Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
trompée d’heure. Non, elle n’avait pas fait erreur. A coups de pommeau d’épée, ils se mirent à marteler la porte. En même temps, tous les trois, ils appelaient de toutes leurs forces.
    Maître Jacquemin ne parut pas davantage.
    – Ce misérable hôtelier aura oublié l’heure, dit-elle. Attendons. C’est à peine si on percevait une pointe de contrariété dans son accent.
    Pourquoi se serait-elle énervée et inquiétée ? Elle avait du temps devant elle, plus qu’il ne lui en fallait. Certes, elle eût préféré se voir dehors, au grand air, et libre, mais enfin, ce n’était que partie remise. Remise d’une heure tout au plus.
    Oui, mais cette heure passa, et la suivante et celle d’après sonnèrent également sans que l’hôtelier eût donné signe de vie. Et cependant les deux hommes de Fausta menaient, presque sans arrêt, un tapage infernal qui ne pouvait pas ne pas être perçu à l’étage au-dessus.
    D’autres heures suivirent implacablement, tombèrent une à une dans le néant, sans apporter aucune modification à cette angoissante situation. Puis le moment vint où, selon le calcul d’Albaran, Gringaille et Escargasse devaient sortir de leur sommeil léthargique. On les attacha solidement, on leur appliqua une serviette sur la bouche, en guise de bâillon.
    Ils se réveillèrent, en effet, demeurèrent un moment avant de se rendre compte de leur situation réelle, puis, ayant complètement repris possession d’eux-mêmes, ils se virent pris à leur tour, réduits à l’état de saucissons convenablement ficelés. Ils firent des efforts désespérés pour se débarrasser des liens qui les entravaient. Voyant qu’ils ne réussissaient pas, ils se résignèrent, avec d’autant moins de peine qu’ils avaient la satisfaction de constater que la « damnée princesse » qui s’était donné un mal infini pour se débarrasser d’eux, n’avait pas réussi à se faire ouvrir la porte. A défaut d’autre, ils se donnèrent du moins la satisfaction de faire peser sur elle un regard railleur où se lisait la joie féroce que sa déconvenue leur causait.
    Dire l’effroyable colère qui s’était abattue sur Fausta nous paraît superflu. Cependant cette colère, chez elle, ne se manifestait pas par des signes extérieurs autres que par une certaine pâleur et une fulguration d’éclair dans ces yeux qu’elle savait rendre d’une si angoissante douceur quand elle le voulait. Elle ne disait pas un mot, ne faisait pas un geste, se tenait comme pétrifiée sur le siège où elle s’était assise. Mais on sentait que si cette épouvantable colère qui grondait en elle trouvait un prétexte pour éclater, elle se manifesterait infailliblement avec la force et la puissance destructrice d’un cyclone dévastateur.
    Enfin, vers six heures du soir, au moment où, probablement, elle avait perdu tout espoir, son oreille, tendue avec une attention exaspérée, perçut un léger bruit, lointain encore.
    Instantanément, elle fut sur la porte, sur laquelle elle frappa deux ou trois coups.
    – Voilà ! voilà ! répondit la voix encore éloignée de maître Jacquemin.
    Elle lui laissa le temps d’approcher, et quand elle sentit qu’il était derrière la porte :
    – Ah ça ! maître drôle, vous nous avez donc oubliés ?
    Et, par un effort de volonté vraiment admirable, sa voix n’avait pas le moindre accent de menace de nature à effrayer l’homme qu’elle eût voulu poignarder de sa propre main et à lui donner l’éveil. Non, dans son accent, on ne percevait que la mauvaise humeur du client mécontent, et à juste raison, de se voir mal servi.
    – Pardonnez-moi, monseigneur, s’excusa maître Jacquemin, j’ai dû m’absenter pour une affaire importante. Je pensais en avoir pour une heure ou deux tout au plus et…
    – C’est bon, c’est bon !… interrompit Fausta. Je n’ai plus de vin d’Anjou et j’étrangle de soif. Apportez-m’en d’autre.
    – Tout de suite, monseigneur, tout de suite !
    Deux ou trois minutes passèrent qui, à Fausta, au paroxysme de l’énervement, parurent plus longues peut-être que les longues, les mortelles heures qu’elle venait de vivre.
    Enfin, elle entendit le pas lourd de l’aubergiste qui se rapprochait, le bruit de la clef qu’on introduisait dans la serrure, le grincement du pêne, une fois, deux fois…
    Et maître Jacquemin, sans méfiance aucune, les bras chargés de flacons, reçut en pleine poitrine le lourd

Weitere Kostenlose Bücher