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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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comme la crème des prêtres, ceux-ci se comportaient souvent en individus aux manières délicates, refusant de se salir les mains, avec une très haute opinion d'eux-mêmes. Pour eux, enseigner le catéchisme aux enfants avait quelque chose de dégradant. Et visiter les pauvres était pratiquement inconcevable pour quiconque avait connu la pompe romaine.
    En plus des stigmates de son excellente éducation, le père Cronin était gros. Pas obèse, certes, mais bien rebondi, avec un visage rondouillard et des yeux verts qui semblaient révéler une ‚me paresseuse et facilement corruptible. Le père Wycazik était tout le contraire. C'était un Polonais grand et sec, et il n'y avait jamais eu de gros dans sa famille. Les Wycazik descendaient de mineurs polonais venus aux …tats-Unis au début du siècle et ayant toujours trimé dans les acié-ries ou les carrières. Seul l'acharnement au travail permettait de prendre soin d'une multitude d'enfants et les gens qui travaillent beaucoup ne sont jamais gros. Stefan Wycazik croyait dur comme fer qu'un homme digne de ce nom se devait d'être solide, mais mince, avec des bras noueux et des mains robustes.
    Le père Wycazik fut très surpris de constater que Brendan Cronin était rude à la t‚che. Son séjour à
    Rome ne lui avait fourré dans la tête ni prétentions ni opinions élitistes. Il était brillant, jovial, amusant et ne répugnait pas à visiter les pauvres, à faire le catéchisme aux enfants et à demander des secours. En fait, il était le meilleur prêtre que le père Wycazik e˚t connu en dix-huit ans.
    C'est bien pour cela qu'il ne comprenait rien à l'éclat de Brendan et à l'accès de doute qui l'avait inspiré. Un défi s'imposait donc maintenant à lui: celui de rame-

    ner le père Cronin dans le giron de l'…glise. Il avait joué ce rôle dès son entrée dans la prêtrise, il le joue-rait une fois de plus, c'est tout.
    Il reposait sa tasse de café quand on frappa à la porte du bureau. Un rapide coup d'oeil à la lourde horloge installée sur la cheminée lui apprit qu'il était très exactement huit heures et demie. Le père Wycazik se tourna vers la porte et dit d'une voix douce: Éntrez, Brendan. ª
    Le père Brendan Cronin passa la porte. Il n'avait pas l'air moins bouleversé que les jours précédents, quand ils s'étaient retrouvés dans ce bureau pour discuter de sa foi défaillante et des moyens de la restaurer. Il était si p‚le que ses taches de rousseur paraissaient rougeoyer, et ses cheveux semblaient plus roux que d'habitude.
    Ásseyez-vous, Brendan. Du café ?
    - Non, merci. ª
    Brendan alla prendre place dans un vieux fauteuil, face au bureau de Wycazik.
    Ávez-vous pris un solide petit déjeuner ? aurait voulu lui demander le père. Ou ne vous êtes-vous contenté que d'une tasse de café avalée à la h‚te ? ª
    Mais il ne voulait pas avoir l'air de materner ce prêtre ‚gé d'une trentaine d'années. Il préféra dire:
    ´ Vous avez lu ce que je vous ai recommandé ?
    -Oui.ª
    Wycazik avait exempté Cronin de toute t‚che parois-siale et lui avait donné des livres et des textes prouvant l'existence de Dieu et la folie de l'athéisme.
    ´ Vous avez d˚ réfléchir à tout cela, dit le père Wycazik. Avez-vous trouvé quelque chose susceptible de...
    de vous aider ? ª
    Brendan soupira. Secoua la tête.
    ´ Vous continuez à prier pour que le Seigneur vous assiste ?
    -Oui, mais en vain.

    -Vous continuez à rechercher les sources de votre doute ?
    -Je n'en découvre aucune. ª
    Le père Wycazik était un peu frustré devant l'air taciturne du jeune prêtre. Cela ne lui ressemblait pas.
    D'ordinaire, Brendan était ouvert, volubile. Mais depuis dimanche, il s'était renfermé et s'était mis à
    parler lentement, comme si le moindre mot lui arrachait le coeur.
    Íl doit bien y avoir quelque chose à l'origine de votre doute, insista le père Wycazik. Une petite graine, une ébauche...
    -Il est là en moi, c'est tout, dit le père Cronin d'une voix très faible. Comme s'il avait toujours existé.
    -Pourtant, ce n'est pas le cas. Vous aviez la foi.
    quand cela a-t-il commencé ? En ao˚t, m'avez-vous dit.
    Mais qu'est-ce qui l'a déclenché ? Il a bien d˚ y avoir un incident ou une suite d'incidents qui vous ont mené
    à réviser votre philosophie.
    - Non ª, fit Brendan Cronin dans un souffle.
    Wycazik aurait voulu le saisir par son vêtement, le secouer lui hurler après. Mais il dit avec beaucoup de patience: ´ De

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