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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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changer.
    quel bonheur de se sentir enfin libre, libre...
    Elle monta dans la Ford et lança le moteur. Leur caravane était installée sur un lot d'un demi-arpent à
    la lisière sud de la minuscule, quasiment inexistante ville de Beowave, le long de la nationale 21. Sandy s'éloigna de la caravane. Il semblait n'y avoir que plaines désolées, collines, chaos rocheux, herbe maigre, broussailles et lits asséchés sur des dizaines de kilomètres, dans quelque direction que ce f˚t. Le ciel matinal était d'un bleu intense.
    Au bout d'une quinzaine de minutes, la nationale déboucha au sud sur une route pierreuse qui, pendant près de cent quarante kilomètres, traversait des territoires inhabités. Sandy lui préféra une piste encore plus poussiéreuse qui partait vers l'est.
    Elle roulait très vite et la Ford était suivie d'un nuage de poussière. A un moment donné, elle quitta la piste pour couper en direction du nord, puis de l'ouest, vers un endroit familier-bien qu'elle n'e˚t pas cette destination en tête au moment de son départ.
    Pour des raisons qu'elle-même ignorait, son inconscient la guidait souvent vers cet endroit lors de ses promenades solitaires, rarement en ligne directe, de sorte que son arrivée ici la surprenait. Elle s'arrêta, mit le frein à main.
    Elle venait ici parce qu'elle s'y sentait bien. Les pentes, les rochers acérés, les broussailles constituaient un décor qui lui était agréable, bien que peu différent des environs. Malgré tout, elle ressentait ici une paix sublime qu'elle ne connaissait nulle part ailleurs.
    Elle coupa le moteur, descendit de la Ford, marchant en tous sens, les mains dans les poches, sans se préoccuper de la température. Son trajet fantasque l'avait ramenée vers la civilisation-la nationale 80 n'était qu'à quelques centaines de mètres, au nord. Un peu plus loin, c'était le Tranquility Motel, mais Sandy ne regarda qu'à une seule reprise dans cette direction.
    Elle était plus intéressée par son environnement immédiat, lequel exerçait sur elle une attirance aussi puissante que mystérieuse. Et toute tentative pour comprendre cette attirance serait aussi futile que tenter d'analyser la beauté d'un coucher de soleil ou l'attrait d'une fleur préférée.
    En ce matin de NoÎl, Sandy ne savait pas encore que, le 10 décembre, Ernie Block avait été attiré en ce même lieu, comme possédé, alors qu'il revenait à toute allure d'Elko.
    Des semaines s'écouleraient avant qu'elle n'apprenne que ce coin de campagne privilégié exerçait une attirance sur d'autres personnes en dehors d'elle-même-des personnes qui étaient à la fois des étrangers et des amis.
    Chicago, Illinois
    Pour le père Wycazik, ce fut la matinée de NoÎl la plus agitée qu'il e˚t jamais connue. Et au fur et à
    mesure que la journée se déroulait, ce fut de loin le NoÎl le plus important de toute sa vie.
    Il célébra la deuxième messe à l'église Sainte-Bernadette, reçut pendant une heure des paroissiens qui lui firent offrande de fruits et de g‚teaux maison puis alla à l'hôpital universitaire pour rendre visite à
    Winton Tolk, le policier qui, la veille, s'était fait tirer dessus lors d'un cambriolage. Winton Tolk avait passé
    plusieurs heures dans une unité de soins intensifs; le matin même, on l'avait transféré dans une chambre individuelle. Il n'était plus dans un état critique, mais devait rester sous monitoring permanent.
    quand le père Wycazik arriva, Raynella Tolk, la femme de Winton, se trouvait auprès de son mari. Elle avait beaucoup de charme avec ses cheveux coupés à
    la mode et ses grands yeux sombres. ´ Madame Tolk ?
    Je suis le père Stefan Wycazik.
    - Mais...
    -Je ne suis pas là pour lui donner l'extrême-onction, dit-il en riant.
    - Tant mieux, fit Winton, parce que je n'ai pas l'intention de mourir. ª
    Le policier blessé était non seulement pleinement conscient, mais alerte et, apparemment, il ne souffrait pas. Bien que sa poitrine f˚t bandée et qu'un appareillage de télémétrie cardiaque f˚t suspendu à son cou, malgré aussi la perfusion plantée dans son bras gauche qui lui apportait glucose et antibiotiques, il avait l'air étonnamment en forme pour quelqu'un ayant vécu semblable aventure.
    Le père Wycazik se tenait au pied du lit et tournait nerveusement son chapeau entre ses doigts. quand il s'en aperçut, il le posa sur une chaise.
    ´ Monsieur Tolk, si vous le permettez, je voudrais vous poser quelques

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