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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avoir avalé quelques gorgées :
    – Passable, dit-elle.
    Et elle déposa le gobelet à demi plein devant elle.
    Ils bavardèrent de nouveau. Escargasse et Gringaille n’avaient plus la moindre inquiétude maintenant. Fausta semblait avoir pris son parti de sa mésaventure. Ils se disaient que c’était ce qu’elle avait de mieux à faire, puisqu’elle ne pouvait plus compter sur eux pour lui ouvrir la porte. En admettant même qu’ils se fussent grisés au point de rouler sous la table – ce que d’ailleurs ils étaient bien résolus à ne pas faire – ils pouvaient être bien tranquilles. Après s’être montrés méfiants à l’excès, ils devenaient trop confiants.
    Ils avaient sorti des cartes de leur poche, sur la demande de Fausta elle-même. Et elle s’était mise à jouer avec eux. Si Pardaillan, qui la connaissait si bien, avait pu la voir en ce moment, il eût, assurément, été saisi de stupeur et d’admiration devant ce joueur forcené et grincheux, qui disputait âprement sur les coups qui lui paraissaient douteux ; qui commettait école sur école, et s’emportait, martelait la table d’un poing furieux, lâchait des bordées de jurons à faire frémir un corps de garde à chaque coup qu’il perdait ; et qui, sournoisement, mais avec une maladresse qui, à chaque fois, le faisait prendre sur le fait, s’essayait à tricher.
    Il va sans dire qu’elle perdait. Eux, n’entendaient pas malice, triomphaient bruyamment à chaque faute qu’elle commettait, jubilaient en voyant qu’un petit tas d’or commençait à s’amonceler devant eux, se disaient avec satisfaction qu’en somme la journée se passerait plus vite et plus agréablement qu’ils ne l’avaient pensé, à boire, à manger, à jouer et… à empocher quelques belles pistoles.
    Cela dura ainsi environ une demi-heure. Au bout de ce temps, d’Albaran, sur son lit, commença à s’agiter et à gémir. Tout à leur partie, ils n’y prirent pas garde d’abord. Les gémissements d’Albaran redoublèrent, se haussèrent de plusieurs tons. Tant et si bien que Gringaille et Escargasse finirent par les entendre. Car – et ceci était la suprême des habiletés – elle se montrait si acharnée au jeu qu’elle oubliait tout et qu’ils durent lui faire remarquer que le blessé avait certainement besoin de soins et qu’il fallait interrompre un instant la partie. Elle y consentit, d’assez mauvaise grâce.
    Ils se levèrent, riant de sa mauvaise humeur. Ils allèrent au blessé, le visitèrent, constatèrent que le pansement était déplacé, qu’il fallait le recommencer.
    – Patientez un peu, dirent-ils, nous en avons pour cinq minutes.
    Ils s’activèrent en conscience, sans plus s’occuper d’elle, sans méfiance aucune.
    Elle se leva, et, comme pour se donner une contenance, elle remplit les trois verres. Elle tourna légèrement la tête de leur côté. Elle les vit penchés sur d’Albaran, tout occupés de lui, lui tournant le dos, à elle. En gestes souples, d’une vivacité extraordinaire, et cependant méthodiquement calculés et exécutés, elle se pencha sur leurs deux verres et leva la main au-dessus de ces verres.
    Dans cette main, elle tenait l’objet qu’elle avait pris dans la poche d’Albaran : un minuscule flacon rempli d’une liqueur blanche, claire comme de l’eau. Au jugé, elle laissa tomber environ la moitié du contenu du flacon dans un verre et vida le reste dans l’autre.
    Posément, avec un calme qui avait on ne sait quoi de formidable et de sinistre, elle se redressa, recula de deux pas, remit tranquillement dans sa poche le minuscule flacon vide, pivota sur les talons, s’approcha d’eux. Elle avait repris ce masque d’étourneau qui les avait si bien dupés jusque-là. Elle adressa, d’un air enjoué et comme distrait, quelques banales paroles d’encouragement. Seulement, sur leur dos, elle lui avait adressé un léger signe de tête qu’il avait très bien compris. Et il avait ébauché un sourire.
    Le pansement achevé, tous les trois reprirent leur place autour de la table. Et tous les trois avec la même satisfaction qui, chez Fausta, n’était pas feinte cette fois.
    Dès qu’ils furent assis, Fausta saisit son gobelet, le choqua contre le leur, porta leur santé : ce qui était une manière de les obliger à vider leur verre. Ce qu’ils firent en effet. Seulement, après avoir bu, ils firent la grimace. Et ils regardèrent le fond du gobelet avec une lippe de

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