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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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dans l'obscurité du hall. Pourtant, ce n'était pas comme cela qu'il réussirait à se rassurer, parce que ce n'était pas d'une chose dissimulée dans le noir qu'il avait peur, mais bien du noir lui-même !
    Sa main se crispa sur la rampe, ses pas s'accélérèrent.
    Bientôt, il grimpa les marches deux à deux. Haletant, il se précipita dans son appartement, coupa l'interrupteur général du rez-de-chaussée et claqua si fort la porte derrière lui que toute la maison parut vaciller.
    Ernie hoquetait et ne pouvait s'empêcher de trembler. Son dos et sa poitrine étaient trempés de sueur.
    Courant de pièce en pièce, il alluma toutes les lampes, toutes les appliques, tous les lustres. Les doubles rideaux étaient restés tirés depuis la nuit précédente et il n'entrevit même pas l'obscurité qui cernait la maison de toutes parts.
    quand il se fut repris, il appela le Tranquility Grill pour dire à Sandy qu'il ne se sentait pas très bien et qu'il avait fermé plus tôt. Ce n'était pas la peine qu'ils passent ce soir lui apporter les factures, cela atten-drait bien jusqu'à demain.
    …coeuré par son odeur de transpiration, Ernie prit une douche, puis passa son pyjama et une robe de chambre.
    Jusqu'ici, ses appréhensions ne l'avaient pas empêché de dormir dans une pièce sombre-deux ou trois bières l'avaient quand même aidé à plonger dans le sommeil. Mais depuis le départ de Faye pour le Wisconsin, deux jours auparavant, il n'avait pu dormir qu'avec une lampe de chevet. Et il savait qu'il en aurait encore besoin ce soir.
    que se passerait-il au retour de Faye ? Réussirait-il à se coucher dans le noir ?
    quand Faye éteindrait, se mettrait-il à hurler de terreur ?
    La pensée d'une telle humiliation le fit serrer les m‚choires de fureur. Il marcha vers la fenêtre et posa une main sur le rideau. Hésita.
    Il avait toujours été pour Faye un roc sur lequel se reposer. Pour lui, un homme ne devait pas être autre chose qu'un roc pour sa femme. Il ne la décevrait pas.
    Il viendrait à bout de son étrange malaise avant son retour du Wisconsin.
    Un frisson le parcourut quand il songea à ce qu'il y avait derrière les carreaux mais la seule façon d'en venir à bout était de l'affronter. Telle était la leçon que la vie lui avait enseignée: sois courageux, affronte ton ennemi, lance-toi dans la bagarre. Cette philosophie de l'action avait toujours été positive. Elle le serait encore aujourd'hui. Cette fenêtre donnait sur l'arrière du motel. De là, on ne voyait que des plaines et des collines inhabitées. La seule lumière était celle des étoiles.
    Ernie tira le rideau. Il contempla la nuit et se dit que cette obscurité absolue n'était pas, en fin de compte, si terrible-profonde et pure, vaste et froide peut-
    être, mais en aucun cas malveillante, et surtout pas menaçante à son égard.
    Cependant, alors qu'il regardait par la fenêtre immobile, incapable de bouger, des portions d'obscu-rité lui parurent... oui, se déplacer, se condenser, s'agglomérer en formes solides bien que peu visibles encore, amas de ténèbres palpitantes au sein même de la nuit, fantômes embusqués qui pouvaient à tout instant se précipiter en hurlant vers les vitres fragiles de la maison.
    Il serra les m‚choires et appuya plus fort son front sur le carreau.
    Et soudain il se trouva au centre d'un vide si immense qu'il défiait toute tentative de description.

    Et il ne put plus respirer.
    C'était infiniment pire que tout ce qu'il avait connu auparavant. Une peur bien plus profonde. Souterraine. D'une violence inouie. Une peur qui s'était assuré le contrôle absolu de sa personne.
    Il poussa un hurlement et s'écarta brutalement de la fenêtre.
    Il tomba à genoux. Les doubles rideaux se remirent en place dans un bruissement d'étoffe. A nouveau, la fenêtre était dissimulée, l'obscurité contenue. Tout autour de lui, ce n'était que lumière. Il secoua la tête, ébranlé, et respira profondément.
    Il rampa jusqu'au lit et se jeta sur le matelas, o˘ il resta longtemps immobile, n'entendant que les battements de son coeur pareils aux pas d'un coureur. Au lieu de résoudre son problème, l'affrontement n'avait fait que l'aggraver.
    ´Mais qu'est-ce qui se passe ici ? cria-t-il, tourné
    vers le plafond. qu'est-ce qui m'arrive ? Mon Dieu, qu'est-ce qui m'arrive ? ª
    C'était le 22 novembre.
    Laguna Beach, Californie Le samedi, par une réaction désespérée à un nouvel et troublant épisode de

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