependant, car, aussitôt, il se mit à ronfler.
    En voyant Escargasse rouler à terre, une lueur d’intelligence s’alluma dans l’œil trouble de Gringaille. Il est probable qu’il comprit alors que la « damnée princesse » avait fini par les entortiller, tout Parisiens de Paris et tout vieux renards qu’ils se fussent proclamés. Trop tard, il fit un effort désespéré pour se redresser, ses lèvres s’agitèrent doucement, mais ne laissèrent passer aucun son. Et il tomba près de son compagnon. Et, comme lui, il se mit à ronfler.
    Fausta se leva. Son premier geste fut pour consulter sa montre. Et elle sourit. Elle fit un signe aux deux estafiers qui, jusque-là, s’étaient tenus étendus sur leurs paillasses, dormant… ou faisant semblant de dormir. Ils sautèrent sur les deux ronfleurs et commencèrent par les désarmer. Pendant ce temps, Fausta interrogeait avec son calme immuable :
    – Combien de temps vont-ils dormir ainsi ?
    – Ils en ont au moins jusqu’à quatre heures de l’après-midi, précisa d’Albaran.
    – Il est à peine neuf heures, calcula Fausta ; à quatre heures, j’aurai depuis longtemps terminé ma besogne, je l’espère. N’importe, il faut tout prévoir, même l’impossible. Tu les garderas jusqu’à huit heures du soir.
    Les deux estafiers lui présentèrent respectueusement les deux rapières qu’ils venaient d’enlever à Gringaille et à Escargasse, ainsi que deux solides poignards qu’ils avaient trouvés dans une poche intérieure du pourpoint. Elle choisit celle des deux rapières qui lui parut la meilleure et la ceignit sur-le-champ, sans que, sur son visage impassible, il fût possible de découvrir la moindre trace d’émotion ou de satisfaction. Et elle leur demanda s’ils se sentaient assez solides pour la seconder. Sur leur réponse affirmative, elle les étudia d’un coup d’œil rapide. Son choix fut aussitôt fait :
    – Prenez cette épée, dit-elle à l’un. Vous me suivrez à Paris. Et à l’autre :
    – Prenez ce poignard. Vous veillerez sur votre chef jusqu’à ce que la litière que je vais lui envoyer soit venue le chercher.
    D’un geste, elle les rassembla auprès d’Albaran et elle leur donna ses instructions, claires et précises, comme toujours, qu’elle leur fit répéter pour s’assurer qu’ils avaient bien compris. Elle consulta de nouveau sa montre.
    – Attention, dit-elle, l’hôtelier ne va pas tarder à descendre. Elle et eux se tinrent prêts à exécuter la manœuvre concertée d’avance. L’homme au poignard, son arme au poing.
    Quelques minutes passèrent. L’hôtelier ne parut pas. Elle s’assura que, dans son impatience, elle ne s’était pas

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