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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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se fondaient les unes dans les autres comme s'il s'agissait de liquide ou de fumée.
    Les deux silhouettes s'approchèrent de lui. Elles paraissaient intéressées par son état et échangeaient des paroles. Il ne les comprit pas, bien qu'il s˚t qu'elles parlaient anglais. Une main froide le toucha.
    Il entendit un bruit de verre. quelque part, une porte se referma.
    Avec la brutalité d'un montage cinématographique, le décor du rêve changea et il se retrouva dans une cuisine ou une salle de bains. quelqu'un lui poussait la tête dans un évier. Il respirait de plus en plus difficilement. L'air était comme de la boue: chaque inhalation bouchait un peu plus ses narines. Il étouffait, hoquetait, s'efforçait de rejeter cet air p‚teux tandis que les deux personnes qui étaient avec lui lui criaient des choses que, comme auparavant, il n'arrivait pas à comprendre et qu'elles lui comprimaient le visage contre la porcelaine.
    Dom s'éveilla. Tremblant, il alluma la lampe de chevet.
    Aucune barricade. Pas le moindre signe de panique.
    Deux heures neuf du matin. Une canette de bière tiède était posée sur la table de nuit. Il prit un comprimé de Dalmane.
    Je vais mieux.
    C'était le 13 décembre. Le vendredi 13 décembre.
    Elko County, Nevada
    Le vendredi soir, soit trois jours après son étrange expérience sur la route nationale, Ernie Block ne pouvait pas dormir.
    Il se leva en faisant le moins de bruit possible, s'assura que le rythme du souffle de Faye n'avait pas changé et s'enferma dans la salle de bains avant d'allu-

    mer la lumière. La lumière... Il prit place sur le siège des toilettes et resta ainsi une quinzaine de minutes, jouissant de la lumière électrique comme un lézard paressant au soleil sur un rocher.
    Il lui fallait pourtant revenir dans la chambre. Si Faye s'éveillait et ne le trouvait pas à côté d'elle, elle pourrait commencer à se douter de quelque chose. Et il ne voulait en aucun cas éveiller ses soupçons.
    Il tira la chaîne des toilettes bien que ne les ayant pas utilisées puis se lava les mains au lavabo. Il décro-chait la serviette quand son regard fut attiré par la seule fenêtre de la pièce. Situé au-dessus de la baignoire, le vasistas était un rectangle d'un mètre de long sur soixante centimètres de large qui pouvait s'ouvrir vers l'extérieur et que retenait une ficelle robuste comme une corde de piano. Bien que le verre f˚t dépoli et ne permît pas de voir la nuit, un frisson parcourut Ernie. Mais il y avait pire encore que ce frisson. C'étaient les pensées qui défilaient à toute allure dans sa tête:
    Le vasistas est assez grand pour me laisser passer, je pourrais sortir de là, me sauver, le toit de l'appentis est juste en dessous, cela ne ferait pas une trop grande chute, et ensuite, je serais libre, je pourrais quitter le motel et courir dans les collines, foncer vers l'est et trouver un ranch o˘ je pourrais demander de l'aide...
    Ces pensées fugitives l'abandonnèrent et Ernie se rendit compte qu'il s'était éloigné du lavabo. Il ne se souvenait pas d'avoir bougé.
    Il était anéanti par ce besoin de fuir. Devant qui ?
    Devant quoi ? Pourquoi ? Il se trouvait chez lui, dans sa propre maison. Il n'avait rien à redouter à l'intérieur de ces murs.
    Il ne pouvait malgré tout détacher son regard de la fenêtre opaque. Il se sentait comme dans un rêve.
    Sors de là, allez, tire-toi, profite de la chance qui t'est offerte, tu n'en auras jamais d'autre, sors de là, sors...
    Sans s'en rendre compte, il monta dans la baignoire et se trouva le visage à hauteur du vasistas. La porcelaine était froide à ses pieds nus.
    Tire le verrou, pousse la fenêtre, grimpe sur le rebord de la baignoire, un rétablissement et tu y es, on ne s'aper-cevra de ton absence que dans plusieurs minutes, ce n'est pas beaucoup mais c'est déjà suffisant, allez, vas-y...
    Un sentiment de panique s'empara de lui. Ses entrailles se tordirent, son coeur cogna dans sa poitrine.
    Sans savoir pourquoi il faisait cela, mais parfaitement incapable de s'arrêter, il tira le loquet du vasistas et poussa sur le panneau. La fenêtre s'ouvrit.
    Il n'était pas seul.
    Il y avait quelque chose de l'autre côté du vasistas, sur le toit, quelque chose qui avait un visage sombre, lisse, dépourvu de traits. Malgré son étonnement, Ernie se rendit compte qu'il s'agissait d'un homme portant un casque blanc doté d'une visière si teintée qu'elle en paraissait noire.
    Une main

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