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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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prendre du Valium toute la journée et que, certaines nuits, il s'octroyait trois comprimés de Dalmane accompagnés de bière ou de whisky. Le traitement faisait effet.
    Cela seul comptait.
    Enfin, jusqu'à aujourd'hui...
    La lune.
    Frustré et furieux à la fois, il effaça les mots de la disquette.

    Il contempla longtemps l'écran désormais vide.
    Puis il prit un Valium.
    Ce matin-là, Dom ne travailla pas. A onze heures trente, Parker Faine et lui allèrent chercher Denny Ulmes et Nguyen Kao Tran, les deux garçons que leur avait confiés la branche locale des Grands Frères d'Amérique. Ils avaient prévu un après-midi de far-niente sur la plage, un dîner chez Hamlet et, enfin, un film. Dom attendait cette sortie avec impatience.
    C'est quelques années plus tôt, à Portland, qu'il s'était inscrit à l'association d'entraide des Grands Frères-sa seule participation à une oeuvre sociale, la seule chose aussi qui p˚t le tirer hors de sa tanière.
    Il avait passé sa propre enfance dans une série de foyers d'adoption, seul et de plus en plus secret. Il espérait un jour se marier et adopter des enfants. En attendant, le temps qu'il consacrait à ces gosses leur faisait du bien-à eux comme à l'enfant qui vivait toujours en lui.
    Nguyen Kao Tran préférait se faire appeler ´ Duke ª, comme John Wayne, dont il avait vu tous les films.
    Duke avait treize ans et c'était le plus jeune fils d'une famille de réfugiés du Sud-Est asiatique. Il était aussi vif et intelligent que souple et mince. Son père-après avoir survécu à la guerre, aux camps de concentration et à deux semaines en mer sur une coquille de noix-, avait été tué trois ans plus tôt alors qu'il travaillait comme gardien de nuit dans un grand magasin.
    Denny Ulmes, douze ans, était le ´ petit frère ª de Parker. Son père était mort du cancer. Il était plus réservé que Duke, mais les deux garçons s'entendaient très bien. Dom et Parker combinaient souvent leurs sorties.
    Parker était devenu à son tour ´ Grand Frère ª, sur les instances de Dom, avec une répugnance de vieux grippe-sou. ´ Moi ? Moi ? Je ne suis pas du bois dont on fait les pères, et encore moins les pères par procuration, avait répondu Parker. L'ai jamais été, le serai jamais. Je bois trop, je cours trop les femmes. Il serait carrément criminel qu'un enfant s'adresse à moi pour recevoir des conseils. Je suis un temporisateur, un rêveur et un grand égocentrique. Et je me plais comme ça ! Au nom de Dieu, qu'est-ce que je pourrais avoir à offrir à un gamin ? Même les chiens, je les ai en horreur. Les gosses les aiment, et moi je les déteste. Saloperies de sacs à puces. Moi, un Grand Frère ? Mon vieux, t'as perdu la boule, ou quoi ? ª
    Mais ce jeudi après-midi, l'eau était trop froide pour se baigner et Parker organisa un tournoi de volley-ball, puis ils construisirent un ch‚teau de sable auquel ne manquaient ni tourelles crénelées ni dragons mena-
    çants.
    En fin d'après-midi, ils allèrent manger un hamburger chez Hamlet, à Costa Mesa. Parker profita de ce que les deux garçons étaient partis aux toilettes pour dire: ´ Tu te sens bien ? Je t'ai trouvé un peu... distrait, oui, c'est cela.
    -Je pense à beaucoup de choses, dit Dom. Mais ça va. Mes crises de somnambulisme ont pratiquement disparu. Les rêves aussi. Cobletz sait ce qu'il fait.
    - Et ton bouquin, il avance ?
    -«a marche bien, oui, mentit Dom.
    - Parfois, je te trouve bizarre, reprit Parker Faine.
    Tes médicaments... tu suis bien les prescriptions, n'est-ce pas ? ª
    La perspicacité du peintre déconcertait souvent Dom. Íl faudrait être dingue pour bouffer du Valium comme du sucre candi. ª Parker le regarda avec intensité et décida de ne pas poursuivre sur ce terrain.
    Le film était assez bon mais, pendant la première demi-heure, Dom sentit sa tension nerveuse augmenter. Sans aucune raison. Discrètement, il se rendit aux toilettes et prit un comprimé de Valium.
    Cette nuit-là, les comprimés n'empêchèrent pas le rêve de revenir et il se souvint d'autre chose que de la partie finale, celle o˘ des inconnus lui enfonçaient la tête dans un lavabo.
    Dans son cauchemar, il était couché dans une chambre inconnue o˘ semblait flotter une brume safran. A moins que ce brouillard couleur d'ambre ne f˚t que dans ses yeux. Il ne voyait pas très bien. Il y avait des meubles par-delà le lit et au moins deux personnes.
    Mais toutes ces formes se modifiaient et

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