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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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n'avait aucune raison de croire qu'il était plus vulnérable que d'autres malades; en fait, Johnny n'était pas un sujet à risques, relativement. Il avait dix ans de moins que la moyenne des patients devant subir ce type d'intervention, et possédait davantage de ressources pour récupérer. Sa maladie cardiaque n'était compliquée d'aucune autre maladie, comme une phlé-bite ou une tension artérielle trop élevée. En somme un bon pronostic.

    Mais Ginger n'arrivait pas à chasser les craintes qui l'envahissaient, de plus en plus insistantes. L'après-midi du lundi, comme approchait l'heure de l'opération, elle devint très tendue et ressentit des aigreurs d'estomac. Pour la première fois depuis le temps o˘
    elle avait veillé, impuissante, auprès du lit de son père mourant, elle se sentait pleine de doutes.
    Son appréhension venait peut-être de l'impression (que rien ne justifiait mais à laquelle elle ne pouvait échapper) qu'un échec avec ce malade serait en un certain sens un nouvel échec avec Jacob. A moins que sa peur ne f˚t que purement irrationnelle, quelque chose qui lui paraîtrait risible et insensé après coup. Peut-
    être.
    Malgré tout, en entrant dans la salle d'opération aux côtés de George, elle se demanda si ses mains n'allaient pas trembler. Les mains d'un chirurgien ne doivent jamais trembler.
    La pièce était entièrement carrelée en blanc et bleu p‚le et remplie d'un matériel chromé ou en inox impeccable. Les infirmières et l'anesthésiste prépa-raient le patient.
    Johnny O'Day gisait sur la table cruciforme bras tendus, paumes tournées vers le haut, les poignets exposés pour recevoir les intraveineuses.
    Agatha Tandy, l'instrumentiste, tendit les gants de latex sur les mains que George venait de se laver, puis en fit autant avec Ginger.
    Anesthésié, le patient avait la peau colorée en orange par l'iode du cou aux poignets, et était recouvert de plusieurs couches de champs verts soigneusement empilés de la taille aux pieds. Du sparadrap lui fermait les yeux pour leur éviter le dessèchement. Il respirait lentement mais avec régularité.
    Un magnétophone portatif stéréophonique était posé sur un tabouret, dans un coin. George préférait óuvrir ª accompagné par Jean-Sébastien Bach, et la musique apaisante emplissait maintenant la salle.
    Peut-être calmait-elle les autres mais aujourd'hui elle était sans effet sur Ginger. Une chose secrète restait tapie au fond de son estomac et y tissait une toile en fils de glace.
    Hannaby prit place auprès de la table. Agatha se tenait à sa droite, un plateau d'instruments rangés dans un ordre élaboré à portée de la main. L'infirmière ambulante se tenait prête à sortir tout ce qu'il faudrait des armoires placées le long de l'un des murs. Une infirmière assistante remarqua un morceau de tissu vert qui était retombé et le remit rapidement en place autour du corps du patient. L'anesthésiste et son infirmière se tenaient à la tête de la table, ne quittant pas des yeux leurs instruments de contrôle. Ginger prit place à son tour. L'équipe était prête.
    Ginger regarda ses mains. Elles ne tremblaient pas.
    Mais elle-même ne cessait de frémir en son for intérieur.
    L'opération se déroula pour le mieux. Deux petits haut-parleurs diffusaient du Bach. George Hannaby eut le geste s˚r, rapide, et fit preuve plus que jamais d'un talent impressionnant. A deux reprises, il s'écarta pour demander à Ginger de prendre en charge une partie de l'opération.
    Ginger se surprit par l'assurance qu'elle mit dans ses gestes; sa tension intérieure ne se révélait que par une transpiration un peu supérieure à la moyenne.
    Heureusement que l'infirmière était là pour lui tamponner le front.
    quand ce fut fini, George dit, tout en se lavant les mains: Ćomme sur des roulettes. ª
    Elle se passa les mains sous l'eau chaude. ´ Vous avez toujours l'air si détendu, comme si... comme si vous n'étiez pas un chirurgien, mais un tailleur en train de transformer un costume.
    -C'est peut-être l'impression que je donne, mais je suis toujours tendu, dit-il. C'est pour cela que je mets du Bach. Vous-même étiez très nerveuse aujourd'hui.
    -C'est vrai.
    - Exceptionnellement nerveuse. Cela arrive. Ce qui importe, c'est que cela n'affecte pas vos capacités.
    Vous avez été plus habile que jamais. Formidable, même. Il faut que vous détourniez votre tension à

    votre avantage.
    - Je crois que j'apprends.
    - Comme

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