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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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La Gorelle allait sur ses talons et la couvait d’un regard chargé de tant de cruelle ironie que si elle s’était brusquement retournée, si elle avait pu surprendre ce pétillement mauvais de chatte qui joue avec la souris prise, elle eût été fixée du coup, elle eût immédiatement fait demi-tour, jugeant inutile de pousser plus loin l’expérience.
    Mais Florence ne se retourna pas, continua son chemin. Elles traversèrent la cour sillonnée de visiteurs, de gentilshommes de service, de laquais chamarrés. Et les gens de la maison qui reconnaissaient la jeune fille la saluaient respectueusement au passage. Personne ne fit mine de l’arrêter. Elles n’étaient plus qu’à quelques pas de la porte monumentale, grande ouverte. Le cœur lui sautant dans la poitrine, Florence, frissonnante de joie et d’espoir, sous son calme apparent, s’approchait de plus en plus de l’arche béante, en se disant que dans quelques secondes elle serait dans la rue, ayant reconquis sa liberté.
    Derrière elle, La Gorelle souriait toujours de son sourire visqueux et plus que jamais ses yeux pétillants d’une joie mauvaise, triomphante.
    Sur le seuil de cette porte que Florence atteignait, plusieurs des ordinaires de Concini se tenaient, groupés de telle sorte qu’ils semblaient interdire le passage. Cette disposition inquiétante n’échappa pas à la jeune fille. Elle allait quand même tenter de passer au milieu de ces gentilshommes. Elle s’arrêta interdite : parmi eux elle venait de reconnaître Rospignac.
    Juste à ce moment, le baron l’aperçut de son côté – ou parut l’apercevoir seulement à ce moment. Il se détacha du groupe et, le chapeau à la main, s’avança vivement, s’inclina galamment devant elle, et, dans une attitude de respect irréprochable, baissant la voix :
    – Vous désirez sortir madame ? dit-il. Et, souriant, galant, empressé :
    – Veuillez me donner le mot de passe et j’aurai l’honneur de vous conduire moi-même jusqu’à la rue.
    – Le mot de passe ! bégaya Florence interloquée.
    – Sans doute, madame, fit Rospignac toujours souriant.
    Et, comme s’il remarquait alors seulement son embarras, il s’inquiéta :
    – Mon Dieu, madame, est-ce que M me  la maréchale aurait oublié de vous le donner, ce maudit mot de passe ?
    Comme elle se taisait, jouant la confusion, il s’excusa :
    – Vous me voyez désespéré, madame… Vous voudrez bien comprendre qu’un soldat ne saurait manquer à sa consigne… Et la mienne, par malheur, est de ne laisser sortir personne sans le mot de passe… Mais, si vous voulez bien attendre une minute, je cours chez M me  la maréchale et…
    – Inutile, j’ai réfléchi, monsieur, je ne sortirai pas, interrompit Florence qui n’était pas dupe de la comédie.
    – Voulez-vous me permettre d’avoir l’honneur de vous escorter jusqu’à vos appartements ? offrit Rospignac toujours respectueusement galant.
    – Merci, monsieur, fit sèchement Florence qui avait déjà fait demi-tour.
    Quelques minutes plus tard, elle était de retour dans sa chambre. Elle se débarrassa de sa mante et reprit place dans son fauteuil. Une toux discrète qui se fit entendre près d’elle lui fit lever la tête. C’était La Gorelle qui toussait ainsi pour attirer son attention. Plongée dans des réflexions profondes, Florence n’avait pas remarqué que la mégère l’avait suivie jusque chez elle et était entrée dans sa chambre derrière elle.
    Importunée, elle allait la congédier. La Gorelle ne lui laissa pas le temps de le faire. Elle se coula près d’elle, et baissant mystérieusement la voix, promenant un regard inquiet autour d’elle :
    – Vous ne pouvez pas sortir, demoiselle, dit-elle… Mais je puis sortir, moi… En sorte que si, des fois, vous aviez besoin de faire faire quelque commission… porter quelque message… vous comprenez ?… Enfin, bref, c’est pour vous dire que… je pourrais m’en charger, moi.
    – Vous ! s’écria Florence, méfiante.
    – Moi !… eh ! mon Dieu, il ne faut pas me voir plus noire que je ne suis !… Je rends volontiers service… moyennant une honnête récompense, comme de juste… Et je suppose que vous ne regarderez pas à y mettre le prix.
    Cette proposition inespérée, que la vieille faisait avec son ordinaire cynisme inconscient, laissa un instant Florence perplexe. Mais elle réfléchit qu’elle n’avait pas d’autre moyen de salut que celui qui

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