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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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trouvait, à présent, caché derrière les b‚ches.
    Ćaché ª était le mot qui convenait. Il n'avait pas tiré les b‚ches sur lui comme des couvertures. Il s'était réfugié derrière l'établi et sous les b‚ches comme s'il cherchait à échapper à quelque chose.
    Mais de quoi avait-il peur ?
    Un rêve. Dans son cauchemar, il avait d˚ s'enfuir devant quelque terrible monstre. Oui c'était cela. Le danger dans son cauchemar avait déclenché cette crise de somnambulisme. quand, dans son rêve, il cherchait un endroit o˘ se cacher, il se cachait également dans la réalité et rampait pour cela derrière l'établi.
    Sa Firebird blanche prenait des airs fantomatiques dans la lumière p‚le qui pénétrait par la petite lucarne située au-dessus de la porte. Rampant dans le garage il se demanda s'il n'était pas lui-même un revenant.
    Plus tard, dans sa chambre, alors qu'il se préparait à entrer dans la salle de bains, il découvrit quelque chose d'étrange. Des clous étaient éparpillés sur le tapis. De l'autre côté de la pièce, deux objets attirèrent son attention. Sous la fenêtre, dont les tentures avaient été écartées, étaient posés une boîte à clous à
    moitié vide et un marteau.
    Il prit le marteau, le contempla d'un air songeur.
    qu'avait-il bien pu faire pendant la nuit ?
    Il leva les yeux vers le rebord de la fenêtre et y vit trois clous resplendissant au soleil.
    De toute évidence, il se préparait à fermer définitivement la fenêtre. Seigneur... quelque chose l'avait effrayé au point qu'il avait décidé de se claquemurer, de transformer sa maison en forteresse, mais, avant de pouvoir se mettre au travail, il avait été soudain écrasé par la peur et s'était enfui dans le garage pour se cacher derrière l'établi.
    C'était le 24 novembre.
    Boston, Massachusetts
    Après l'épisode des gants noirs, deux semaines s'écoulèrent sans le moindre incident.
    Au cours des quelques jours qui suivirent l'embar-rassante scène de la charcuterie Bernstein, Ginger Weiss resta tendue, s'attendant à une autre crise. Elle avait normalement conscience d'elle-même, de son état physique comme psychologique; elle était à l'aff˚t des moindres symptômes d'un désordre sérieux, du moindre signe avant-coureur d'un autre accès de fugue.
    mais elle ne remarqua rien d'inquiétant. Elle ne souffrait ni de maux de tête, ni de nausées, ni de douleurs articulaires ou musculaires. Peu à peu, elle retrouva son ancienne confiance. Elle se convainquit que sa fuite et sa panique étaient simplement l'effet du stress, une aberration qui n'avait aucune chance de se répéter.
    Ses journées au Memorial Hospital étaient plus remplies que jamais. George Hannaby, patron du service de chirurgie-grand gaillard qui parlait lentement, marchait nonchalamment et paraissait irrémédiablement paresseux-, maintenait un rythme de travail très élevé et, bien que Ginger ne f˚t pas le seul médecin sous ses ordres, elle était la seule qui travaill‚t exclusivement pour lui. Elle l'assistait dans de très nombreuses opérations: greffes de l'aorte, amputations, pontages, embolectomies, shunts portocaves, thoracotomies, artériogrammes, installations de pace-makers provisoires ou permanents, etc.
    George observait chacun de ses gestes et était prompt à noter la moindre défaillance, la moindre hésitation de sa part. Bien qu'il ressembl‚t à un bon gros nounours, c'était un professeur redoutable. Elle savait que ses critiques, très acerbes parfois, n'étaient motivées que par l'intérêt qu'il portait à son patient et elle ne les prenait jamais pour son propre compte.
    Le jour o˘ elle obtiendrait l'approbation sans réserve de Hannaby, ce serait... ce serait comme si Dieu le Père en personne lui donnait sa bénédiction et son accord.
    Le dernier lundi de novembre, soit treize jours après l'étrange incident des gants noirs, Ginger assista Hannaby pendant un triple pontage effectué sur Johnny O'Day, officier de police de cinquante-trois ans que des troubles cardio-vasculaires avaient mis à la retraite anticipée. Johnny, trapu, le visage rebondi, les cheveux en bataille, avait un joyeux regard bleu sans prétention, et riait pour la moindre chose en dépit de son état. Il plaisait particulièrement à Ginger car, bien que n'ayant aucune ressemblance avec son père, il le lui rappelait néanmoins.
    Elle redoutait que Johnny O'Day mour˚t, et que cela f˚t sa faute, au moins en partie.
    Elle

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